Concert Dessner Rachmaninov Sibelius Debussy à l’Opéra de Rouen

18 juin 2018


C’est la fin, la fin de mon abonnement à l’Opéra de Rouen. Chaque jour, à la billetterie, j’essaie d’obtenir une meilleure place que le siège en haut du premier balcon qui m’est promis ; sans réussir. Ce n’est qu’au dernier moment, ce vendredi à dix-neuf heures, que se libère une excellente place en fond d’orchestre, fauteuil surélevé avec vue sur le clavier du piano.
J’y ai pour voisine de gauche, une abonnée de première catégorie.
-Alors, c’est la dernière fois que vous occupez votre fauteuil, lui dis-je.
-Oui, on verra comment ça se passe l’année prochaine.
Je lui dis que pour moi il n’y aura pas d’année prochaine.
L’un des avantages de posséder un fauteuil à son nom, c’est de pouvoir assister à plusieurs représentations du même spectacle, et même à toutes. Elle n’a pas laissé passer l’occasion pour cet ultime, un concert dont l’invitée est Lise de la Salle, et était donc déjà présente hier soir.
-C’était très bien, me dit-elle, et cela va être encore très bien.
Le début est une bonne surprise, Aheym du contemporain Bryce Dessner, né en mil neuf cent soixante-seize, qui fait vibrer les cordes avec brio. L’Orchestre est dirigé par le jeune Kalle Kuusava, queue de pie, papillon blanc, belle autorité.
Après que le piano a été roulé à l’avant-scène, Kalle Kuusava revient accompagné de Lise de la Salle pour le Concerto pour piano numéro deux en do mineur de Sergueï Rachmaninov. Celle-ci joue sa partie à la perfection, en force quand il le faut, avec légèreté quand il le faut. Elle obtient un chaud succès et nous offre en bonus un Nocturne de Chopin écouté dans un silence d’église.
A l’entracte la blonde pianiste signe de nombreux cédés cependant que j’observe la faune des spectatrices et spectateurs grenouillant autour du bar.
Quand je retourne en salle, c’est pour découvrir mon fauteuil occupé par une imposante dame qui a pris ma veste et l'a mise en vrac sur celle de ma voisine de gauche.
-Quel sans-gêne, dis-je à cette bourgeoise, tandis que je vérifie le contenu de mes poches.
Elle et les deux assises à ma droite, avec qui elle causait, jouent les offensées.
-Déplacer le vêtement de quelqu’un pour s’asseoir à sa place, cela s’appelle du sans-gêne, leur apprends-je.
Jamais encore cela ne m’était arrivé pendant toutes les années d’abonnement où j’ai toujours laissé mon vêtement sur mon siège à l’entracte.
La seconde moitié du concert est à mon goût, rondement mené par Kalle Kuusava : Valse triste numéro un de Jean Sibelius, Suite symphonique de Pelléas et Mélisande de Claude Debussy et Clair de Lune du même.
C’est sans émotion particulière que je quitte l’Opéra de Rouen ce vendredi soir.
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Ce concert, comme d’autres de la saison, aurait dû être dirigé par Leo Hussain. Qu’est devenu le Chef Principal qui devait dépoussiérer l’Orchestre de Rouen  (France Info dixit en deux mille seize)? Dans quelles circonstances a-t-il disparu ? On l’ignore (dans cette maison on n’évoque pas les flops).
Pareille mésaventure ne se reproduira pas. L’an prochain, plus de Chef Principal, l’Orchestre ira de chef en chef.
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Quatre spectacles de la prochaine saison de l’Opéra de Rouen sont déjà complets. Tous donnés à la Chapelle Corneille.
Ces spectacles donnés dans la salle du Théâtre des Arts auraient permis d’accueillir un public plus nombreux (de l’art de perdre de l’argent et de décevoir ceux qui n’auront pas couru assez vite vers la billetterie).