Continuant chaque après-midi, à l’ombre dans le jardin, de tapoter mes notes de lecture du Journal de Samuel Pepys, j’en arrive ce jeudi à l’épisode réjouissant de l’oncle Wight.
Pepys, qui ne manque jamais l’occasion de s’encanailler avec d’autres femmes que la sienne (en utilisant parfois des méthodes qui aujourd’hui lui causerait des ennuis), s’y révèle fort naïf quant à l’intérêt que porte à la jolie Elizabeth cet oncle Wight.
Difficile de savoir si cette naïveté est réelle ou si elle est jouée, Pepys n’étant peut-être pas contre le fait qu’un autre fasse à sa femme l’enfant qu’il n’arrive pas à avoir avec elle, à quoi s’ajoute un intérêt financer potentiel qu’il ne saurait dédaigner.
Douze janvier mil six cent soixante-quatre : Après le départ de nos invités, ma femme me dit que mon oncle s’était adressé aujourd’hui à elle seule à seul et lui avait dit son espoir de la voir enceinte ; et l’embrassant fort, il lui avait dit qu’il serait très heureux ; et à tous égards il me semble bien disposé à notre endroit, ce que je vais m’efforcer d’entretenir plus que jamais.
Vingt et un janvier mil six cent soixante-quatre : Après souper, rentré à la maison ; et ma femme me raconte en grand détail les propos affectueux et aimables que mon oncle lui tint aujourd’hui, ce qui me confirme ses attentions de générosité à notre endroit, car il répète toujours son désir de la voir enceinte – je ne puis imaginer qu’il ait des pensées coupables à son égard.
Vingt et un février mil six cent soixante-quatre, Jour du Seigneur : … en chemin ma femme me dit que mon oncle, lorsqu’il fut seul avec elle, lui dit qu’il l’aimait plus que jamais (…) Mais je suis porté à croire qu’il nous veut du bien, et nous donner quelque chose s’il meurt sans enfants.
Vingt-six février mil six cent soixante-quatre : Rentrai à cheval à la maison où je trouvai mon oncle Wight. C’est étrange, comme me dit ma femme, la façon qu’il a de la bien traiter et de venir exprès lui rendre visite ; mais je ne m’inquiète pas du tout à son sujet, mais j’en espère les meilleurs effets.
Quand la chose se précise, Pepys ouvre enfin les yeux. Toutefois, il ne va pas jusqu’à demander des comptes au vil suborneur.
Onze mai mil six cent soixante-quatre : Mon oncle Wight (…) en sortant de mon bureau, (…) alla chez moi voir ma femme ; assez étrangement, ma femme me manda aussitôt après son départ, pour me dire qu’il s’était mis à discuter sur le fait qu’elle n’avait pas d’enfant et lui non plus, qu’à son avis il vaudrait mieux qu’ils en eussent un ensemble, qu’il lui offrirait 500 livres en argent comptant ou en bijoux d’abord et qu’ensuite il ferait de l’enfant son héritier. Il la félicita de sa beauté et lui dit qu’à sa connaissance un tel projet était légal. Elle me dit qu’elle lui répondît vivement (…) il m’apparaît clairement qu’il était fort sincère, et je crains que toute sa bonté ne soit que son désir d’elle. Je ne sais qu’en penser à l’instant, mais je crois que je ne vais pas lui faire de remarque avant d’y avoir réfléchi.
*
Deux mois plus tard, le vingt-six juillet mil six cent soixante-quatre, Pepys, sans doute travaillé par l’épisode de l’oncle libidineux, se renseigne auprès de dames de sa connaissance :
: Ce fut un repas fort joyeux et quand les femmes furent gaies et se levèrent de table, je montai avec elles, le seul homme de la compagnie ; je me mets à parler de ce que je n’ai pas d’enfants et les priai de me donner leur avis et leurs conseils ; et, à elles toutes, elles me donnèrent gaiement et sans façons les dix conseils suivants : Ne pas étreindre ma femme trop fort ni trop souvent. Ne pas souper trop tard. Boire de l’eau de sauge. Pain grillé dans du vin rouge. Porter de frais caleçons de toile de Hollande. Me tenir l’estomac au chaud et le dos au frais. A ma question de savoir s’il fallait le faire soir ou matin, elles me répondirent, ni l’un, ni l’autre, mais quand nous en avons envie. Ma femme ne doit pas trop serrer son corset. J e dois boire de la bière de froment sucrée. Mrs Ward me répondit de changer de position dans le lit. Les 3e, 4e, 6e, 7e et 10e règles, elles les proclamèrent toutes sérieusement et insistèrent beaucoup dessus, comme sur des règles vraiment dignes d’être suivies, surtout la dernière : coucher avec la tête à la place des talons, ou du moins que le lit soit haut aux pieds et bas à la tête. (…)
Ces conseils ne résoudront pas son problème.
