Me voici à l’Opéra de Rouen ce dimanche après-midi, casé en corbeille entre des femmes âgées de la bourgeoisie bourgeoisante ayant sur la musique un avis définitif et non discutable, le classique oui, le contemporain non. Ma voisine de gauche a envie de retourner à Nohant pour le Festival Chopin et d’en profiter pour visiter une quatrième fois la maison de Georges Sand. La table est mise, on s’attend à la voir entrer dans la salle à manger.
Nous sommes loin de Chopin ce dimanche. Pour commencer, c’est The Unanswered Question de Charles Ives, une œuvre pour laquelle ont été ouvertes les portes d’entrée de la salle et celles des loges. Sur la scène, le trompettiste Franck Paque fait face en solo au tutti de l’Orchestre provenant du foyer. « C’est n’importe quoi. Il joue tout seul », dit ma voisine de droite à l’issue, croyant que la musique du foyer était celle d’un enregistrement. Les musiciens descendant dans la salle lui donne un cruel démenti, ce qui ne la démonte pas : « Ah très bien. C’est original. » La question de savoir pourquoi certain(e)s peuvent voter pour un Trump ou tout autre politicien à opinion variable et contradictoire n’est pas sans réponse.
Suit Soleil rouge (concerto pour trompette), une création de Thierry Pécou inspirée « d’un chant cérémonial des premiers Américains qui est un mélange de tradition amérindienne et de christianisme, et, d’une façon plus générale, des techniques de battements de tambours des Indiens Navajos ». Le trompettiste est le renommé Håkan Hardenberger qui au début de ce Soleil rouge fait un usage inhabituel de son instrument, frappant en rythme sur l’embouchure. L’Orchestre est dirigé par le jeune chef Jamie Phillips, boursier à la Phil Gustavo Dudamel de Los Angeles et chef associé du Hallé Orchestra, déjà apprécié ici en novembre dernier et qui remplace Leo Hussain absent pour une raison inconnue (Ma voisine de gauche : « On l’a déjà vu, ce petit chef-là »).
C’est du très bon Pécou. Mes voisines applaudissent comme tout le monde et s’abstiennent de faire des commentaires. Thierry Pécou, chemise orange, vient saluer entre Jamie Phillips et Håkan Hardenberger.
-Ça ne nous plaît peut-être pas à nous, mais ça plaira à nos petits-enfants, entends-je à l’entracte.
-Oui, et c’est bien pour les musiciens de jouer des choses nouvelles, ils ne peuvent pas faire toujours la même chose.
L’œuvre suivante date de plus d’un siècle. Elle ne prête donc pas à discussion. C’est la Symphonie numéro neuf en mi mineur d’Antonín Dvořák, plus connue sous le nom de Symphonie du Nouveau Monde, pour laquelle le talentueux Jamie Phillips n’a pas besoin de partition. Il confirme qu’il sait tirer de l’Orchestre le meilleur. C’est un grand moment de plaisir qui s’achève par un quatrième mouvement orgasmique. Les applaudissements sont copieux et suscitent plusieurs retours du maestro sur la scène. Un bis de ce dernier mouvement m’agréerait mais c’est trop demander.
*
Ce concert « américain » a été opportunément donné une première fois vendredi dernier à l’heure où l’abominable Trump prêtait serment.
Une double vidéo mise en ligne par le quotidien britannique The Independent en dit plus qu’un long discours. A gauche, on voit Barack Obama le jour de sa première investiture attendant que sa femme Michelle fasse le tour de la voiture avec son cadeau protocolaire puis montant les marches derrière elle vers le couple Bush. A droite, on voit Donald Trump lors de sa propre investiture fonçant vers le couple Obama sans se soucier le moins du monde de sa femme Melania reléguée à l’arrière avec son cadeau protocolaire.
*
Le soir venu, résultat de la Primaire dite de Gauche : Hamon en tête et favori du second tour. Voilà qui ne va pas faire plaisir à Mélenchon, ils sont sur le même créneau. M’étonnerait pas que certains des soutiens de ce dernier aillent voter Valls dimanche prochain. Ça ne fera pas davantage plaisir aux Droitistes qui voient l’espace offert à Macron s’élargir et donc Fillon en danger. De là à ce qu’ils aillent eux aussi voter Valls.
