Rangement ces jours-ci de quelques-uns des livres lus en cet été deux mille seize. Il y a là matière à citations.
De Bill Bryson, Motel blues (Petite Bibliothèque Payot) :
Au milieu de la place il y a un jardin public avec de gros arbres, un kiosque à musique, un mât avec le drapeau américain et des bancs un peu partout. Une bande de vieux à casquette John Deere y parlent du temps où ils avaient autre chose à faire qu’à rester assis à parler du temps où ils avaient autre chose à faire.
De Thomas Mann, Traversée avec Don Quichotte (Complexe) :
La critique de la traduction comme genre littéraire que Cervantès met dans la bouche de Don Quichotte ne saurait être dépassée. Il a l’impression, dit-il, que quand on traduit d’une langue dans une autre, c’est comme si on regardait des tapisseries flamandes du mauvais côté.
Dans Alexandre Najar, Le procureur de l’Empire (Ernest Pinard, l’homme qui persécuta Baudelaire, Flaubert, Sue…) (Balland), deux extraits de lettres de Gustave à son frère Achille :
J’attends de minute en minute le papier timbré qui m’indiquera le jour où je dois aller m’asseoir (pour crime d’avoir écrit en français) sur le banc des filous et des pédérastes.
Tu verras, du reste, tous les débats, mot pour mot, parce que j’avais à moi (à raison de 60 francs de l’heure) un sténographe qui a tout pris.
De Samuel Brussel, Soliloques de l’exil (Grasset)
Ceci :
« Que faire ? » demanda un jeune Pétersbourgeois exalté.
« Voilà ce qu’il faut faire : quand c’est l’été, cueillir des framboises pour faire des confitures ; quand c’est l’hiver, boire du thé à la confiture de framboises. »
Et cela :
« Si l’on veut que tout reste comme avant, il faudra faire de grands changements » : cette citation historique du roman de Giuseppe Tomasi di Lampedusa, je la redécouvre à chaque pas, dans la ville barbouillée de manifestes électoraux.
D’Isaac Schœnberg à sa fiancée Chana, le quinze décembre mil neuf cent quarante et un, parmi les Lettres de Drancy (Tallandier) :
La personne, Khanouchi, qui vit à Paris, libre, et croit faire un trait d’esprit quand il dit qu’il envie les juifs à Pithiviers, cette personne-là n’a pas idée de ce qui s’appelle vivre dans un camp, même si c’est un camp « modèle » comme on nomme celui de Pithiviers, avec de belles baraques modèles, de la paille modèle et même de la boue modèle, sans parler des personnes modèles et de leur éducation modèle.
*
Ai également lu Une histoire des haines d’écrivains de Chateaubriand à Proust d’Anne Boquel et Etienne Kern (Champs/Flammarion), un ouvrage globalement décevant. Je n’y ai rien appris de nouveau sur les inimitiés féroces entre ces gens de même activité.
Et puis aussi Cinq années de ma vie, la correspondance avec sa femme et le journal d’Alfred Dreyfus (La Découverte), une lecture impressionnante dont je ne donne aucune citation. Quel courage il fallu à cet homme pour supporter, en plus de l’accusation mensongère, les mauvais traitements subis en captivité.
De Bill Bryson, Motel blues (Petite Bibliothèque Payot) :
Au milieu de la place il y a un jardin public avec de gros arbres, un kiosque à musique, un mât avec le drapeau américain et des bancs un peu partout. Une bande de vieux à casquette John Deere y parlent du temps où ils avaient autre chose à faire qu’à rester assis à parler du temps où ils avaient autre chose à faire.
De Thomas Mann, Traversée avec Don Quichotte (Complexe) :
La critique de la traduction comme genre littéraire que Cervantès met dans la bouche de Don Quichotte ne saurait être dépassée. Il a l’impression, dit-il, que quand on traduit d’une langue dans une autre, c’est comme si on regardait des tapisseries flamandes du mauvais côté.
Dans Alexandre Najar, Le procureur de l’Empire (Ernest Pinard, l’homme qui persécuta Baudelaire, Flaubert, Sue…) (Balland), deux extraits de lettres de Gustave à son frère Achille :
J’attends de minute en minute le papier timbré qui m’indiquera le jour où je dois aller m’asseoir (pour crime d’avoir écrit en français) sur le banc des filous et des pédérastes.
Tu verras, du reste, tous les débats, mot pour mot, parce que j’avais à moi (à raison de 60 francs de l’heure) un sténographe qui a tout pris.
De Samuel Brussel, Soliloques de l’exil (Grasset)
Ceci :
« Que faire ? » demanda un jeune Pétersbourgeois exalté.
« Voilà ce qu’il faut faire : quand c’est l’été, cueillir des framboises pour faire des confitures ; quand c’est l’hiver, boire du thé à la confiture de framboises. »
Et cela :
« Si l’on veut que tout reste comme avant, il faudra faire de grands changements » : cette citation historique du roman de Giuseppe Tomasi di Lampedusa, je la redécouvre à chaque pas, dans la ville barbouillée de manifestes électoraux.
D’Isaac Schœnberg à sa fiancée Chana, le quinze décembre mil neuf cent quarante et un, parmi les Lettres de Drancy (Tallandier) :
La personne, Khanouchi, qui vit à Paris, libre, et croit faire un trait d’esprit quand il dit qu’il envie les juifs à Pithiviers, cette personne-là n’a pas idée de ce qui s’appelle vivre dans un camp, même si c’est un camp « modèle » comme on nomme celui de Pithiviers, avec de belles baraques modèles, de la paille modèle et même de la boue modèle, sans parler des personnes modèles et de leur éducation modèle.
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Ai également lu Une histoire des haines d’écrivains de Chateaubriand à Proust d’Anne Boquel et Etienne Kern (Champs/Flammarion), un ouvrage globalement décevant. Je n’y ai rien appris de nouveau sur les inimitiés féroces entre ces gens de même activité.
Et puis aussi Cinq années de ma vie, la correspondance avec sa femme et le journal d’Alfred Dreyfus (La Découverte), une lecture impressionnante dont je ne donne aucune citation. Quel courage il fallu à cet homme pour supporter, en plus de l’accusation mensongère, les mauvais traitements subis en captivité.