J’ai la même place en corbeille que vendredi ce dimanche à l’Opéra de Rouen où le jazz remplace la musique religieuse. Deux groupes sont au programme, le Christian Scott Ensemble et le Donny McCaslin Quartet, jazz noir et jazz blanc.
A dix-huit heures, Michel Jules de Rouen Jazz Action fait sa présentation coutumière puis entrent en scène quatre musiciens suivis de Christian Scott, originaire de La Nouvelle Orléans, chaînes en or autour du cou. C’est de la musique dans laquelle chacun fait souvent son numéro, m’as-tu vu m’as-tu ouï. Un guitariste les rejoint, invité du coin. Christian Scott a un gros défaut : il parle trop. Cela commence avec la présentation extrêmement longue de ses musiciens, en anglais bien sûr, sans se soucier du fait que les neuf dixièmes de la salle ne le comprennent pas. Il remet ça pour évoquer son identité de Black Indian. Son père et son grand-père étaient chefs de tribu. On a droit au couplet sur le respect du droit à la différence. Il est même question du salaire des femmes inférieur à celui des hommes. Après ce prêche interminable, la musique reprend enfin.
Pendant l’entracte, certains spectateurs font le choix de s’en aller. A la reprise, Donny McCaslin, originaire de Santa Cruz, dont le titre de gloire est d’avoir participé au dernier album de David Bowie, entre en scène avec ses trois compagnons. Eux jouent davantage ensemble, même si des solos de bravoure font de chacun le héros du moment. Leur musique n’est pas du goût de tout le monde. A chaque fin de morceau, une poignée de spectateurs s’enfuit. Je n’avais plus vu ça depuis certains spectacles de danse à la grande époque de Laurent Langlois, Directeur. Bientôt je n’ai plus aucun voisin. J’imagine qu’au milieu des rangs certains ont aussi envie de partir mais n’osent pas déranger. Avec ce concert, Michel Jules a réussi à dégoûter du jazz pas mal des abonnés de l’Opéra. Donny McCaslin parle peu. En anglais bien sûr, mais il s’efforce de dire quelques mots en français en s’aidant d’un papier sorti de sa poche. On apprend qu’il regrette Obama. Vu l’obscurité dans la salle, je ne pense pas qu’il se rende compte que sa musique a fait fuir une partie du public. Je reste jusqu’au bout parce que je suis partagé. Ça ne me plaît guère mais ça ne me déplaît pas. A la fin, les applaudissements tournent court. Point de rappel, tout le monde file, chacun un peu assourdi par le volume sonore subi.
Si j’avais apprécié les précédents concerts de Rouen Jazz Action, c’est que ce n’était pas du jazz pur sucre. Le prochain (et dernier de mon abonnement), ce sera Henri Texier suivi de Michel Portal, du jazz français. Je me ferai porter pâle.
Il neigeote à la sortie mais ça ne tient que sur les voitures et les poubelles. Vingt et une heures sonnent quand j’arrive chez moi. Sur France Culture commence un hommage à Serge Rezvani enregistré à la Maison de la Poésie dont je me réjouis avant de déchanter. Les reprises de ses chansons par Delerm, Dani et autres sont fades et la présentation qu’en fait Helena Noguerra niaise. On se croirait au spectacle de fin d’année de l’association culturelle du quartier.
*
Comme chaque année, France Culture est à Livre Paris (ex Salon du Livre) et cette fois sans brouhaha parasite, c’est-à-dire audible.
Audible, c’est aussi le nom de l’application de livres audio pour laquelle cette radio fait de la publicité chaque matin à neuf heures, une nouveauté fâcheuse.
*
« Cette année, Rush devient payant pour maîtriser le flux de public et pouvoir rester sur le beau site de la presqu’île Rollet. », communique le Cent Six (Scène de Musiques Zactuelles de Rouen).
Rush c’était parfait quand les spectacles avaient lieu en divers endroits du centre ville dans un léger parfum de subversion. Derrière les grilles du lointain parc arboré gardé par des vigiles, cela n’avait déjà plus le même intérêt. Je l’ai constaté il y a deux ans (l’an dernier j’étais absent). Maintenant que c’est devenu payant, on ne me verra pas me hâter vers la presqu’île Rollet. Payer, c’est adhérer à la programmation et puis, comme dans un vulgaire festival, il y aura bracelet autour du poignet ou tamponnage de la main, ce à quoi je suis rétif.
