Ayant achevé Anéantir de Michel Houellebecq

16 février 2024


J’en ai fini avec Anéantir, le dernier livre de Michel Houellebecq, publié chez Flammarion, un roman mêlant plusieurs vies, celles de Paul, de son employeur Bruno (le meilleur Ministre des Finances depuis Colbert), de sa sœur Cécile, de son frère Aurélien, de leur père ancien des services secrets devenu paraplégique et de mystérieux auteurs d’attentats internationaux (nous sommes en deux mille vingt-sept). Cette polyphonie cesse vers la fin du roman, une fois que Paul est malade d’un cancer. Tous les autres personnages sont oubliés, il ne reste que lui en train de mourir.
Je ne peux pas dire que je n’ai pas aimé. Ni que j’ai aimé. Quelques passages notés au passage :
C’était exactement le type de senior, songea-t-il, qui était invariablement mis en scène dans les publicités des plans de prévention obsèques. 
C’était probablement mauvais signe d’avoir envie, comme ça, de se replonger dans ses années de jeunesse, c’était probablement ce qui arrive à ceux qui commence à comprendre qu’ils ont raté leur vie. 
Au bout de son troisième Talisker, Paul se dit qu’il allait être un peu saoul à la messe de minuit ; ce n’était pas forcément une mauvaise chose. 
Quand il avait quitté la maison Aurélien était encore un enfant, quelque chose qu’il distinguait assez peu d’un animal domestique ; il n’avait jamais eu l’impression, en réalité, d’avoir un frère. 
La vie humaine est constituée d’une succession de difficultés administratives et techniques, entrecoupée par des problèmes médicaux ; l’âge venant, les aspects médicaux prennent le dessus. La vie change alors de nature, elle se met à ressembler à une course de haies : des examens médicaux de plus en plus fréquents et variés scrutent l’état de vos organes. Ils concluent que la situation est normale, ou du moins acceptable, jusqu’à ce que l’un d’entre eux rende un verdict différent. La vie change alors de nature une seconde fois, pour devenir un parcours plus ou moins long et douloureux vers la mort. 
Il avait toujours envisagé le monde comme un endroit où il n’aurait pas dû être, mais qu’il n’était pas pressé de quitter, simplement parce qu’il n’en connaissait pas d’autre.
  … une vie n’est jamais belle lorsque l’on considère sa fin, comme l’exprimait Pascal avec sa brutalité habituelle. « Le dernier acte est sanglant, quelque belle que ce soit la comédie en tout le reste : on jette enfin de la terre sur la tête, et en voilà pour jamais. ». 
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Houellebecq pense encore qu’une voiture de Tégévé s’appelle un wagon. Il fait rêver Paul à plusieurs reprises, des pages que j’ai sautées.
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Où est le bec ? Aurélien meurt par pendaison dans la maison familiale où sont présents son frère et sa sœur mais ensuite l’auteur oublie d’évoquer ses obsèques.