Il faut vraiment que j’aie envie d’entendre une nouvelle fois Music for 18 Musicians de Steve Reich pour que je me rende ce jeudi soir à l’Opéra de Rouen où cette composition sert de support à de la danse « participative ». A ma demande, les aimables guichetières m’ont casé dans une loge, hors de portée des farandoles.
L’ami Masson est présent. Il a place au premier balcon. Je le mets en garde. Là aussi, il y aura des animatrices et animateurs chargés d’entraîner le quidam dans la danse. « Méfie-toi, il n’est pas impossible qu’on en pousse certains à sauter du balcon pour les recevoir dans un drap tendu à l’orchestre. Avec Sylvain Groud, il faut s’attendre à tout. »
C’est ce danseur qui a été chargé par Frédéric Roels, Directeur, d’organiser cette activité « participative » qui s’ajoute à celle déjà en place depuis quelques années : l’opéra « participatif » (dont je me dispense). Logé dans la numéro sept, à gauche de la régie, je suis bien placé pour voir qu’un certain nombre d’abonné(e)s de première catégorie, ayant fauteuil à l’année, se sont fait porter pâle. J’ai devant moi un père avec sa fille adolescente et son fils dans les dix ans, l’âge où ça mérite des claques, ainsi que la grand-mère.
-Ça va être rigolo de voir comment ça se passe, déclare cette dernière.
Par bonheur, ce n’est qu’après une dizaine de minutes de musique qu’entrent en scène le maître de cérémonie et ses suivant(e)s. Puis se mettent en mouvement des complices disséminés parmi le public ainsi que celles et ceux qui ont participé à des apprentissages préalables. Selon les moments, cela ressemble à ce qu’on appelle expression corporelle en école maternelle, à un bal disco dans un chef-lieu de département rural et à une cérémonie Niou Aidge. Avec ce monde debout se trémoussant, je ne vois plus guère les musicien(ne)s mais j’ai les oreilles bien ouvertes. Quelques-uns sont debout mais ne dansent pas, poteaux assez ridicules. L’un, contraint de se lever pour laisser passer la cavalcade, quitte la salle d’un air furieux. Vers la fin, une partie des danseuses et danseurs se couchent sur la scène. Cet amas de corps dans une salle de spectacle me fait penser fâcheusement à un autre, mais là on se relève quand la musique s’arrête.
Les musicien(ne)s de l’Ensemble Links sont applaudi(e)s et Sylvain Groud ovationné. Les danseurs participatifs s’applaudissent les uns les autres. On a droit à un petit bis tendance disco. Ce n’est qu’à ce moment que l’adolescente devant moi ose se lever pour faire bouger son corps. De nouveaux applaudissements des uns par les autres et réciproquement se font entendre. Avant qu’ils ne s’achèvent, je suis déjà dehors songeant à celles et ceux qui auront découvert la Music for 18 Musicians en cette circonstance, à laquelle ne songeait pas Steve Reich quand il la composait dans les années soixante-dix, et qu’en penserait-il s’il était au courant ?
*
Sur la couverture du livret programme : « Sylvain Groud Music for 18 Musicians », cherchez l’erreur.
*
« I have great admiration for David Bowie. We only had a few moments of contact. One was back in 1976 when he was at Music for 18 Musicians in Berlin and then made his beautiful Weeping Wall. » (Steve Reich à l’annonce de la mort de David Bowie)
*
De David Bowie ne me sont parvenus que les tubes (comme on disait), et ses reprises de Jacques Brel.
L’ami Masson est présent. Il a place au premier balcon. Je le mets en garde. Là aussi, il y aura des animatrices et animateurs chargés d’entraîner le quidam dans la danse. « Méfie-toi, il n’est pas impossible qu’on en pousse certains à sauter du balcon pour les recevoir dans un drap tendu à l’orchestre. Avec Sylvain Groud, il faut s’attendre à tout. »
C’est ce danseur qui a été chargé par Frédéric Roels, Directeur, d’organiser cette activité « participative » qui s’ajoute à celle déjà en place depuis quelques années : l’opéra « participatif » (dont je me dispense). Logé dans la numéro sept, à gauche de la régie, je suis bien placé pour voir qu’un certain nombre d’abonné(e)s de première catégorie, ayant fauteuil à l’année, se sont fait porter pâle. J’ai devant moi un père avec sa fille adolescente et son fils dans les dix ans, l’âge où ça mérite des claques, ainsi que la grand-mère.
-Ça va être rigolo de voir comment ça se passe, déclare cette dernière.
Par bonheur, ce n’est qu’après une dizaine de minutes de musique qu’entrent en scène le maître de cérémonie et ses suivant(e)s. Puis se mettent en mouvement des complices disséminés parmi le public ainsi que celles et ceux qui ont participé à des apprentissages préalables. Selon les moments, cela ressemble à ce qu’on appelle expression corporelle en école maternelle, à un bal disco dans un chef-lieu de département rural et à une cérémonie Niou Aidge. Avec ce monde debout se trémoussant, je ne vois plus guère les musicien(ne)s mais j’ai les oreilles bien ouvertes. Quelques-uns sont debout mais ne dansent pas, poteaux assez ridicules. L’un, contraint de se lever pour laisser passer la cavalcade, quitte la salle d’un air furieux. Vers la fin, une partie des danseuses et danseurs se couchent sur la scène. Cet amas de corps dans une salle de spectacle me fait penser fâcheusement à un autre, mais là on se relève quand la musique s’arrête.
Les musicien(ne)s de l’Ensemble Links sont applaudi(e)s et Sylvain Groud ovationné. Les danseurs participatifs s’applaudissent les uns les autres. On a droit à un petit bis tendance disco. Ce n’est qu’à ce moment que l’adolescente devant moi ose se lever pour faire bouger son corps. De nouveaux applaudissements des uns par les autres et réciproquement se font entendre. Avant qu’ils ne s’achèvent, je suis déjà dehors songeant à celles et ceux qui auront découvert la Music for 18 Musicians en cette circonstance, à laquelle ne songeait pas Steve Reich quand il la composait dans les années soixante-dix, et qu’en penserait-il s’il était au courant ?
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Sur la couverture du livret programme : « Sylvain Groud Music for 18 Musicians », cherchez l’erreur.
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« I have great admiration for David Bowie. We only had a few moments of contact. One was back in 1976 when he was at Music for 18 Musicians in Berlin and then made his beautiful Weeping Wall. » (Steve Reich à l’annonce de la mort de David Bowie)
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De David Bowie ne me sont parvenus que les tubes (comme on disait), et ses reprises de Jacques Brel.