Au vide grenier parisien de la rue Saint-Blaise

18 juin 2019


Retour à Paris ce ouiquennede en raison de la présence de vide greniers prometteurs et de l’absence de celle qui me prête à nouveau son appartement pour une nuit. Le train qui m’y emmène ce samedi est parti de Rouen à sept heures dix et n’atteindra la capitale que dans deux heures et deux minutes, ce qui est normal et causé par les travaux d’Eole qui la rapprochera de Mantes-la-Jolie, « magnifique village sous un merveilleux ciel bleu », nous dit le chef de bord. Il nous invite à bien profiter du paysage puisqu’à partir de là nous circulerons au ralenti sur l’itinéraire bis.
A l’arrivée je prends le métro jusqu’à Porte de Montreuil puis rejoins à pied la très jolie rue Saint-Blaise qui mène à l’église Saint-Germain-de-Charonne. C’est le cœur de l’ancien village de Charonne. Je ne le connaissais pas. L’association de quartier y organise son trentième vide grenier. C’est un plaisir de le parcourir sous le soleil et dans la douceur. Un agréable vendeur de livres me permet à lui seul d’emplir mon sac de livres grand format à un euro et de poches à moitié moins. Un autre et sa femme m’offrent une controverse comme je les aime :
-Bonjour, combien pour ce livre ?
-Trois euros, me répond-elle.
-Ah oui !
-Il est neuf.
-Neuf avec un prix en francs ?
-Sinon, y a les librairies, intervient le mari d’un air hargneux.
-Pour les livres neufs oui, mais pour les livres en francs je ne suis pas sûr. Vous concourez pour le titre du vendeur le plus aimable ?
-Comme tous les ans, me rétorque cet insolent.
-En plus, leur fais-je remarquer en découvrant deux lettres en pointillé en quatrième de couverture, c’est un Service de Presse. Vous ne l’avez pas payé. Et vous n’avez pas le droit le vendre. Je pourrais vous dénoncer aux autorités.
Certes, je suis de mauvaise foi, il a le droit de vendre un service de presse (même si chez Book-Off on refuse de les acheter) et je ne dénonce jamais personne, mais les voir aussi furieux est un tel plaisir.
En fin de matinée et le pied toujours douloureux, je quitte ce petit paradis parisien qu’est l’îlot Saint-Blaise où Pierre Bonnard a sa rue et rejoins Jules Joffrin puis dépose mon sac encombrant avant d’aller peu loin déjeuner au Bon Coin où le patron s’étonne de me voir « Vous m’aviez dit que vous retourniez dans votre pays. »
Comme l’intérieur du restaurant est colonisé par de jeunes couples à poussettes, et le temps le permettant, je m’installe à l’une des tables de trottoir puis commande la saucisse d’Auvergne purée et la tarte à la rhubarbe avec un quart de côtes-du-rhône. C’est fort bon et cette fois, comme je l’indique en payant la même somme que les fois précédentes, je ne reviendrai pas avant longtemps.
Après un café verre d’eau à la terrasse du Grand Café, je passe une partie de l’après-midi assis à celle de Chez Dionis avec un diabolo menthe et Le Grand Partout, les souvenirs de hobo de William T. Vollmann publiés chez Actes Sud Comme je n’avais absolument aucune raison d’y aller, je me suis embarqué pour Cheyenne.
Face à l’estaminet, dans la rue Duhesme et dans les rues voisines, se déroule une fête on ne peut plus bobo dont me parviennent les effluves. Pour ce Festival Midi Minuit du Carré Versigny, les chaussées sont recouvertes d’une véritable pelouse sur laquelle sont allongés certains tandis que d’autres sont installés à des terrasses agrandies. Chorale, activités pour enfants, concerts et parlotes conviviales sont au programme.
-Bah oui, y essaient de faire des trucs, au moins c’est sympa. » commente une passante.
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Parmi les livres achetés ce samedi : le Journal de guerre de Franz Stock paru aux Editions du Cerf et une belle édition au Castor Astral du Dictionnaire des idées reçues de Gustave Flaubert.
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Ces jeunes parents qui entrent dans les restaurants y propulsent l’encombrant Génération Cinquante avec autant de fierté que si Macron était derrière la porte pour leur remettre la Légion d’Honneur à titre de héros du quotidien.
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Une fille à son copain devant le Grand Café :
-Non, mais on va pas acheter la viande au Leclerc, faut aller vers Barbès.
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Vollmann : J’adore les villes autant que la solitude, les prostituées autant que les arbres.