Confiné (vingt)

6 avril 2020


Ce dimanche matin, je m’oxygène en longeant la voie des bus Teor. A chacun de ses arrêts, une voix tonitruante répète que seuls sont autorisés à les prendre ceux qui doivent aller travailler ou se ravitailler. Je me demande comment font pour supporter ça ceux qui sont confinés dans les appartements au-dessus. Je ne croise que très peu de personnes et m’en réjouis. En ce moment, tout être humain m’inspire de la répulsion. 
Un temps magnifique est assuré. Un beau dimanche ensoleillé passé au jardin parce qu’on l’a choisi, c’est une chose. Le même beau dimanche ensoleillé passé au jardin parce que tout le reste est interdit, c’en est une autre.
J’en profite néanmoins pour me lancer dans la lecture du premier volume du Journal de Samuel Pepys sur le banc face à la flèche de la Cathédrale puis installe plateau et tréteaux à l’ombre afin de continuer à tapoter mes notes de lecture du deuxième volume du Journal de Korneï Tchoukovski.
Je les garderai pour moi, ne les publiant pas dans mon Journal. J’ai décidé d’en ôter la plupart des notes de lecture déjà présentes, ayant constaté combien peu de lecteurs ou lectrices cela intéressait. Accessoirement, cela m’enlèvera le risque d’avoir des ennuis avec un éditeur pour abus de citations. S’il en est un ou une pour le regretter, je les lui enverrai par mail.
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Celle qui est confinée à Paris me téléphone à un moment où je suis au creux de la vague. Je lui dis que j’ai envie de prendre le maquis. « C’est fini tout cela, me répond-elle, c’était bon pour les guerres d’avant. Même si tu n’as pas de téléphone, ils te retrouveraient avec ta carte bancaire. »
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Contre qui porter plainte pour toutes ces journées de vie volée ?