Exposition Resonance Paintings-Nympheas d’Oliver Beer au Hangar Cent Sept

22 juillet 2024


Ce dimanche en début d’après-midi, n’écoutant que mon courage, je traverse la Seine et descends sur le quai bas de la rive gauche que je n’ai pas foulé depuis très longtemps. Mon objectif est le Hangar Cent Sept où se termine l’exposition Resonance Paintings-Nympheas du plasticien Oliver Beer, trente-huit ans, originaire du Kent, batteur dans un groupe de rock, « une exposition vibratoire en écho au chef-d’œuvre de Claude Monet ».
Je passe devant des jeunes gens que je soupçonne d’être des vendeurs de cigarettes de contrebande ou d’autres marchandises prohibées puis arrive à Rouen-sur-Mer, cette fausse plage d’où émane toujours une atmosphère de morosité.
Avant le Hangar Cent Six, salle de musiques zactuelles, est maintenant un double bâtiment de verre, le Hangar Cent Cinq Bis dans lequel s’épanouit la Cité Immersive des Vikings financée par le fonds d’investissement catholique de l’homme d’affaires traditionnaliste Pierre-Edouard Stérin, un proche de la famille de Villiers et du Puy-du-Fou, et le Hangar Cent Cinq où on trouve des restaurants et, plus surprenant, la librairie café théâtre Les Mots Ephémères.
Après le Hangar Cent Six, en toute logique, c’est le Hangar Cent Sept, autre bâtiment récent où on trouve des restaurants et la galerie d’art où j’entre.
Je l’imaginais plus vaste. Au mur de ses deux salles sont accrochées les œuvres d’Oliver Beer. Le plasticien a « peint » une série de tableaux avec des pigments bleu profond saupoudrés sur une toile vibrant au fil d’un son enregistré par lui-même, le bruissement de l’eau du jardin de Claude Monet à Giverny. Les ondulations sonores des bassins sont fixées sur la toile à l’aide d’une technique qui lui est propre et reste mystérieuse.
C’est ce qu’explique la médiatrice à une femme arrivée avant moi, ce qui me permet d’y échapper. C’est peu de choses, me dis-je en ressortant. Comme souvent dans l’art contemporain, la démarche est plus intéressante que le résultat.
En repassant devant le Hangar Cent Cinq, je vois écrit « Ouvert » sur la porte de la librairie. Je la pousse. Elle me résiste. « Non monsieur, ça n’ouvre qu’à quatorze heures trente », me dit la jeune femme assise non loin, la libraire à n’en pas douter. Il est quatorze heures vingt. Je pourrais attendre mais ce « Non monsieur » m’a refroidi. Direction la maison où j’arrive les pieds cuits.
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Tôt ce dimanche, je me rends au vide grenier rouennais Pucelle Vicomté. Au premier stand, quelques livres attirent mon regard. Je demande au vendeur combien l’un. « Cinquante centimes », me répond-il. « Il vaut mieux qu’ils soient chez quelqu’un d’autre que dans ma cave », ajoute-t-il en guise de justification.
C’est ainsi que pour un euro cinquante deviennent miens Des souvenirs de Joseph Conrad, Notes sur le cinématographe de Robert Bresson et Poèmes de John Donne en édition bilingue, tous trois chez Gallimard.