Confiné (deux) vingt-quatre

23 novembre 2020


Un dimanche occupé à examiner les lettres reçues par mon frère Jacques décédé depuis si longtemps, afin de savoir si comme je le pense il y en a une de Jude Stéfan.
Non, ma mémoire m’a joué un tour (comme on dit).
En revanche, j’y trouve un mot d’Anouk Grinberg :
Cher Jacques,
Merci du fond du cœur de poser un si bon regard sur moi.
Soyez très heureux.
Amitiés.
Egalement Moulin à poèmes un calligramme de Pierre Albert-Birot qui déroulé donne ceci :
Cent poèmes en grain moulus très fin font un excellent pain pour le déjeuner du matin dans le train ou dans le bain avec ou sans  kaolin et ne coûte rien suffit d’avoir un moulin ce n’est pas malin et ça tourne bien à l’esprit de vin et même à la main
Albert-Birot étant mort en mil neuf cent soixante-sept, je doute qu’il s’agisse d’un original.
Enfin, le plus étonnant, cette lettre de Patricia Highsmith, dont je me souvenais, tapée à la machine avec une faute d’accord, accentuée à la main et datée du premier juillet mil neuf cent soixante-dix-neuf :
Cher M. Perdrial,
Je regrette que je n’ai pas « une autre chambre » (extra) chez moi, mais évidemment vous préférez être tout seul. Comme moi.
Il faut louer une petite chambre quelque part, n’est-ce pas ? C’est ce que j’ai fait à votre âge, même plus jeune, quand j’ai quitté la maison de mes parents.
Je vous souhaite, en tout cas, le meilleur…
En mil neuf cent soixante-dix-neuf, Frère Jacques avait vingt-six ans. Cela faisait bien longtemps qu’il avait quitté la maison des parents. J’ignore dans quelles circonstances lui vint l’envie d’aller s’installer au numéro vingt et un, rue de la Boissière, à Moncourt, commune de Grez-sur-Loing (Seine-et-Marne), d’être le Yann Andréa de Patricia Highsmith.