Il y a tout le mal que l’on peut penser de ce qu’est devenu Renaud Camus et ce qu’il était avant, au temps par exemple de son Journal d’un voyage en France publié par Hachette/Pol en mil neuf cent quatre-vingt-un. Ce voyage lui fut payé par Hachette pour qu’en sorte ce livre.
Je l’ai lu avec plaisir il y a quelques semaines.
Renaud Camus se balade en France avec une Air Cinq de location que lui a procurée son éditeur. Il a un budget quotidien, fourni également par Hachette, incluant l’essence, le couvert et le gîte qui ne lui permet que les hôtels modestes, du genre de ceux dont je suis moi-même client.
Il va le plus souvent seul. Parfois sa mère le rejoint à son invitation pour quelques étapes. Selon lui, il n’y a pas meilleur compagnon de voyage mais cela le prive de la pratique de la drague homosexuelle.
Son voyage, effectué entre le mardi quinze avril et le dimanche quinze juin de mil neuf cent quatre-vingt, peut se résumer ainsi : vieux châteaux, menus du jour et sodomies.
Il le mène de Paris à Paris par le Massif Central, la vallée du Rhône, la côte méditerranéenne, les Pyrénées, le Pays Basque, Bordeaux et Poitiers.
Le Nord, l’Est et l’Ouest sont exclus. Dommage que Renaud Camus ne soit pas passé en Normandie. J’y retrouve moult lieux qui me sont familiers et parfois chers, ainsi la ville de Chamalières d’où il est originaire (comme l’une qui une décennie plus tard me tiendra la main).
Durant ma lecture, j’ai pris peu de notes. Celle-ci concerne une ville où je ne suis jamais allé :
Castres a de longue date joui pour moi d’un très grand prestige romanesque, dû pour partie à son nom effrayant, mais surtout à l’absence de toute image précise à elle associée. Je n’ai jamais rencontré, que je sache, personne qui soit de Castres, personne même qui vienne ou revienne de Castres, qui y ait séjourné. (jeudi cinq juin mil neuf cent quatre-vingt)
Mon exemplaire est d’occasion, acheté deux euros à la Librairie de Cluny. Il a été lu attentivement par quelqu’un qui a souligné dans la marge les passages importants pour lui. Ce lecteur a aussi corrigé quelques fautes commises par l’auteur et qu’a laissé passer l’éditeur, barrant par exemple le e de j’aie dans « après que j’aie consulté le garçon ». Ils sont nombreux (comme je l’ai déjà regretté dans un autre texte il y a fort longtemps) à ne pas savoir qu’après « après que » on n’emploie pas le subjonctif, presque tous les journalistes font l’erreur, et pas mal d’écrivains contemporains (certains doivent avoir un bon correcteur).
Ce précédent lecteur ne se contente pas de marquer ce que le retient et de corriger les fautes, parfois il donne aussi son avis. Ainsi quand Renaud Camus écrit le mercredi onze juin mil neuf cent quatre-vingt : J’essaie de penser à une ville de France qui paraisse plus laide qu’Agen sans trouver…, dans la marge il suggère : « Niort ».
Renaud Camus écrit bien, ainsi qu’en témoigne cet extrait :
Devant la porte de la caserne attendent les épouses, souvent dans d’assez grosses et récentes voitures. Une jeune blonde, mâchant du chewing-gum, baigne dans les désirs qu’elle suscite. Sa bouche est incroyablement vulgaire. Trois enfants s’alignent sur la banquette arrière. Tous personnages idéaux pour faits divers à venir. (lundi neuf juin mil neuf cent quatre-vingt à Montauban)
Il me permet aussi d’accroître mon vocabulaire :
Sortie du lycée. Des filles de treize ou quatorze ans tiennent entre le majeur et l’index des mégots dont elles font tomber la cendre d’un pouce dextère. (mardi dix juin mil neuf cent quatre-vingt à Cahors)
*
Dextère vient de dextérité et signifie donc adroit ou habile.
