Souvenir du bel été où j’ai lu dans la nature à haute voix Paris est une fête d’Ernest Hemingway puis Paris ne finit jamais d’Enrique Vila-Matas à celle qui me tenait la main et qui maintenant habite la capitale.
Paris est une fête, écrit par Ernest Hemingway de mil neuf cent cinquante-sept à cinquante-neuf, narre le séjour qu’il y fit avec sa femme de mil neuf cent vingt et un à vingt-six.
Le premier chapitre s’intitule Un bon café sur la place Saint-Michel :
C’était un café plaisant, propre et chaud et hospitalier, et je pendis mon vieil imperméable au portemanteau pour le faire sécher, j’accrochai mon feutre usé et délavé à une patère au-dessus de la banquette et commandait un café au lait. Le garçon me servit et je pris mon cahier dans la poche de ma veste, ainsi qu’un crayon, et me mis à écrire.
Et le dernier : Paris n’a jamais de fin :
Ce fut la fin de notre première période parisienne. Paris ne fut plus jamais le même. C’était pourtant toujours Paris, et s’il changeait vous changiez en même temps que lui. (…)
Il n’y a jamais de fin à Paris et le souvenir qu’en gardent tous ceux qui ont vécu diffère d’une personne à l’autre. Nous y sommes toujours revenus, et peu importait qui nous étions, chaque fois, ou comment il avait changé…
… tel était le Paris de notre jeunesse, au temps où nous étions très pauvres et très heureux.
Paris ne finit jamais, écrit par Enrique Vila-Matas au début des années deux mille, débute ainsi :
Je suis allé à Paris au milieu des années 70 et j’y ai été très pauvre et très malheureux. J’aimerais pouvoir dire que j’y ai été heureux comme Hemingway, mais je redeviendrais alors tout simplement le pauvre jeune homme, beau et idiot, qui se dupait tous les jours lui-même et croyait avoir bénéficié d’une certaine chance en ayant la possibilité de vivre dans la mansarde crasseuse que lui avait louée Marguerite Duras au prix symbolique de cent francs par mois, et si je dis symbolique, c’est parce que c’est ce que j’avais compris ou voulu comprendre, en effet je ne payais jamais le loyer avant les logiques quoique, par chance, toujours sporadiques protestations de mon étrange logeuse…
Et que faisais-je dans la mansarde de Duras ? Eh bien, tout simplement tenter de mener une vie d’écrivain comme celle que Hemingway raconte dans Paris est une fête.
L’évocation drolatique de ce séjour parisien se termine ainsi :
Puis je suis allé manger un croque-monsieur au Flore, ai bu un verre de liqueur de mûre et ai analysé la situation. Je l’ai analysée pendant six jours et, le septième, je suis retourné à Barcelone. Quand mon père a voulu savoir pourquoi j’étais revenu, je lui ai dit que c’était parce que j’étais tombé amoureux de Julita Grau et que, en plus, à Paris, il pleuvait toujours, il faisait froid, la lumière était rare et il y avait beaucoup de brouillard. Et tout y est gris, a ajouté ma mère en pensant, je suppose, à moi.
Ce mercredi, après le concert de mardi soir à l’Opéra de Rouen pour le centenaire de la mort de Scriabine, je serai une nouvelle fois à Paris.
Paris est une fête, écrit par Ernest Hemingway de mil neuf cent cinquante-sept à cinquante-neuf, narre le séjour qu’il y fit avec sa femme de mil neuf cent vingt et un à vingt-six.
Le premier chapitre s’intitule Un bon café sur la place Saint-Michel :
C’était un café plaisant, propre et chaud et hospitalier, et je pendis mon vieil imperméable au portemanteau pour le faire sécher, j’accrochai mon feutre usé et délavé à une patère au-dessus de la banquette et commandait un café au lait. Le garçon me servit et je pris mon cahier dans la poche de ma veste, ainsi qu’un crayon, et me mis à écrire.
Et le dernier : Paris n’a jamais de fin :
Ce fut la fin de notre première période parisienne. Paris ne fut plus jamais le même. C’était pourtant toujours Paris, et s’il changeait vous changiez en même temps que lui. (…)
Il n’y a jamais de fin à Paris et le souvenir qu’en gardent tous ceux qui ont vécu diffère d’une personne à l’autre. Nous y sommes toujours revenus, et peu importait qui nous étions, chaque fois, ou comment il avait changé…
… tel était le Paris de notre jeunesse, au temps où nous étions très pauvres et très heureux.
Paris ne finit jamais, écrit par Enrique Vila-Matas au début des années deux mille, débute ainsi :
Je suis allé à Paris au milieu des années 70 et j’y ai été très pauvre et très malheureux. J’aimerais pouvoir dire que j’y ai été heureux comme Hemingway, mais je redeviendrais alors tout simplement le pauvre jeune homme, beau et idiot, qui se dupait tous les jours lui-même et croyait avoir bénéficié d’une certaine chance en ayant la possibilité de vivre dans la mansarde crasseuse que lui avait louée Marguerite Duras au prix symbolique de cent francs par mois, et si je dis symbolique, c’est parce que c’est ce que j’avais compris ou voulu comprendre, en effet je ne payais jamais le loyer avant les logiques quoique, par chance, toujours sporadiques protestations de mon étrange logeuse…
Et que faisais-je dans la mansarde de Duras ? Eh bien, tout simplement tenter de mener une vie d’écrivain comme celle que Hemingway raconte dans Paris est une fête.
L’évocation drolatique de ce séjour parisien se termine ainsi :
Puis je suis allé manger un croque-monsieur au Flore, ai bu un verre de liqueur de mûre et ai analysé la situation. Je l’ai analysée pendant six jours et, le septième, je suis retourné à Barcelone. Quand mon père a voulu savoir pourquoi j’étais revenu, je lui ai dit que c’était parce que j’étais tombé amoureux de Julita Grau et que, en plus, à Paris, il pleuvait toujours, il faisait froid, la lumière était rare et il y avait beaucoup de brouillard. Et tout y est gris, a ajouté ma mère en pensant, je suppose, à moi.
Ce mercredi, après le concert de mardi soir à l’Opéra de Rouen pour le centenaire de la mort de Scriabine, je serai une nouvelle fois à Paris.