Du malentendu naît le refroidissement

13 août 2016


Lors de notre dernier déjeuner en commun, l’ami de Paris m’annonce que son congé sabbatique va lui permettre de donner suite en septembre à ma déjà ancienne proposition de venir me voir à Rouen. Je découvre alors que pour lui cela implique que je l’hébergerai. Dans mon esprit, il n'en a jamais été question. Je vais à Paris tous les mercredis, j'y vois parfois différentes  personnes mais je ne dors pas chez elles. S’il est possible de faire l’aller et le retour dans la journée dans un sens, c’est la même chose dans l'autre sens.
Pris de court, désarçonné, je lui dis que, oui, je pourrai l’héberger, bien que ma seconde chambre soit petite, pas pratique, etc. Mon manque d'enthousiasme aurait dû l'alerter.
Rentré à Rouen, je me suis dit que j'avais deux mois pour m'y préparer psychologiquement. Parfois j’ai cru que j'y arriverai, avant d’être sûr que non. Je ne supporte la présence d'aucun homme la nuit chez moi (peut-être est-ce une conséquence de la chambre à trois lits de mon enfance et de mon adolescence, dans les deux autres étaient mes frères). En quarante ans n'ont dormi chez moi que deux bicyclistes québécois dont j'avais eu pitié un soir de pluie au début des années soixante-dix et j’ai été soulagé le lendemain matin de les voir partir tôt.
Je l’en avise.
«C'était surtout venir chez toi et passer la soirée ensemble qui m'amusait, aussi je remets le projet de venir à Rouen à une autre date.», m’écrit succinctement l’ami de Paris auquel je réponds que venir chez moi sans y dormir est toujours possible pour un jour ou pour plusieurs (dans ce dernier cas, il y a par exemple une fille qui met son canapé à disposition contre quinze euros prés du Gros-Horloge) et que passer la soirée ensemble est toujours possible (cependant le soir n’est pas ma meilleure période, je me couche en général à la même heure que les poules).
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Croisant, jeudi, dans la ruelle, la voisine dont l’amie a fait la chienne devant ma porte, je l’arrête pour lui dire de faire savoir à cette femme que toute récidive sera suivie d’un dépôt de plainte de ma part pour harcèlement. Elle ne me laisse pas aller au bout de mon propos :
-Vous aurez qu'à lui dire vous-même, me répond-elle, ce qui me rappelle la cour de récré en primaire.