Une journée à aller à Dieppe, me dis-je en apprenant que ce samedi sera beau et qu’ensuite ce serait pluie et froid. Oui mais non car j’ai un rendez-vous au milieu de la journée. Il s’agit de remettre en mains propres à son acheteur un livre que je lui ai vendu. Impossible de repousser d’une journée, il s’arrêtera à Rouen parti de Bruxelles et allant en Bretagne. Cela m’apprendra à m’adonner aux turpitudes du petit commerce.
Afin de sentir quand même le soleil d’automne sur ma peau, je vais vers midi et demi prendre un café en terrasse au Sacre. Celle-ci est désormais munie de trois grands parasols bleus qui remplacent le miteux que les gérants n’avaient même plus le courage d’installer l’été dernier les jours de soleil accablant. Là ils sont ouverts, mettant une grande partie des tables à l’ombre alors que c’est une journée où tout le monde a envie de ne pas y être. L’explication est commerciale. Sur ces trois parasols est inscrit le nom d’une marque de bière. Je trouve néanmoins une table au soleil pour lire la suite des Lettres de guerre d’Heinrich Böll.
En partant, je ne juge pas utile de dire à celui à qui je paie que les parasols publicitaires sont interdits par la Mairie. Il le saura bien assez tôt.
-Comment vous reconnaîtrai je? m’a écrit mon acheteur.
-Je serai habillé en noir et j'aurai à la main un sac en plastique blanc avec le livre à l'intérieur.
-Presque le début d'un roman policier... amusant en tout cas !
Avec dix minutes d’avance, je rejoins le cinéma Omnia. L’homme est déjà là. Je lui remets son achat en échange du code.
-Donc vous continuez vers la Bretagne, lui dis-je.
-Vers le paradis, me répond-il.
C’est à l’intérieur du Faute de Mieux, dont je déteste la terrasse, que je prends en note ce que j’ai retenu de ma relecture déjà lointaine de Jours tranquilles à Clichy. Il y règne l’habituelle ambiance vide de sens qui me permet d’être efficace.
En revenant à la maison, je croise rue de la Rép la manifestation post Lubrizol. Les participants ne sont que quelques centaines. Cela s’explique par la confiscation de l’évènement par l’extrême gauche. On y entend les slogans du Hennepéha et des chants de Gilets Jaunes, deux bonnes raisons de la fuir.
Quelques images en sont montrées par la télévision d’info continue. L’envoyé spécial interroge une femme qui se présente comme une habitante lambda, en qui je reconnais une militante du Hennepéha, ce champion de l’entrisme. A cette occasion, j’apprends son prénom: Marie-Hélène. Ça lui va bien.
*
Un peu plus tard, que vois-je ? Ce voisin, pressé le matin, costume cravate, d’aller s’occuper de la bonne marche du monde, pressé le soir, tenue de sport, de rejoindre un gymnase, cette fois rentrant de je ne sais où avec un peute, complétement ivre, traversant le jardin en titubant et criant merde au chien qui aboie au bas de sa cage d’escalier.
*
Dans la nuit, l’heure passe de l’été à l’hiver. Au matin, les informations de France Culture évoquent la manifestation de Rouen. La journaliste donne à entendre les revendications d’une habitante pas contente, Marie-Hélène. Sur cette radio aussi on appelle maintenant les interviouvés par leur prénom.
Afin de sentir quand même le soleil d’automne sur ma peau, je vais vers midi et demi prendre un café en terrasse au Sacre. Celle-ci est désormais munie de trois grands parasols bleus qui remplacent le miteux que les gérants n’avaient même plus le courage d’installer l’été dernier les jours de soleil accablant. Là ils sont ouverts, mettant une grande partie des tables à l’ombre alors que c’est une journée où tout le monde a envie de ne pas y être. L’explication est commerciale. Sur ces trois parasols est inscrit le nom d’une marque de bière. Je trouve néanmoins une table au soleil pour lire la suite des Lettres de guerre d’Heinrich Böll.
En partant, je ne juge pas utile de dire à celui à qui je paie que les parasols publicitaires sont interdits par la Mairie. Il le saura bien assez tôt.
-Comment vous reconnaîtrai je? m’a écrit mon acheteur.
-Je serai habillé en noir et j'aurai à la main un sac en plastique blanc avec le livre à l'intérieur.
-Presque le début d'un roman policier... amusant en tout cas !
Avec dix minutes d’avance, je rejoins le cinéma Omnia. L’homme est déjà là. Je lui remets son achat en échange du code.
-Donc vous continuez vers la Bretagne, lui dis-je.
-Vers le paradis, me répond-il.
C’est à l’intérieur du Faute de Mieux, dont je déteste la terrasse, que je prends en note ce que j’ai retenu de ma relecture déjà lointaine de Jours tranquilles à Clichy. Il y règne l’habituelle ambiance vide de sens qui me permet d’être efficace.
En revenant à la maison, je croise rue de la Rép la manifestation post Lubrizol. Les participants ne sont que quelques centaines. Cela s’explique par la confiscation de l’évènement par l’extrême gauche. On y entend les slogans du Hennepéha et des chants de Gilets Jaunes, deux bonnes raisons de la fuir.
Quelques images en sont montrées par la télévision d’info continue. L’envoyé spécial interroge une femme qui se présente comme une habitante lambda, en qui je reconnais une militante du Hennepéha, ce champion de l’entrisme. A cette occasion, j’apprends son prénom: Marie-Hélène. Ça lui va bien.
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Un peu plus tard, que vois-je ? Ce voisin, pressé le matin, costume cravate, d’aller s’occuper de la bonne marche du monde, pressé le soir, tenue de sport, de rejoindre un gymnase, cette fois rentrant de je ne sais où avec un peute, complétement ivre, traversant le jardin en titubant et criant merde au chien qui aboie au bas de sa cage d’escalier.
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Dans la nuit, l’heure passe de l’été à l’hiver. Au matin, les informations de France Culture évoquent la manifestation de Rouen. La journaliste donne à entendre les revendications d’une habitante pas contente, Marie-Hélène. Sur cette radio aussi on appelle maintenant les interviouvés par leur prénom.