Ce nouveau lundi est gris, ce qui m’amène à ne pas m’éloigner. Je marche jusqu’à la pointe bétonnée au bout de laquelle se trouve l’embarcadère pour Chausey. On y trouve l’Hôtel Ibis et plusieurs restaurants qui ont vue sur le Port de Hérel où sont amarrés les bateaux de plaisance.
Je continue au-delà de ce port, contournant les bâtiments des professionnels de la batellerie, et arrive à une petite plage qui semble ne pas avoir de nom. Impossible de poursuivre le long de la côte.
Je rentre au port et rejoins la digue qui protège les bateaux de plaisance, une longue digue sur laquelle je suis le seul à m’aventurer, d’où l’on voit d’un côté la Haute Ville et son église Notre-Dame et de l’autre le quartier haut dominé par l’imposante église Saint-Paul.
Une effrayante file d’attente est présente devant le bateau pour Chausey qui ne part que dans une demi-heure. Il faut obligatoirement être là quarante-cinq minutes avant. Cette contrainte, cette foule et le prix d’un aller et retour (trente-trois euros cinquante) ne m’incitent guère à faire le projet d’y aller (ou plutôt d’y retourner).
Je reviens sur mes pas et m’installe au bord du port de plaisance à la terrasse du bar restaurant Le Hérel où le café coûte deux euros. C’est l’annexe de l’Hôtel Ibis. Un lieu paisible jusqu’à ce que des pompiers plongeurs de retour d’exercice s’installent à ma droite. Ils parlent d’un repas de stage qui leur a coûté mille deux cents euros à dix. « Et le bain de minuit, tu t’en souviens ? » « Même la gonzesse, elle s’est foutue à poil. » « Oui, j’ai la photo. » Ils disent ensuite du mal d’un absent, un véritable boulet : « Il arrive et il balance le sac, y avait le drone dedans. »
A midi, je déjeune une nouvelle fois au Pirate : terrine de Saint-Jacques, blanquette de veau et crème brûlée, puis je m’installe en terrasse pour relire Lagarce. Un Point Rouen (ou presque) dans son Journal :
Dimanche 26 juin 1988
Hier, la ferme près de Rouen (Elbeuf) chez mon frère et Marie. Mes parents y sont pour quelques jours. Gâtisme généralisé autour du neveu.
Ma mère au meilleur de son état de mère.
Je suis vache. Je n’avais plus un sou. Elle m’a donné mon billet de train pour rentrer le soir. A 31 ans c’est un peu humiliant. C’est gentil de sa part mais le discours qui va avec cette générosité m’encourageait à me pendre.
*
Dans le Port de Hérel on pouvait voir aussi Le Marité qui autrefois pendant un temps fut rouennais. Jusqu’en mars dernier, il servait de promène-touristes. A l’occasion d’un arrêt technique, on a découvert que sa coque subissait une attaque de champignons. Il est désormais à sec à Port-en-Bessin.
Je continue au-delà de ce port, contournant les bâtiments des professionnels de la batellerie, et arrive à une petite plage qui semble ne pas avoir de nom. Impossible de poursuivre le long de la côte.
Je rentre au port et rejoins la digue qui protège les bateaux de plaisance, une longue digue sur laquelle je suis le seul à m’aventurer, d’où l’on voit d’un côté la Haute Ville et son église Notre-Dame et de l’autre le quartier haut dominé par l’imposante église Saint-Paul.
Une effrayante file d’attente est présente devant le bateau pour Chausey qui ne part que dans une demi-heure. Il faut obligatoirement être là quarante-cinq minutes avant. Cette contrainte, cette foule et le prix d’un aller et retour (trente-trois euros cinquante) ne m’incitent guère à faire le projet d’y aller (ou plutôt d’y retourner).
Je reviens sur mes pas et m’installe au bord du port de plaisance à la terrasse du bar restaurant Le Hérel où le café coûte deux euros. C’est l’annexe de l’Hôtel Ibis. Un lieu paisible jusqu’à ce que des pompiers plongeurs de retour d’exercice s’installent à ma droite. Ils parlent d’un repas de stage qui leur a coûté mille deux cents euros à dix. « Et le bain de minuit, tu t’en souviens ? » « Même la gonzesse, elle s’est foutue à poil. » « Oui, j’ai la photo. » Ils disent ensuite du mal d’un absent, un véritable boulet : « Il arrive et il balance le sac, y avait le drone dedans. »
A midi, je déjeune une nouvelle fois au Pirate : terrine de Saint-Jacques, blanquette de veau et crème brûlée, puis je m’installe en terrasse pour relire Lagarce. Un Point Rouen (ou presque) dans son Journal :
Dimanche 26 juin 1988
Hier, la ferme près de Rouen (Elbeuf) chez mon frère et Marie. Mes parents y sont pour quelques jours. Gâtisme généralisé autour du neveu.
Ma mère au meilleur de son état de mère.
Je suis vache. Je n’avais plus un sou. Elle m’a donné mon billet de train pour rentrer le soir. A 31 ans c’est un peu humiliant. C’est gentil de sa part mais le discours qui va avec cette générosité m’encourageait à me pendre.
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Dans le Port de Hérel on pouvait voir aussi Le Marité qui autrefois pendant un temps fut rouennais. Jusqu’en mars dernier, il servait de promène-touristes. A l’occasion d’un arrêt technique, on a découvert que sa coque subissait une attaque de champignons. Il est désormais à sec à Port-en-Bessin.