*
Il y a des points que j’apprécie dans le discours de Hamon, notamment sa remise en cause de la dévotion à la croissance et à la « valeur travail ». Je ne compte pas pour autant aller choisir dimanche prochain celui qui finira cinquième du premier tour de la Présidentielle.
Nous sommes loin de Chopin ce dimanche. Pour commencer, c’est The Unanswered Question de Charles Ives, une œuvre pour laquelle ont été ouvertes les portes d’entrée de la salle et celles des loges. Sur la scène, le trompettiste Franck Paque fait face en solo au tutti de l’Orchestre provenant du foyer. « C’est n’importe quoi. Il joue tout seul », dit ma voisine de droite à l’issue, croyant que la musique du foyer était celle d’un enregistrement. Les musiciens descendant dans la salle lui donne un cruel démenti, ce qui ne la démonte pas : « Ah très bien. C’est original. » La question de savoir pourquoi certain(e)s peuvent voter pour un Trump ou tout autre politicien à opinion variable et contradictoire n’est pas sans réponse.
Suit Soleil rouge (concerto pour trompette), une création de Thierry Pécou inspirée « d’un chant cérémonial des premiers Américains qui est un mélange de tradition amérindienne et de christianisme, et, d’une façon plus générale, des techniques de battements de tambours des Indiens Navajos ». Le trompettiste est le renommé Håkan Hardenberger qui au début de ce Soleil rouge fait un usage inhabituel de son instrument, frappant en rythme sur l’embouchure. L’Orchestre est dirigé par le jeune chef Jamie Phillips, boursier à la Phil Gustavo Dudamel de Los Angeles et chef associé du Hallé Orchestra, déjà apprécié ici en novembre dernier et qui remplace Leo Hussain absent pour une raison inconnue (Ma voisine de gauche : « On l’a déjà vu, ce petit chef-là »).
C’est du très bon Pécou. Mes voisines applaudissent comme tout le monde et s’abstiennent de faire des commentaires. Thierry Pécou, chemise orange, vient saluer entre Jamie Phillips et Håkan Hardenberger.
-Ça ne nous plaît peut-être pas à nous, mais ça plaira à nos petits-enfants, entends-je à l’entracte.
-Oui, et c’est bien pour les musiciens de jouer des choses nouvelles, ils ne peuvent pas faire toujours la même chose.
L’œuvre suivante date de plus d’un siècle. Elle ne prête donc pas à discussion. C’est la Symphonie numéro neuf en mi mineur d’Antonín Dvořák, plus connue sous le nom de Symphonie du Nouveau Monde, pour laquelle le talentueux Jamie Phillips n’a pas besoin de partition. Il confirme qu’il sait tirer de l’Orchestre le meilleur. C’est un grand moment de plaisir qui s’achève par un quatrième mouvement orgasmique. Les applaudissements sont copieux et suscitent plusieurs retours du maestro sur la scène. Un bis de ce dernier mouvement m’agréerait mais c’est trop demander.
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Ce concert « américain » a été opportunément donné une première fois vendredi dernier à l’heure où l’abominable Trump prêtait serment.
Une double vidéo mise en ligne par le quotidien britannique The Independent en dit plus qu’un long discours. A gauche, on voit Barack Obama le jour de sa première investiture attendant que sa femme Michelle fasse le tour de la voiture avec son cadeau protocolaire puis montant les marches derrière elle vers le couple Bush. A droite, on voit Donald Trump lors de sa propre investiture fonçant vers le couple Obama sans se soucier le moins du monde de sa femme Melania reléguée à l’arrière avec son cadeau protocolaire.
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Le soir venu, résultat de la Primaire dite de Gauche : Hamon en tête et favori du second tour. Voilà qui ne va pas faire plaisir à Mélenchon, ils sont sur le même créneau. M’étonnerait pas que certains des soutiens de ce dernier aillent voter Valls dimanche prochain. Ça ne fera pas davantage plaisir aux Droitistes qui voient l’espace offert à Macron s’élargir et donc Fillon en danger. De là à ce qu’ils aillent eux aussi voter Valls.
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Il y a des points que j’apprécie dans le discours de Hamon, notamment sa remise en cause de la dévotion à la croissance et à la « valeur travail ». Je ne compte pas pour autant aller choisir dimanche prochain celui qui finira cinquième du premier tour de la Présidentielle.