Le Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales en donne l’emploi suivant :
La conversation est discrète. Chacun dit un mot, presque à son tour, un mot mesuré et vide. (...) Dextères, ils se renvoient le volant. (Joseph Péladan, Le Vice suprême)
Je l’ai lu avec plaisir il y a quelques semaines.
Renaud Camus se balade en France avec une Air Cinq de location que lui a procurée son éditeur. Il a un budget quotidien, fourni également par Hachette, incluant l’essence, le couvert et le gîte qui ne lui permet que les hôtels modestes, du genre de ceux dont je suis moi-même client.
Il va le plus souvent seul. Parfois sa mère le rejoint à son invitation pour quelques étapes. Selon lui, il n’y a pas meilleur compagnon de voyage mais cela le prive de la pratique de la drague homosexuelle.
Son voyage, effectué entre le mardi quinze avril et le dimanche quinze juin de mil neuf cent quatre-vingt, peut se résumer ainsi : vieux châteaux, menus du jour et sodomies.
Il le mène de Paris à Paris par le Massif Central, la vallée du Rhône, la côte méditerranéenne, les Pyrénées, le Pays Basque, Bordeaux et Poitiers.
Le Nord, l’Est et l’Ouest sont exclus. Dommage que Renaud Camus ne soit pas passé en Normandie. J’y retrouve moult lieux qui me sont familiers et parfois chers, ainsi la ville de Chamalières d’où il est originaire (comme l’une qui une décennie plus tard me tiendra la main).
Durant ma lecture, j’ai pris peu de notes. Celle-ci concerne une ville où je ne suis jamais allé :
Castres a de longue date joui pour moi d’un très grand prestige romanesque, dû pour partie à son nom effrayant, mais surtout à l’absence de toute image précise à elle associée. Je n’ai jamais rencontré, que je sache, personne qui soit de Castres, personne même qui vienne ou revienne de Castres, qui y ait séjourné. (jeudi cinq juin mil neuf cent quatre-vingt)
Mon exemplaire est d’occasion, acheté deux euros à la Librairie de Cluny. Il a été lu attentivement par quelqu’un qui a souligné dans la marge les passages importants pour lui. Ce lecteur a aussi corrigé quelques fautes commises par l’auteur et qu’a laissé passer l’éditeur, barrant par exemple le e de j’aie dans « après que j’aie consulté le garçon ». Ils sont nombreux (comme je l’ai déjà regretté dans un autre texte il y a fort longtemps) à ne pas savoir qu’après « après que » on n’emploie pas le subjonctif, presque tous les journalistes font l’erreur, et pas mal d’écrivains contemporains (certains doivent avoir un bon correcteur).
Ce précédent lecteur ne se contente pas de marquer ce que le retient et de corriger les fautes, parfois il donne aussi son avis. Ainsi quand Renaud Camus écrit le mercredi onze juin mil neuf cent quatre-vingt : J’essaie de penser à une ville de France qui paraisse plus laide qu’Agen sans trouver…, dans la marge il suggère : « Niort ».
Renaud Camus écrit bien, ainsi qu’en témoigne cet extrait :
Devant la porte de la caserne attendent les épouses, souvent dans d’assez grosses et récentes voitures. Une jeune blonde, mâchant du chewing-gum, baigne dans les désirs qu’elle suscite. Sa bouche est incroyablement vulgaire. Trois enfants s’alignent sur la banquette arrière. Tous personnages idéaux pour faits divers à venir. (lundi neuf juin mil neuf cent quatre-vingt à Montauban)
Il me permet aussi d’accroître mon vocabulaire :
Sortie du lycée. Des filles de treize ou quatorze ans tiennent entre le majeur et l’index des mégots dont elles font tomber la cendre d’un pouce dextère. (mardi dix juin mil neuf cent quatre-vingt à Cahors)
*
Dextère vient de dextérité et signifie donc adroit ou habile.
Le Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales en donne l’emploi suivant :
La conversation est discrète. Chacun dit un mot, presque à son tour, un mot mesuré et vide. (...) Dextères, ils se renvoient le volant. (Joseph Péladan, Le Vice suprême)