« Les voyages forment la paresse », m’explique l’automate de la gare de Rouen alors que je fuis les travaux de ma ruelle pour la deuxième journée consécutive. Le mien ne me coûte que quatre euros et me mènera au deux tiers de la ligne qui va jusqu’à Dieppe, à Auffay, bourgade dont, lors de passages précédents, j’ai repéré l’Hôtel Restaurant du Chemin de Fer à la façade de briques orangées.
Dans son jargon, la Senecefe affiche un incident technique : « Le train 13103 est supprimé. Par conséquent, sa réutilisation, le train 13114 à destination de Paris partira avec un retard de 15mn environ ».
Le train venant de Paris est lui aussi en retard pour une raison inconnue. Celui où je suis assis, qui devait partir à dix heures douze, l’attend pour assurer la correspondance.
-Y part dans quel sens ? Par là ou par là ? Parce que j’aime pas le mauvais sens, me demande le gentillet de service.
Je ne juge pas utile de lui expliquer qu’il n’y a pas de mauvais sens. Nous partons à dix heures vingt. La campagne est autant ensoleillée que la ville de Rouen mais on n’y voit pas de voile de pollution à l’horizon. Il y a des gars qui travaillent dans les jardins et qui regardent passer le train et puis à Clères, le même qu’hier qui fait du bois (comme certains disent).
Dès mon arrivée à Auffay je vais réserver une table dans l’établissement qui porte sur son autre façade le nom d’Hôtel Restaurant de la Vallée de la Scie. La patronne est diserte et me conseille d’arriver à midi moins le quart pour être servi avant les ouvriers qui sont toujours pressés.
Je fais le tour de ce bourg cauchois où le spationaute Thomas Pesquet fut collégien et dont l’attrait principal est constitué par deux jaquemarts sonneurs de cloches sur la façade de la collégiale. Las, celle-ci est en travaux et eux invisibles.
Comme il était prévisible, le salon de coiffure s’appelle Créa Tif. Un dépôt vente fait mieux, qui se nomme Auffay Stival des Prix.
A l’heure dite, j’entre à l’Hôtel Restaurant de la Vallée de la Scie où l’on m’a réservé la petite table qui donne sur la place. La formule entrée plat est à quatorze euros quatre-vingt-dix et tout est fait avec des produit frais, me promet-on. Je commande un quart de merlot à quatre euros. Mon entrée est une bouchée à la reine assez quelconque.
-Je peux vous envoyer le reste ? me demande la serveuse d’une façon imagée.
Le reste est une énorme portion de parmentier de bœuf. Elle est fort bonne. J’ai presque terminé lorsque arrivent quatre ouvriers puis sept agriculteurs.
-Même plus moyen de nettoyer la cour de sa ferme avec le Round Up, c’est vraiment n’importe quoi, déclare l’un des paysans,
-T’as toujours ta chienne ? demande un autre à un troisième
-Non, je m’en suis débarrassée, elle chassait pas.
Je suis bien content de ne pas devoir les côtoyer plus longtemps.
Après avoir fait la petite promenade du bord de la Scie, je trouve place au soleil à l'une des trois tables de trottoir du Péhemmu Les Jacquemarts et y termine la lecture du Journal de guerre de Georges Sadoul en buvant des cafés à un euro vingt. Quand les jeunes mâles locaux viennent se ravitailler en cigarettes, ils se saluent de façon agressive après avoir laissé la voiture dans le passage. Les rares filles se font discrètes et sont suivies du regard.
-Elle était sympa, la tite contrôleuse, déclare un vieux qui arrive par le train.
-A la Poste, y a la queue jusqu’au trottoir, se plaint un autre.
-A chaque fois que tu touches des sous, c’est le PMU toi, bouge-toi le cul d’ici, s’emporte un couple envers un ascendant
Je ne passerais pas ma vie à Auffay, d’où je reviens par le train de seize heures dix-neuf avec dans mon sac La condition littéraire (la double vie des écrivains) de Bernard Lahire (Editions La Découverte) trouvé dans la boîte à livres du jardin public.
Dans son jargon, la Senecefe affiche un incident technique : « Le train 13103 est supprimé. Par conséquent, sa réutilisation, le train 13114 à destination de Paris partira avec un retard de 15mn environ ».
Le train venant de Paris est lui aussi en retard pour une raison inconnue. Celui où je suis assis, qui devait partir à dix heures douze, l’attend pour assurer la correspondance.
-Y part dans quel sens ? Par là ou par là ? Parce que j’aime pas le mauvais sens, me demande le gentillet de service.
Je ne juge pas utile de lui expliquer qu’il n’y a pas de mauvais sens. Nous partons à dix heures vingt. La campagne est autant ensoleillée que la ville de Rouen mais on n’y voit pas de voile de pollution à l’horizon. Il y a des gars qui travaillent dans les jardins et qui regardent passer le train et puis à Clères, le même qu’hier qui fait du bois (comme certains disent).
Dès mon arrivée à Auffay je vais réserver une table dans l’établissement qui porte sur son autre façade le nom d’Hôtel Restaurant de la Vallée de la Scie. La patronne est diserte et me conseille d’arriver à midi moins le quart pour être servi avant les ouvriers qui sont toujours pressés.
Je fais le tour de ce bourg cauchois où le spationaute Thomas Pesquet fut collégien et dont l’attrait principal est constitué par deux jaquemarts sonneurs de cloches sur la façade de la collégiale. Las, celle-ci est en travaux et eux invisibles.
Comme il était prévisible, le salon de coiffure s’appelle Créa Tif. Un dépôt vente fait mieux, qui se nomme Auffay Stival des Prix.
A l’heure dite, j’entre à l’Hôtel Restaurant de la Vallée de la Scie où l’on m’a réservé la petite table qui donne sur la place. La formule entrée plat est à quatorze euros quatre-vingt-dix et tout est fait avec des produit frais, me promet-on. Je commande un quart de merlot à quatre euros. Mon entrée est une bouchée à la reine assez quelconque.
-Je peux vous envoyer le reste ? me demande la serveuse d’une façon imagée.
Le reste est une énorme portion de parmentier de bœuf. Elle est fort bonne. J’ai presque terminé lorsque arrivent quatre ouvriers puis sept agriculteurs.
-Même plus moyen de nettoyer la cour de sa ferme avec le Round Up, c’est vraiment n’importe quoi, déclare l’un des paysans,
-T’as toujours ta chienne ? demande un autre à un troisième
-Non, je m’en suis débarrassée, elle chassait pas.
Je suis bien content de ne pas devoir les côtoyer plus longtemps.
Après avoir fait la petite promenade du bord de la Scie, je trouve place au soleil à l'une des trois tables de trottoir du Péhemmu Les Jacquemarts et y termine la lecture du Journal de guerre de Georges Sadoul en buvant des cafés à un euro vingt. Quand les jeunes mâles locaux viennent se ravitailler en cigarettes, ils se saluent de façon agressive après avoir laissé la voiture dans le passage. Les rares filles se font discrètes et sont suivies du regard.
-Elle était sympa, la tite contrôleuse, déclare un vieux qui arrive par le train.
-A la Poste, y a la queue jusqu’au trottoir, se plaint un autre.
-A chaque fois que tu touches des sous, c’est le PMU toi, bouge-toi le cul d’ici, s’emporte un couple envers un ascendant
Je ne passerais pas ma vie à Auffay, d’où je reviens par le train de seize heures dix-neuf avec dans mon sac La condition littéraire (la double vie des écrivains) de Bernard Lahire (Editions La Découverte) trouvé dans la boîte à livres du jardin public.