Le parrain de Rush cette année est Rodolphe Burger. J’aime bien sa musique et l’ai vu autrefois au Hangar Vingt-Trois. La salle était à moitié vide. Un grand rideau noir installé à mi-hauteur tentait de cacher cet insuccès.
A dix-huit heures, Michel Jules de Rouen Jazz Action fait sa présentation coutumière puis entrent en scène quatre musiciens suivis de Christian Scott, originaire de La Nouvelle Orléans, chaînes en or autour du cou. C’est de la musique dans laquelle chacun fait souvent son numéro, m’as-tu vu m’as-tu ouï. Un guitariste les rejoint, invité du coin. Christian Scott a un gros défaut : il parle trop. Cela commence avec la présentation extrêmement longue de ses musiciens, en anglais bien sûr, sans se soucier du fait que les neuf dixièmes de la salle ne le comprennent pas. Il remet ça pour évoquer son identité de Black Indian. Son père et son grand-père étaient chefs de tribu. On a droit au couplet sur le respect du droit à la différence. Il est même question du salaire des femmes inférieur à celui des hommes. Après ce prêche interminable, la musique reprend enfin.
Pendant l’entracte, certains spectateurs font le choix de s’en aller. A la reprise, Donny McCaslin, originaire de Santa Cruz, dont le titre de gloire est d’avoir participé au dernier album de David Bowie, entre en scène avec ses trois compagnons. Eux jouent davantage ensemble, même si des solos de bravoure font de chacun le héros du moment. Leur musique n’est pas du goût de tout le monde. A chaque fin de morceau, une poignée de spectateurs s’enfuit. Je n’avais plus vu ça depuis certains spectacles de danse à la grande époque de Laurent Langlois, Directeur. Bientôt je n’ai plus aucun voisin. J’imagine qu’au milieu des rangs certains ont aussi envie de partir mais n’osent pas déranger. Avec ce concert, Michel Jules a réussi à dégoûter du jazz pas mal des abonnés de l’Opéra. Donny McCaslin parle peu. En anglais bien sûr, mais il s’efforce de dire quelques mots en français en s’aidant d’un papier sorti de sa poche. On apprend qu’il regrette Obama. Vu l’obscurité dans la salle, je ne pense pas qu’il se rende compte que sa musique a fait fuir une partie du public. Je reste jusqu’au bout parce que je suis partagé. Ça ne me plaît guère mais ça ne me déplaît pas. A la fin, les applaudissements tournent court. Point de rappel, tout le monde file, chacun un peu assourdi par le volume sonore subi.
Si j’avais apprécié les précédents concerts de Rouen Jazz Action, c’est que ce n’était pas du jazz pur sucre. Le prochain (et dernier de mon abonnement), ce sera Henri Texier suivi de Michel Portal, du jazz français. Je me ferai porter pâle.
Il neigeote à la sortie mais ça ne tient que sur les voitures et les poubelles. Vingt et une heures sonnent quand j’arrive chez moi. Sur France Culture commence un hommage à Serge Rezvani enregistré à la Maison de la Poésie dont je me réjouis avant de déchanter. Les reprises de ses chansons par Delerm, Dani et autres sont fades et la présentation qu’en fait Helena Noguerra niaise. On se croirait au spectacle de fin d’année de l’association culturelle du quartier.
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Comme chaque année, France Culture est à Livre Paris (ex Salon du Livre) et cette fois sans brouhaha parasite, c’est-à-dire audible.
Audible, c’est aussi le nom de l’application de livres audio pour laquelle cette radio fait de la publicité chaque matin à neuf heures, une nouveauté fâcheuse.
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« Cette année, Rush devient payant pour maîtriser le flux de public et pouvoir rester sur le beau site de la presqu’île Rollet. », communique le Cent Six (Scène de Musiques Zactuelles de Rouen).
Rush c’était parfait quand les spectacles avaient lieu en divers endroits du centre ville dans un léger parfum de subversion. Derrière les grilles du lointain parc arboré gardé par des vigiles, cela n’avait déjà plus le même intérêt. Je l’ai constaté il y a deux ans (l’an dernier j’étais absent). Maintenant que c’est devenu payant, on ne me verra pas me hâter vers la presqu’île Rollet. Payer, c’est adhérer à la programmation et puis, comme dans un vulgaire festival, il y aura bracelet autour du poignet ou tamponnage de la main, ce à quoi je suis rétif.
Le parrain de Rush cette année est Rodolphe Burger. J’aime bien sa musique et l’ai vu autrefois au Hangar Vingt-Trois. La salle était à moitié vide. Un grand rideau noir installé à mi-hauteur tentait de cacher cet insuccès.