Pepys, qui ne manque jamais l’occasion de s’encanailler avec d’autres femmes que la sienne (en utilisant parfois des méthodes qui aujourd’hui lui causerait des ennuis), s’y révèle fort naïf quant à l’intérêt que porte à la jolie Elizabeth cet oncle Wight.
Difficile de savoir si cette naïveté est réelle ou si elle est jouée, Pepys n’étant peut-être pas contre le fait qu’un autre fasse à sa femme l’enfant qu’il n’arrive pas à avoir avec elle, à quoi s’ajoute un intérêt financer potentiel qu’il ne saurait dédaigner.
Douze janvier mil six cent soixante-quatre : Après le départ de nos invités, ma femme me dit que mon oncle s’était adressé aujourd’hui à elle seule à seul et lui avait dit son espoir de la voir enceinte ; et l’embrassant fort, il lui avait dit qu’il serait très heureux ; et à tous égards il me semble bien disposé à notre endroit, ce que je vais m’efforcer d’entretenir plus que jamais.
Vingt et un janvier mil six cent soixante-quatre : Après souper, rentré à la maison ; et ma femme me raconte en grand détail les propos affectueux et aimables que mon oncle lui tint aujourd’hui, ce qui me confirme ses attentions de générosité à notre endroit, car il répète toujours son désir de la voir enceinte – je ne puis imaginer qu’il ait des pensées coupables à son égard.
Vingt et un février mil six cent soixante-quatre, Jour du Seigneur : … en chemin ma femme me dit que mon oncle, lorsqu’il fut seul avec elle, lui dit qu’il l’aimait plus que jamais (…) Mais je suis porté à croire qu’il nous veut du bien, et nous donner quelque chose s’il meurt sans enfants.
Vingt-six février mil six cent soixante-quatre : Rentrai à cheval à la maison où je trouvai mon oncle Wight. C’est étrange, comme me dit ma femme, la façon qu’il a de la bien traiter et de venir exprès lui rendre visite ; mais je ne m’inquiète pas du tout à son sujet, mais j’en espère les meilleurs effets.
Quand la chose se précise, Pepys ouvre enfin les yeux. Toutefois, il ne va pas jusqu’à demander des comptes au vil suborneur.
Onze mai mil six cent soixante-quatre : Mon oncle Wight (…) en sortant de mon bureau, (…) alla chez moi voir ma femme ; assez étrangement, ma femme me manda aussitôt après son départ, pour me dire qu’il s’était mis à discuter sur le fait qu’elle n’avait pas d’enfant et lui non plus, qu’à son avis il vaudrait mieux qu’ils en eussent un ensemble, qu’il lui offrirait 500 livres en argent comptant ou en bijoux d’abord et qu’ensuite il ferait de l’enfant son héritier. Il la félicita de sa beauté et lui dit qu’à sa connaissance un tel projet était légal. Elle me dit qu’elle lui répondît vivement (…) il m’apparaît clairement qu’il était fort sincère, et je crains que toute sa bonté ne soit que son désir d’elle. Je ne sais qu’en penser à l’instant, mais je crois que je ne vais pas lui faire de remarque avant d’y avoir réfléchi.
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Deux mois plus tard, le vingt-six juillet mil six cent soixante-quatre, Pepys, sans doute travaillé par l’épisode de l’oncle libidineux, se renseigne auprès de dames de sa connaissance :
: Ce fut un repas fort joyeux et quand les femmes furent gaies et se levèrent de table, je montai avec elles, le seul homme de la compagnie ; je me mets à parler de ce que je n’ai pas d’enfants et les priai de me donner leur avis et leurs conseils ; et, à elles toutes, elles me donnèrent gaiement et sans façons les dix conseils suivants : Ne pas étreindre ma femme trop fort ni trop souvent. Ne pas souper trop tard. Boire de l’eau de sauge. Pain grillé dans du vin rouge. Porter de frais caleçons de toile de Hollande. Me tenir l’estomac au chaud et le dos au frais. A ma question de savoir s’il fallait le faire soir ou matin, elles me répondirent, ni l’un, ni l’autre, mais quand nous en avons envie. Ma femme ne doit pas trop serrer son corset. J e dois boire de la bière de froment sucrée. Mrs Ward me répondit de changer de position dans le lit. Les 3e, 4e, 6e, 7e et 10e règles, elles les proclamèrent toutes sérieusement et insistèrent beaucoup dessus, comme sur des règles vraiment dignes d’être suivies, surtout la dernière : coucher avec la tête à la place des talons, ou du moins que le lit soit haut aux pieds et bas à la tête. (…)
Ces conseils ne résoudront pas son problème.