Comment je sais que je suis de retour à Rouen et que c’est bientôt la rentrée scolaire

23 août 2018


Souvenir récent : une vieille à chariot monte au dernier moment dans le DK’Bus et s’adresse à un groupe de jeunes des deux sexes :
-J’ai bien cru que j’allais le rater mon bus, ç’aurait été embêtant parce que je vais au marché, le marché c’est important.
Une fille et un garçon compatissent, lui confirment l’importance du marché puis lui souhaitent une bonne journée quand elle descend.
La même situation dans le Teor rouennais. Au mieux, la jeunesse l’ignore. Plus vraisemblablement, elle se fiche de sa tronche.
Je sais que je suis de retour à Rouen. Au Nord, quiconque, sans distinction d’âge ou de sexe, me croisait dans une rue peu fréquentée, dans un train ou dans un bus presque vide, me disait bonjour. Ici, seul qui me connaît me salue.
Autre constatation qui permet de ne pas confondre Dunkerque et Rouen, l’une des deux villes est propre et l’autre affreusement sale.
Depuis mon retour, mes nuits sont moins tranquilles, perturbées par des angoisses diverses, dont l’une est pourtant sans objet depuis douze ans. Elle surgit la nuit dernière sous forme de rêve. Je suis à la montagne dans un tramouais déglingué qui grimpe les pentes aussi bien qu’un téléphérique. En tête, deux grosses questions : qu’est-ce que j’ai fait de mon sac à dos et est-ce que l’inspecteur est vraiment au courant que je suis à la retraite.
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A l’Intermarché de la rue Ecuyère où je suis un client irrégulier, personne d’autre que moi à la caisse.
-C’est calme, dis-je à la jeune personne qui la tient.
-Ça fait un moment que c’est calme, me répond-elle, j’espère que ça vite reprendre.
Et non pas :
-Oui, j’espère que les gens ne vont pas revenir trop vite de vacances, ça me permet de respirer et de réfléchir à ma vie.
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La rue du Père-Adam. D’un côté, des restaurants à spécialité, crêpes, pizzas, etc. De l’autre, des boutiques éphémères mais qui ne le savent pas quand elles ouvrent. La dernière installée est du genre mystico pantoufle. Sur sa vitrine, parmi d’autres propositions : « Nettoyage karmique ».
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Commerces qui ouvrent, commerces qui ferment. Adieu Flunch qui s’est fait dévorer la clientèle par son voisin Garden Resto. Plus triste, la disparition de l’Hôtel des Carmes, le plus charmant des hôtels de Rouen. Le bâtiment a été racheté par FPPM International (sigle derrière lequel se cache la maroquinerie Paul Marius). Il sera transformé en commerce et en bureaux.
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-Tu viens avec nous cet après-midi ?
-Non, je peux pas, je vais me faire nettoyer le karma.