Granville (treize) : Jullouville

15 septembre 2024


Même car Nomad ce samedi matin dont je descends à Jullouville, entre Saint-Pair et Carolles, à l’arrêt Office de Tourisme. Une longue balade le long de la plage sur la Promenade François Guimbaud bordée de villas plus ou moins remarquables. Ici on met les canots et les petits voiliers à l’eau avec l’aide de tracteurs et on se fait traîner en sulky par des chevaux le long de la mer. Les cabines de plage en sont vraiment, posées sur le sable en contrebas de la Promenade, pas récentes, murs en fibrociment et toits ondulés.
C’est à Jullouville qu’Eric Rohmer tourna Pauline à la plage. Il a droit à une petite plaque commémorative entre deux poubelles. Cela me fait songer à celle qui porte le prénom de l’héroïne du film et que j’appelle la plus rohmérienne des Rouennaises. Laquelle semble m’avoir rayé de ses petits papiers sans que je sache pourquoi. Elle était pourtant heureuse de boire un café ou un verre de Tariquet avec moi. Notamment au Son du Cor où nous avions fait connaissance un jour où elle offrait ses jambes au soleil. Nous avions de bonnes conversations. Elle me disait toujours à très bientôt, même si on se voyait peu souvent. Et puis plus rien alors qu’elle sait où me trouver et à quelle heure. Elle n’a pas répondu au message que je lui ai envoyé il y a bien longtemps. Je n’ai pas récidivé, ce n’est pas dans mes mœurs.
J’écris cela à La Paillote, un café restaurant de plage qui porte bien son nom, après avoir bu un café à un euro soixante que m’a apporté un patron fort aimable, ce qui n’est pas souvent le cas dans ce genre d’endroit. J’y lis ensuite le Journal de Lagarce, non sorti de mon sac hier. A une autre table, quatre profs débutantes en congé parlent de leurs élèves. Comme elles s’en vont, je m’attarde à cette seule terrasse avec vue directe sur la mer que j’ai trouvée depuis mon arrivée. De nombreux pièges à guêpes signalent leur potentielle présence mais celles-ci, comme les familles, ne sont pas encore levées.
De retour dans la rue principale, je réserve une table en terrasse à l’Hôtel des Pins qui propose en plat du jour un chili con carne à treize euros cinquante, puis je vais attendre midi sur le seul banc déjà au soleil de la Promenade, sous une pendule et des caméras de surveillance. Je regarde qui passe, dont un Umberto, c’est un chien, des quantités d’autres font de même, dont j’ignore le prénom. C’est toujours pareil, quand deux couples d’amis se promènent ensemble, les hommes marchent devant (parlant par exemple d’œnologie) et les femmes suivent (parlant par exemple de relaxation). Un moutard : « Il est où le Mont-Saint-Michel ? » Son père : « Caché derrière » (l’obstacle : les falaises de Carolles). Un couple de vieux lit la longue liste des animations de juillet août (on n’anime les lieux que lorsqu’ils sont déjà animés par la foule).
Une terrasse paisible que celle de l’Hôtel des Pins, au soleil, avec peu de clientèle et une seule guêpe. « Depuis 1883 », est-il écrit sur les vitres. Je me contente du chili con carne, le reste étant cher. Le dessert, je me le procure à la boulangerie Romain Marie « Maison fondée en 1948 », une tartelette aux abricots à deux euros cinquante. Je la mange face à l’immensité bleue.
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Le patron de La Paillote résumant la saison : « Juillet rien. Août trop. »
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La phrase du jour : « Là, c’est vraiment le temps de septembre. »