Fin d’août deux mille vingt-quatre

31 août 2024


Dernier vendredi d’août, jour de prérentrée des enseignant(e)s. Comme j’aurais été furieux si j’avais dû autrefois retourner travailler avant septembre. J’ai une pensée particulière pour celle qui me tenait la main à la fin du vingtième siècle pour qui c’est la fin des vacances.
Ce trente août, à la terrasse du Son du Cor, j’arrive au bout des mille six cent quatorze pages de Correspondance des routes croisées de Nicolas Bouvier et Thierry Vernet. Passionnante lecture qui m’aura pris tout le mois, à raison de deux ou trois heures chaque jour, sauf les mercredis.
En soirée, souvent sur le banc du jardin, je lisais autre chose. Récemment, le deuxième volume de Paris Review les entretiens, des rencontres fort intéressantes avec les meilleurs écrivains anglophones. Mercredi soir, j’étais accompagné par les effluves musicaux de la Vashfol. La fanfare donnait concert sur le parvis de la Cathédrale. Son répertoire va de Paint it Black au Pornographe du phonographe.
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Dans la boîte à livres de l’esplanade Marcel-Duchamp, un vieux numéro de France Culture Papiers. Je prends conscience qu’on n’en parle plus à l’antenne, de cette revue. Et pour cause, elle a discrètement disparu. J’avais prévu son échec. Il a fini par arriver.
Dans la boîte à livres du Vieux Marché, comme souvent, plusieurs exemplaires de L’Eau Vive édité par des chrétiens évangéliques. Je les prends à chaque fois, direction la poubelle la plus proche.
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Découverte du parler suisse dans les missives de Nicolas Bouvier et Thierry Vernet. Ainsi : « foutu loin » pour « jeté à la poubelle » (Les numéros de L’Eau Vive, je les ai foutus loin) et « je me tiens les pouces » pour « je croise les doigts » (Je me tiens les pouces pour qu’il fasse beau en septembre et octobre).
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Le dernier jour d’août, je suis à la Gare, attendant qu’arrive le train de dix heures trente avec à l’intérieur celle qui travaille du côté de la Bastille et me donnait la main au début du vingt et unième siècle. Nous buvons des cafés à la Brasserie Paul qui est toujours fière d’avoir eu comme clients Marcel Duchamp et Simone de Beauvoir (mais elle était ailleurs), parlons de choses graves en écoutant le concert de carillon et décidons d’y déjeuner d’un simple risotto. Vers treize heures, elle me quitte car ce n’est pas pour moi qu’elle est à Rouen ce samedi mais pour un ancien copain de lycée dont elle sera témoin de mariage. Aujourd’hui, il enterre sa vie de garçon.
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Ultime lecture d’août au Son du Cor Comment c’était (Souvenirs sur Samuel Becket) d’Anne Atik. Un livre traduit de l’anglais par Emmanuel Moses à qui j’ai vendu un livre récemment (un autre à Jean-Guy Talamoni).