Du passage que fit Franz Marc à Rouen

26 juin 2020


D’Ecrits et correspondances de Franz Marc, publié par l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts, payé cinq euros avant-guerre chez Book-Off, j’ai sauté beaucoup de pages car sont très souvent abordées des questions relatives à la peinture, ce qui ne m’intéresse pas assez pour que je m’y arrête.
Ce qui a retenu mon attention est le récit en français du grand voyage que fit Franz Marc du dix-huit mai au vingt-six septembre mil neuf cent trois, accompagné de Friedrich Lauer qui finançait l’expédition,
Après avoir visité Paris et Versailles (avec excursion à Chartres), les Châteaux de la Loire, Angers, Nantes, Auray, Carnac, Quimperlé, Quimper, Douarnenez, Audierne, la Pointe du Raz, Brest, Saint-Malo, Dinard, le Mont-Saint-Michel, Guingamp, Concarneau, Pont-l’Abbé, Douarnenez encore, Ploërmel, être repassé à Paris, y avoir eu une aventure avec la jeune Marie qu’il nomme Petite chocolatière, il met le cap sur la Normandie :
Samedi douze septembre mil neuf cent trois : nos adieux à Paris, le matin encore dans la laiterie, moi plus tard je me promenais. Dames emballait. A 1h25 nous partîmes pour Le Havre. Petite chocolatière et Mme Devaux montaient dans notre voiture, adieux à la gare Saint-Lazare. Petite chocolatière voulait nous accompagner à Rouen ! Nos cœurs attristés. Le Havre Hôtel Frascati, ne vaut pas celui de Paris, premier Hôtel de Havre.
Dimanche : le matin visité La Lorraine (Le Havre-New York) le soir à Rouen, même attristement dans nos cœurs, le soir au théâtre (Blanchette, par Brieux, une pièce populaire trop française). L’anglais tel qu’on le parle, très gai – de la musique et de l’entrain dans la ville. Le tout d’une étrange vivacité. Hôtel de France, très bon et agréable.
Lundi et mardi : à Rouen. Les cathédrales, magnifiques vitres. Les pâtisseries de Rouen ! mardi soir sur la colline de Bonsecours ; monument (par Barrias) de la Jeanne d’Arc. Vue sur Rouen ! atmosphère de fête. Le musée de Rouen contient 2 Corot et un superbe portrait par J.F. Millet (un officier).
Sa dernière étape française (avant un passage à Bruxelles, Anvers, Cologne, Heidelberg, puis le retour à Munich) est Amiens :
Mercredi quatorze septembre mil neuf cent trois : à Amiens. Hôtel de France et d’Angleterre, cher et délabré, mauvais repas. L’immense et belle cathédrale. Beau musée (Frz Hals).
à la basse-ville, un petit Venise (aussi sale et puante, mais pittoresque comme quelques coins perdus de Venise.)
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Le dernier voyage de Franz Marc en France, il le fera comme engagé volontaire dans l’armée allemande et y mourra d’un éclat d’obus le quatre mars mil neuf cent seize à Braquis près de Verdun âgé de trente-six ans.