Paris, le théorème de Book-Off

5 décembre 2014


Ce mercredi, entre les deux trains, je passe pas mal de temps au Book-Off de la Bastille et à celui de l’Opéra. Dans les deux, la place donnée aux livres à un euro est en expansion. Imparable est le théorème de Book-Off : « Que le prix d’origine d’un livre soit deux euros ou vingt-quatre, il finira à un euro sur nos étagères. »
Entre ces deux escales, je déjeune au Rallye, le Péhemmu chinois de la rue du Faubourg Saint-Antoine, de mon habituel confit de canard pommes rissolées salade et quart de vin rouge, près d’un homme à tête de prof. L’un des joueurs présents, jeune homme avec des origines, le reconnaît et vient le voir :
-On m’a donné l’autorisation d’être vétécé, lui apprend-il.
-L’essentiel, c’est que vous soyez content, lui répond celui qui travaille peut-être en préfecture.
Il est ensuite question d’un homme qui a hérité d’une licence de chauffeur de taxi et plutôt que de s’épuiser à conduire lui-même la loue à un employé clandestin pour cent vingt euros par jour.
La conclusion du duo est que le monde est de plus en plus corrompu.
Après le second Book-Off, je trouve comme souvent refuge Chez Léon où règne un calme inhabituel jusqu’à ce qu’arrive un jeune voisin qui annonce son récent cambriolage :
-Ils sont montés au sixième et ont cassé la porte du voisin qui a une chambre de bonne, puis ils sont redescendus chez nous au cinquième et ont forcé la porte qu’on avait seulement tirée, plus d’ordinateur, etc…
La conclusion du comptoir est que le monde est de moins en moins sûr.
                                                        *
Deux femmes dans le bus.
La plus jeune : « Je suis optimiste. »
L’autre : « Ne t’en fais pas, ça ne va pas durer. »
                                                        *
Parmi les livres rapportés :  Le Portatif de Philippe Muray (Les Belles Lettres/Mille et Une Nuits), Journal atrabilaire de Jean Clair (Gallimard) et Rendez-vous sur ma langue de Marie-Laure Dagoit (al dante)
Dans le train surpeuplé du retour, je lis celui de cette dernière (que je ne croise plus en ville), sorte de pièce de théâtre ou de livret pour un opéra à venir, à trois personnages (Blanche-de-Neige, Bambie, Moi). On y croise des types et un chien entreprenant :
Sans doute il est arrivé à mes lecteurs
de traverser le grand salon où je me branle sans plus/
la main en forme d’anecdote.