Le temps passe comme dirait madame Michu et alors que j’ai l’impression que c’était hier l’inauguration au mojito de la galerie rouennaise Point Limite qu’animent les photographes Guillaume Laurent et Guillaume Painchault, voilà que ça fait deux ans.
Durant ces deux années à chaque fois que j’ai croisé l’un des deux Guillaume je lui ai promis de passer prochainement et puis, moitié paresse moitié prudence (il aurait suffi que j’écrive n’avoir pas aimé l’artiste exposé pour me faire un nouvel ennemi), je n’y suis pas retourné.
Aussi ce samedi soir, pour l’anniversaire des deux ans, je tente de me rattraper. Prenant le chemin buissonnier des quais du bas de la Seine pour éviter les chalands de Noël, j’arrive un peu avant dix-neuf heures. L’exposition mise en place pour l’occasion a pour nom Murs libres. Elle mérite d’être estampillée « esprit de Noël » car quiconque fait dans l’art a été autorisé à accrocher sa production. Cela fait plus de cent trente œuvres pour soixante-dix-sept artistes.
Il ne me faut guère de temps pour sélectionner parmi ces photos, dessins, peintures, sculptures et même deux ou trois textes (que personne ne lit) les quelques œuvres qui me plaisent un peu ou davantage et constater que les neuf dixièmes sont à mettre dans les catégories « ça plaira à d’autres », « comment peut-on en être encore là », « aucun intérêt » et « je mettrais bien ça à la benne ».
Je retiens le nom de Kate Polin qui expose trois photos légèrement traches de femmes dénudées. Il me semble familier jusqu’à ce que je me rende compte que je confonds avec l’écrivaine Kate Chopin.
Point de mojito hélas pour ces deux ans, je me rabats sur un vin blanc tiré d’une brique en carton. Mon godet à la main, je m’approche des ateliers d’artiste qui occupent le fond du numéro seize de la rue Georges-d’Amboise. Deux sont ouverts, profitant de l’occasion. Ce que j’en vois de l’extérieur ne m’incite pas à y entrer. Le locataire du dernier accourt voulant m’attirer dans sa réserve de tableaux à colombages. Je décline et rebrousse vers le Point Limite.
-Quel est ton sentiment ? me demande l’un des Guillaume
-Un sentiment mitigé. On peut dire qu’il y en a pour tous les goûts.
Parmi les nombreux présents se trouvent les responsables des œuvres exposées et des membres de leur famille mais aussi des connaisseurs dont d’anciens élèves des Beaux-Arts. Aucun de ces compétents ne se permet le moindre sarcasme, ni même n’émet la moindre critique. Les humains du vingt et unième siècle sont bel et bien domestiqués.
*
Ce qui me fait songer à Simone de Beauvoir contrainte d’apprécier les peintures de sa sœur et l’aidant financièrement à organiser les expositions de ses croûtes.
Durant ces deux années à chaque fois que j’ai croisé l’un des deux Guillaume je lui ai promis de passer prochainement et puis, moitié paresse moitié prudence (il aurait suffi que j’écrive n’avoir pas aimé l’artiste exposé pour me faire un nouvel ennemi), je n’y suis pas retourné.
Aussi ce samedi soir, pour l’anniversaire des deux ans, je tente de me rattraper. Prenant le chemin buissonnier des quais du bas de la Seine pour éviter les chalands de Noël, j’arrive un peu avant dix-neuf heures. L’exposition mise en place pour l’occasion a pour nom Murs libres. Elle mérite d’être estampillée « esprit de Noël » car quiconque fait dans l’art a été autorisé à accrocher sa production. Cela fait plus de cent trente œuvres pour soixante-dix-sept artistes.
Il ne me faut guère de temps pour sélectionner parmi ces photos, dessins, peintures, sculptures et même deux ou trois textes (que personne ne lit) les quelques œuvres qui me plaisent un peu ou davantage et constater que les neuf dixièmes sont à mettre dans les catégories « ça plaira à d’autres », « comment peut-on en être encore là », « aucun intérêt » et « je mettrais bien ça à la benne ».
Je retiens le nom de Kate Polin qui expose trois photos légèrement traches de femmes dénudées. Il me semble familier jusqu’à ce que je me rende compte que je confonds avec l’écrivaine Kate Chopin.
Point de mojito hélas pour ces deux ans, je me rabats sur un vin blanc tiré d’une brique en carton. Mon godet à la main, je m’approche des ateliers d’artiste qui occupent le fond du numéro seize de la rue Georges-d’Amboise. Deux sont ouverts, profitant de l’occasion. Ce que j’en vois de l’extérieur ne m’incite pas à y entrer. Le locataire du dernier accourt voulant m’attirer dans sa réserve de tableaux à colombages. Je décline et rebrousse vers le Point Limite.
-Quel est ton sentiment ? me demande l’un des Guillaume
-Un sentiment mitigé. On peut dire qu’il y en a pour tous les goûts.
Parmi les nombreux présents se trouvent les responsables des œuvres exposées et des membres de leur famille mais aussi des connaisseurs dont d’anciens élèves des Beaux-Arts. Aucun de ces compétents ne se permet le moindre sarcasme, ni même n’émet la moindre critique. Les humains du vingt et unième siècle sont bel et bien domestiqués.
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Ce qui me fait songer à Simone de Beauvoir contrainte d’apprécier les peintures de sa sœur et l’aidant financièrement à organiser les expositions de ses croûtes.