Malgré l’adversité que constitue la clientèle des cafés en période de fêtes de fin d’année, j’ai réussi à lire, moitié au Bovary, moitié au Socrate, deux ouvrages qui ont pour point commun de narrer un voyage.
D’abord Lettres de mers du sud de Robert James Fletcher (Minerve). Ces missives envoyées par l’auteur à son ami Bohun Lynch resté en Angleterre sont loin de la vision romantique et de l’exotisme souvent associés à ce genre d’expédition :
J’ai appris ce qu’était une tempête en plein Atlantique sur un voilier, et je ne tiens pas essentiellement à en voir une autre. Si c’est ça l’aventure, que Dieu m’accorde une existence en pantoufles. Trente et un mars mil neuf cent douze
Quand j’entendrai les sentimentaux, oh ! chéris, soupirer, après les palmiers, je me tordrai. Australigauds, maladies tropicales, nègres, métis, baraques en tôle au plein midi des tropiques, boîtes de conserves, démangeaisons, régiments de puces, attaques de nerfs et delirium tremens, et les merveilles de la solitude, tout cela, j’en puis parler en connaissance de cause – et plût à Dieu que ce ne fût pas le cas ! Au diable vos montagnes de rêve. Vingt-six octobre mil neuf cent quinze
Tu ne saurais croire quels moyens barbares on emploie chez ces primitifs pour éviter l’enfant indésirable qui enlève à la femme sa valeur, comme bête de somme. Dix juillet mil neuf cent dix-huit
Fletcher n’évitera pas l’enfant à la jeune fille canaque de quinze ans avec qui il vit et rentrera seul en Angleterre.
Ensuite Par les champs et par les grèves de Gustave Flaubert et Maxime Du Camp (François Bourin). Ce compte-rendu de voyage en Bretagne par les deux jeunes compères (chapitres impairs pour Flaubert, chapitres pairs pour Du Camp) m’a fort déçu. Trop de descriptions de monuments, trop d’histoire locale, c’est un guide touristique pour voyageurs ayant envie de s’instruire. Je regrette d’avoir payé ça huit euros quatre-vingts chez Gibert.
Quand même ceci, écrit par Gustave à propos de Nantes : … ne vaut pas Rouen qui serait beau si on ne l’embellissait et que j’aimerais si je n’y étais né.
Un peu plus chez Maxime, que certaines femmes croisées font rêver, l’une avec une bouche fellatrice, une autre à qui il pense quand il se branle le soir venu et cette notation mystérieuse à Lorient : chassant par les rues une mine de fillette qui nous aida à passer un quart d’heure…
De Du Camp aussi cette remarque quand les deux amis en rentrant passent par l’Abbaye aux Hommes de Caen : En sortant, nous avisâmes un chapiteau sculpté. Du milieu d’opulents feuillages sortait un jeune moine. Il avait impudiquement relevé sa robe jusque par-dessus son ventre et il se livrait à cette occupation égoïste des âmes peu communicatives ; sur laquelle le docteur Tissot a écrit un traité qui faisait mes délices quand j’étais en cinquième.
*
Lu également, mais dans le train mercredi dernier, L’exilée sous-titré Adèle Hugo, la fille de Marie-Louise Audiberti (La Part Commune), une déception aussi, trop de psychologie, aucune information nouvelle.
D’abord Lettres de mers du sud de Robert James Fletcher (Minerve). Ces missives envoyées par l’auteur à son ami Bohun Lynch resté en Angleterre sont loin de la vision romantique et de l’exotisme souvent associés à ce genre d’expédition :
J’ai appris ce qu’était une tempête en plein Atlantique sur un voilier, et je ne tiens pas essentiellement à en voir une autre. Si c’est ça l’aventure, que Dieu m’accorde une existence en pantoufles. Trente et un mars mil neuf cent douze
Quand j’entendrai les sentimentaux, oh ! chéris, soupirer, après les palmiers, je me tordrai. Australigauds, maladies tropicales, nègres, métis, baraques en tôle au plein midi des tropiques, boîtes de conserves, démangeaisons, régiments de puces, attaques de nerfs et delirium tremens, et les merveilles de la solitude, tout cela, j’en puis parler en connaissance de cause – et plût à Dieu que ce ne fût pas le cas ! Au diable vos montagnes de rêve. Vingt-six octobre mil neuf cent quinze
Tu ne saurais croire quels moyens barbares on emploie chez ces primitifs pour éviter l’enfant indésirable qui enlève à la femme sa valeur, comme bête de somme. Dix juillet mil neuf cent dix-huit
Fletcher n’évitera pas l’enfant à la jeune fille canaque de quinze ans avec qui il vit et rentrera seul en Angleterre.
Ensuite Par les champs et par les grèves de Gustave Flaubert et Maxime Du Camp (François Bourin). Ce compte-rendu de voyage en Bretagne par les deux jeunes compères (chapitres impairs pour Flaubert, chapitres pairs pour Du Camp) m’a fort déçu. Trop de descriptions de monuments, trop d’histoire locale, c’est un guide touristique pour voyageurs ayant envie de s’instruire. Je regrette d’avoir payé ça huit euros quatre-vingts chez Gibert.
Quand même ceci, écrit par Gustave à propos de Nantes : … ne vaut pas Rouen qui serait beau si on ne l’embellissait et que j’aimerais si je n’y étais né.
Un peu plus chez Maxime, que certaines femmes croisées font rêver, l’une avec une bouche fellatrice, une autre à qui il pense quand il se branle le soir venu et cette notation mystérieuse à Lorient : chassant par les rues une mine de fillette qui nous aida à passer un quart d’heure…
De Du Camp aussi cette remarque quand les deux amis en rentrant passent par l’Abbaye aux Hommes de Caen : En sortant, nous avisâmes un chapiteau sculpté. Du milieu d’opulents feuillages sortait un jeune moine. Il avait impudiquement relevé sa robe jusque par-dessus son ventre et il se livrait à cette occupation égoïste des âmes peu communicatives ; sur laquelle le docteur Tissot a écrit un traité qui faisait mes délices quand j’étais en cinquième.
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Lu également, mais dans le train mercredi dernier, L’exilée sous-titré Adèle Hugo, la fille de Marie-Louise Audiberti (La Part Commune), une déception aussi, trop de psychologie, aucune information nouvelle.