Pas atteint par la contagion

28 janvier 2025


Une question que je n’ai pas à me poser : quitter Ixe ou non ? Je n’y ai pas de compte. J’ai failli autrefois. J’ai reculé devant le risque d’y subir des fâcheux et le temps que j’y passerais. Quand ça s’appelait Touitteur. Avant que celui devenu le farfadet de Trump ne l’achète et n’en fasse un endroit pire qu’il n’était.
En matière de réseau social, je suis uniquement sur Effe Bé, un compte privé, accueillant aux aimables, inaccessible aux déplaisants. J’y ai soixante-douze « ami(e)s ». Dont un mort et une très grosse majorité de fantômes. J’ai des échanges réguliers avec les doigts d’une main et des échanges irréguliers avec les doigts de l’autre main.
L’un des soixante-douze vient de se mettre en retrait. On quitte aussi Effe Bé en ce moment. Depuis que le boss s’est relouqué physiquement et mentalement pour être adoubé par Trump. Cette mise en retrait avec migration vers un réseau social auto-hébergé, libre et décentralisé m’ennuie. Je sais que cela distendra notre lien.
J’ai vu ça quand d’autres sont partis, avant. Ainsi, celui qui fut mon éditeur, vexé d’avoir eu une image bloquée par Effe Bé, pour cause de sein. Depuis plus aucun échange entre nous. Nous aurions pu par mail. Il ne l’a pas fait et de mon côté, je me suis dis pourquoi est-ce toujours à moi d’écrire le premier. Une « amie » a, quant à elle, supprimé son compte sans prévenir il y a quelques mois. Plus moyen de savoir ce qu’elle devient. L’impression désagréable d’avoir été ghosté (comme on dit).
En revanche, j’en vois un qui s’y trouve encore et ne semble pas se poser la question d’en partir. Un ancien « ami » celui-là. Il y a quelques années, un jour qu’un article de presse disait Effe Bé c’est fini, il s’en était réjoui. En commentaire, je lui ai demandé comment on pouvait se réjouir de la fin d’un service que l’on utilise. Il a éludé. J’ai reposé ma question. Il m’a traité de troll. Fin de notre « amitié ». Il est toujours sur Effe Bé. Il s’en sert pour faire connaître ses écritures et de la publicité pour son livre publié au Tripode.
Malgré le boss de Effe Bé devenu trumpiste, je ne bouge pas. D’une part, vu mes faibles capacités techniques, je n’ai pas envie de perdre mon temps à galérer sur un réseau social aux mains propres. D’autre part, ça ne me gêne pas de fréquenter des lieux malpropres (faudrait-il que je ne lise plus Le Parisien dans les cafés de la capitale au prétexte que Bernard Arnault était lui aussi derrière Trump le jour de son investiture ?).
Personne n’a les mains propres en France. Chacun(e) subventionne les pro-Trump Rassemblement National et Reconquête avec ses impôts. Cela s’appelle le financement public des partis politiques.
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Un de mes plaisirs de lecture sur Effe Bé, et donc une bonne raison d’y rester,  la chronique d’André Markowicz.
Extraits de celle du quinze janvier deux mille vingt-cinq :
D’un coup, c’est comme la grippe. Tout le monde quitte Fb parce que Zuckerberg a dit qu’il n’y aurait plus de « fact checking » dorénavant et qu’il s’est rangé derrière Musk et Trump. Et moi, je suis là, sur Fb, et, tant que je peux, j’y resterai, parce que je ne vois pas ce qu’il y a de nouveau.
Dites, vous l’avez vu, le « fact checking »  de Fb ? Je veux dire, avant ? Du temps où Zuckerberg était, supposément, du côté du bien. Et qu’est-ce que c’est « le fact checking » ? Qui le fait ?
Moi, tout ce que je vois dans Fb, ce sont des limitations imbéciles, genre, l’interdiction d’une photo dès qu’il y a un sein visible - et ça, oui, c’est quelque chose qui est constant. (…)
Je n’ai aucune illusion sur la vertu de Fb - Je considère Fb comme un lieu commun dans lequel, plus ou moins, chacun, avec les aléas d’une dictature informatique (qui n’est pas uniquement dans Fb), chacun est responsable de ce qu’il dit et de la forme de ce qu’il dit. (…)
J’écris, parce que je me sens libre, dans ce monde absurde et ce monde de contrainte et que ça me permet aussi de rester en contact. (…)
Et je n’ai pas besoin de fact checking sur Fb, qu’on me dise que telle chose est mauvaise ou tel mot ne doit pas être employé - parce que c’est à moi de décider - je n’ai besoin d’aucune instance supérieure pour exercer le peu de jugement que j’ai. (…)
Je reste et j’essaierai de rester tant que ça va continuer et, à l’évidence, c’est en train d’aller vers la disparition. Mais imaginez, pour moi, la quantité de texte du journal ouvert qu’il abrite, Fb, - combien de dizaines de milliers de pages ?... A quoi elles servent ? C’est une autre question, que vous êtes en droit de vous poser, mais pas de me poser à moi, parce qu’on n’a pas le droit de demander à quelqu’un pourquoi est-ce qu’il reste vivant.