Paris (un) : exposition Claude Viallat à la Galerie Templon

21 décembre 2023


C’est en première classe pour quelques dizaines de centimes de plus que je rejoins Paris ce mercredi avec le sept heures vingt-trois. Le bus Vingt-Neuf annonce qu’il part dans deux minutes. Il circule sous un ciel bleu.
Quand j’arrive au Marché d’Aligre, le monde autour des tables d’Emile Débarras m’indique qu’il y a des nouveautés. Ce sont des livres hélas pas très propres.  Quelques-uns ont sorti leur smartphone cherchant si des ouvrages pourraient être revendus avec bénéfice. Pour l’occasion, Emile a augmenté ses prix, un pour trois euros, deux pour cinq euros. Bien que leur couverture ne soit pas nette, je dépense cinq euros pour Soixante-dix s’efface (Journal 1965-1970) d’Ernst Jünger (Gallimard) et Lettres choisies de D.H. Lawrence (Gallimard). Chez le concurrent, c’est toujours le même vieux mélange, mais j’aperçois en surface, inconnu de moi et propre, La Cazzaria, dialogue priapique de l’Arsiccio intronato d’Antonio Vignale (Jean-Paul Rocher Editeur) dont l’original fut publié à Venise au seizième siècle (On s’y demande par exemple « Pourquoi les femmes se font bourrer à coups de vits » et « Pourquoi on donne la langue en foutant »). Contre deux euros, il devient mien.
Je rejoins pour un café assis Le Camélia où l’on ne sait pas encore si on ouvrira le jour de Noël. J’y lis dans Le Parisien les articles sur le vote de la Loi Immigration, ce bébé de l’hydre à trois têtes Darmanin Ciotti Le Pen. Quelques Centristes de Droite ont sauvé l’honneur en ne la votant pas et le Ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, en démissionnant.
La pêche est bonne dans les livres à un euro du Book-Off de Ledru-Rollin : En route mauvaise troupe de Jacques Vaché et compagnie (Le Chien rouge), Deuil à Chailly de Lionel-Edouard Martin (Arléa), La Ligne d’Alexandre Guirkinger et Tristan Garcia (RVB Books), Autobiographie de mon père de Pierre Pachet (Biblio Livre de Poche), Un an dans la forêt de François Sureau (Gallimard) et les énormes Journal de Mihail Sebastian (Stock) et Jeune mariée (Journal 1957-1962) de Catherine Robbe-Grillet (Fayard), ce dernier que j’avais déjà. Cela alourdit considérablement mon sac à dos. Il me pèse quand je rejoins la station de métro Hôtel de Ville puis marche jusqu’à la Galerie Templon pour y voir l’exposition Claude Viallat.
On y voit de grandes bâches colorées, anciennes et récentes, de l’obsessionnel qui, à quatre-vingt-sept ans, manie toujours l’éponge avec talent. Une demi-douzaine de visiteuses et visiteurs sont présents en même temps que moi, des plus de soixante ans. S’y ajoutent deux collégiennes arrivées seules et qui ne restent pas longtemps.
Quand je sors à mon tour, c’est pour rejoindre Au Diable des Lombards.