J’entends, à propos de la tenue unique voulue par Macron dans les écoles, que c’est le retour de l’uniforme. Jamais il n’y eut d’uniforme à l’école publique mais je me souviens qu’élève de l’école Anatole France de Louviers (en face de l’école catholique Saint-Louis) je portais la blouse.
Cette blouse était exigée pour préserver les autres vêtements des taches d’encre consécutives à l’usage du porte-plume. Il me semble que la mienne était bleue. Chez mes copains, qui étaient plus favorisés socialement (fils de prof, de gendarme, d’huissier, etc.), elles étaient de différentes couleurs. J’étais un enfant de pauvres mais ils m’accueillaient dans leur groupe parce que j’étais comme eux bon élève.
Il y avait aussi ceux qui en portaient des grises, non pas pauvres comme moi, mais miséreux. Ceux qu’on n’hésitait pas à qualifier de mauvais élèves. Comme les instituteurs rangeaient leurs élèves selon leur classement, toutes les blouses grises étaient au fond. C’est surtout eux que se faisaient tirer l’oreille ou taper sur les doigts avec une règle métallique par ces hommes de gauche. Nous bons élèves, les appelions les pouilleux.
Certains habitaient le bidonville de la Cité Pichou ou le bidonville du Becquet. Ce dernier se trouvait rue Saint-Jean dans la zone inondable où passe aujourd’hui l’autoroute Val-de-Reuil Evreux. Comme j’habitais à la sortie de la ville de ce côté-là, je passais chaque jour devant ces bicoques couvertes de tôles ondulées avec le car qui me menait à l’école.
Quand le jeudi j’allais, malgré moi, au catéchisme qui avait lieu en ville dans des usines de draperie (c’étaient les femmes de patron qui évangélisaient), je marchais le long de ce bidonville, pas rassuré.
Une fois, peut-être pendant la retraite obligée d’avant la communion, passant par là à pied avec des garçons de ma classe, nous fîmes face à un barrage des pouilleux. Ils étaient plus nombreux que nous et avaient pour ambition de nous racketter. Ce qu’ils firent tranquillement passant de l’un à l’autre. Quand ce fut mon tour, je n’avais à offrir que la pièce de vingt centimes donnée par mon père pour la quête de la messe. « Non, pas lui », dit alors le meneur des blouses grises.
Cette blouse était exigée pour préserver les autres vêtements des taches d’encre consécutives à l’usage du porte-plume. Il me semble que la mienne était bleue. Chez mes copains, qui étaient plus favorisés socialement (fils de prof, de gendarme, d’huissier, etc.), elles étaient de différentes couleurs. J’étais un enfant de pauvres mais ils m’accueillaient dans leur groupe parce que j’étais comme eux bon élève.
Il y avait aussi ceux qui en portaient des grises, non pas pauvres comme moi, mais miséreux. Ceux qu’on n’hésitait pas à qualifier de mauvais élèves. Comme les instituteurs rangeaient leurs élèves selon leur classement, toutes les blouses grises étaient au fond. C’est surtout eux que se faisaient tirer l’oreille ou taper sur les doigts avec une règle métallique par ces hommes de gauche. Nous bons élèves, les appelions les pouilleux.
Certains habitaient le bidonville de la Cité Pichou ou le bidonville du Becquet. Ce dernier se trouvait rue Saint-Jean dans la zone inondable où passe aujourd’hui l’autoroute Val-de-Reuil Evreux. Comme j’habitais à la sortie de la ville de ce côté-là, je passais chaque jour devant ces bicoques couvertes de tôles ondulées avec le car qui me menait à l’école.
Quand le jeudi j’allais, malgré moi, au catéchisme qui avait lieu en ville dans des usines de draperie (c’étaient les femmes de patron qui évangélisaient), je marchais le long de ce bidonville, pas rassuré.
Une fois, peut-être pendant la retraite obligée d’avant la communion, passant par là à pied avec des garçons de ma classe, nous fîmes face à un barrage des pouilleux. Ils étaient plus nombreux que nous et avaient pour ambition de nous racketter. Ce qu’ils firent tranquillement passant de l’un à l’autre. Quand ce fut mon tour, je n’avais à offrir que la pièce de vingt centimes donnée par mon père pour la quête de la messe. « Non, pas lui », dit alors le meneur des blouses grises.