Le public est mêlé ce jeudi soir à l’Opéra de Rouen pour la venue du L.A. Dance Project de l’aptonyme Benjamin Millepied. Outre les habitué(e)s du lieu sont là celles et ceux qu’on n’y voit que pour la danse. L’une, d’un certain âge mais voulant le faire oublier, vêtue d’un blouson façon rôti de porc blanc cassé, arrive là comme si on n’attendait qu’elle. Elle repère un couple de connaissances qui vient de demander à une femme seule attendant quelqu’un pour qui elle a gardé une chaise de partager sa table (ils y mangent la nourriture sommaire que l’on sert à l’Opéra), va chercher une chaise et s’installe d’office à la table, puis apercevant deux abonnés qu’elle connaît également veut les imposer à la femme envahie. Celle-ci se rebiffe, remet à sa place la chaise que la sans-gêne avait déplacée. Les deux abonnés, gênés, vont manger ailleurs. « Faut partager », reproche l’intruse à la dame. J’ai déjà vu en d’autres lieux cette femme qui est le stéréotype de la bourgeoise rouennaise de gauche. Elle embrasse toujours toutes les joues d’élu(e)s socialistes mais pratique plutôt à la manière bolchevique.
Comment fait Benjamin Millepied pour en avoir un à Los Angeles où prospère depuis deux ans sa compagnie L.A. Dance Project et un autre à Paris où il assure depuis deux mille quatorze la direction du Ballet de l’Opéra de Paris ? C’est ce que je demande, installé sur l’une des chaises de premier rang. À ma droite sont assises deux abonnées qui ont tôt fait de faire connaissance. Elles évoquent d’anciens spectacles de danse où elles étaient aussi assises au premier rang, ce qui selon elles n’a pas que des avantages. Un jour, l’une a vu un danseur tout nu venir s’allonger juste devant elle, c’était affreusement gênant. L’autre se souvient de sacs poubelles accrochés à des cordes qui se balançaient au-dessus de sa tête.
La première chorégraphie, Reflections, est de Benjamin Millepied. Elle se compose de plusieurs tableaux dont les meilleurs sont les deux premiers : un duo amoureux dansé par un jeune homme brun et une jolie brune aux yeux de biche, Stephanie Amurao, puis un solo aussi court qu’intense exécuté par un danseur chauve qui soulève les bravos. La suite se danse à cinq dont une longue blonde qui a elle aussi un peu d’animal dans le visage.
-Le chauve est magnifique, déclare ma voisine à l’issue.
-Le brun est sexy, lui répond sa nouvelle amie.
Après le premier entracte, c’est Morgan’s last Chug, une chorégraphie d’Emmanuel Gat que je trouve moins attrayante, puis après le second, c’est Quintett de William Forsythe où la longue blonde, Rachelle Rafailedes, et ses quatre camarades donnent à admirer leur inépuisable jeunesse tandis que chante en boucle le vieil homme à la voix fatiguée (Gavin Bryars Jesus Blood never failed me yet).
C’est un bien beau succès pour le L.A. Dance Project et c’est content que je rentre. Il est vingt-deux heures, la nuit n’est pas encore tombée sur la Cathédrale qui depuis ce matin est débarrassée de ses échafaudages. Des décennies qu’on ne l’avait pas vue ainsi.
*
-Cette danse contemporaine, c’est la mort de Repetto et de ses chaussons de danse. (ma voisine, entre deux chorégraphies)
*
Vendredi après-midi, un petit tour à la Chapelle Saint-Louis pour y découvrir l’ébauche de l’adaptation, titrée Le Point G., de l'autobiographie de Grisélidis Réal Le Noir est une couleur par les trois comédiennes de la compagnie Sous les Jupes des Filles. Deux d’entre elles travaillaient aux prémisses de cette adaptation l’an dernier à l’Ubi, au sous-sol (parfois appelé la cave).
C’est prometteur mais c’est court, semblent se dire celles et ceux qui m’entourent quand ça s’arrête au bout d’un quart d’heure. Personne ne sachant si c’est vraiment fini ou non, on hésite un peu avant de se lever dans un bel ensemble de sièges qui grincent.
Comment fait Benjamin Millepied pour en avoir un à Los Angeles où prospère depuis deux ans sa compagnie L.A. Dance Project et un autre à Paris où il assure depuis deux mille quatorze la direction du Ballet de l’Opéra de Paris ? C’est ce que je demande, installé sur l’une des chaises de premier rang. À ma droite sont assises deux abonnées qui ont tôt fait de faire connaissance. Elles évoquent d’anciens spectacles de danse où elles étaient aussi assises au premier rang, ce qui selon elles n’a pas que des avantages. Un jour, l’une a vu un danseur tout nu venir s’allonger juste devant elle, c’était affreusement gênant. L’autre se souvient de sacs poubelles accrochés à des cordes qui se balançaient au-dessus de sa tête.
La première chorégraphie, Reflections, est de Benjamin Millepied. Elle se compose de plusieurs tableaux dont les meilleurs sont les deux premiers : un duo amoureux dansé par un jeune homme brun et une jolie brune aux yeux de biche, Stephanie Amurao, puis un solo aussi court qu’intense exécuté par un danseur chauve qui soulève les bravos. La suite se danse à cinq dont une longue blonde qui a elle aussi un peu d’animal dans le visage.
-Le chauve est magnifique, déclare ma voisine à l’issue.
-Le brun est sexy, lui répond sa nouvelle amie.
Après le premier entracte, c’est Morgan’s last Chug, une chorégraphie d’Emmanuel Gat que je trouve moins attrayante, puis après le second, c’est Quintett de William Forsythe où la longue blonde, Rachelle Rafailedes, et ses quatre camarades donnent à admirer leur inépuisable jeunesse tandis que chante en boucle le vieil homme à la voix fatiguée (Gavin Bryars Jesus Blood never failed me yet).
C’est un bien beau succès pour le L.A. Dance Project et c’est content que je rentre. Il est vingt-deux heures, la nuit n’est pas encore tombée sur la Cathédrale qui depuis ce matin est débarrassée de ses échafaudages. Des décennies qu’on ne l’avait pas vue ainsi.
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-Cette danse contemporaine, c’est la mort de Repetto et de ses chaussons de danse. (ma voisine, entre deux chorégraphies)
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Vendredi après-midi, un petit tour à la Chapelle Saint-Louis pour y découvrir l’ébauche de l’adaptation, titrée Le Point G., de l'autobiographie de Grisélidis Réal Le Noir est une couleur par les trois comédiennes de la compagnie Sous les Jupes des Filles. Deux d’entre elles travaillaient aux prémisses de cette adaptation l’an dernier à l’Ubi, au sous-sol (parfois appelé la cave).
C’est prometteur mais c’est court, semblent se dire celles et ceux qui m’entourent quand ça s’arrête au bout d’un quart d’heure. Personne ne sachant si c’est vraiment fini ou non, on hésite un peu avant de se lever dans un bel ensemble de sièges qui grincent.