Le beau temps est assuré ce dimanche, ce qui m’incite à aller à Bois-Guillaume pour le vide grenier annuel. A cette fin, je monte dans le premier bus Effe Un de la journée, départ à six heures quarante de République. J’en descends à la Mairie de cette commune de banlieue bourgeoise puis vais à pied jusqu’aux terrains de foute où ça déballe.
Si les vendeurs et vendeuses y proposent une marchandise de meilleure qualité que celle des pauvres de la rive gauche, elle n’en est pas moins d’aussi peu d’intérêt pour moi. Je fais plusieurs fois le circuit, que de livres de Busso et de Mussi ! Deux fois, je croise un homme qui porte autour du cou une pancarte « Proposez-moi des pin’s et des fèves », sa femme n’a pas l’air d’en être gênée. L’un des organisateurs s’en prend de façon agressive à un Chinois qui s’est installé sans autorisation, celui-ci n’est pas décidé à bouger. Je ne saurai pas comment se termine cet affrontement car je me trisse avec dans mon sac deux livres qui rembourseront mon déplacement.
Il faut que je me rende à l’évidence : plus aucun vide grenier de la région rouennaise n’est susceptible de me satisfaire.
*
Au Son du Cor, point de télé pour le foute heureusement, mais au Sacre, grand écran et drapeau tricolore de même taille fixé sur la façade, de quoi éviter au maximum l’endroit jusqu’à la fin de l’évènement totalitaire. J’y suis néanmoins le lundi faute de Son du Cor, vers midi, avant que ça commence.
L’autre semaine un homme tirant un chariot s’arrête à ma table et, me montrant la bouquinerie Le Rêve de l’Escalier fermée, me demande si c’est fermé.
-Il est en vacances cette semaine, lui dis-je, et en plus c’est fermé tous les lundis.
-Je sais, me répond ce casse-pied.
Passent trois hommes en costume.
-Il y a des bureaux dans cette rue ? me demande-t-il
-Je n’en sais rien, et de toute façon je ne suis pas là pour discuter.
Il va son chemin avec son chariot, puis passe un branlotin au bras cassé avec un plâtre bleu blanc rouge.
*
L’autre semaine aussi, pendant que je suis à la Poste de la rue de la Jeanne occupé avec un automate à qui je demande des vignettes d’affranchissement, l’alarme se déclenche. Un ordre d’évacuation est donné. Je décide de rester jusqu’à ce que toutes mes vignettes soient imprimées. Une postière vient me faire la leçon.
-Si vous voulez, je vous donne mon nom et vous me dénoncerez comme mauvais citoyen, lui dis-je.
Quand, assourdi, je sors avec elle et mes vignettes, je constate que tous les autres usagers ont obtempéré. Elle fait descendre le rideau derrière nous. Je m’éclipse tandis que les citoyens obéissants attendent sur le trottoir en compagnie des employés qu’on les autorise à entrer de nouveau.
*
Ce mardi, au Son du Cor, ma jeune voisine lit La méthode simple pour les femmes qui veulent arrêter de fumer. Elle en surligne des passages en rose fluo et puis demande un cendrier.
Si les vendeurs et vendeuses y proposent une marchandise de meilleure qualité que celle des pauvres de la rive gauche, elle n’en est pas moins d’aussi peu d’intérêt pour moi. Je fais plusieurs fois le circuit, que de livres de Busso et de Mussi ! Deux fois, je croise un homme qui porte autour du cou une pancarte « Proposez-moi des pin’s et des fèves », sa femme n’a pas l’air d’en être gênée. L’un des organisateurs s’en prend de façon agressive à un Chinois qui s’est installé sans autorisation, celui-ci n’est pas décidé à bouger. Je ne saurai pas comment se termine cet affrontement car je me trisse avec dans mon sac deux livres qui rembourseront mon déplacement.
Il faut que je me rende à l’évidence : plus aucun vide grenier de la région rouennaise n’est susceptible de me satisfaire.
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Au Son du Cor, point de télé pour le foute heureusement, mais au Sacre, grand écran et drapeau tricolore de même taille fixé sur la façade, de quoi éviter au maximum l’endroit jusqu’à la fin de l’évènement totalitaire. J’y suis néanmoins le lundi faute de Son du Cor, vers midi, avant que ça commence.
L’autre semaine un homme tirant un chariot s’arrête à ma table et, me montrant la bouquinerie Le Rêve de l’Escalier fermée, me demande si c’est fermé.
-Il est en vacances cette semaine, lui dis-je, et en plus c’est fermé tous les lundis.
-Je sais, me répond ce casse-pied.
Passent trois hommes en costume.
-Il y a des bureaux dans cette rue ? me demande-t-il
-Je n’en sais rien, et de toute façon je ne suis pas là pour discuter.
Il va son chemin avec son chariot, puis passe un branlotin au bras cassé avec un plâtre bleu blanc rouge.
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L’autre semaine aussi, pendant que je suis à la Poste de la rue de la Jeanne occupé avec un automate à qui je demande des vignettes d’affranchissement, l’alarme se déclenche. Un ordre d’évacuation est donné. Je décide de rester jusqu’à ce que toutes mes vignettes soient imprimées. Une postière vient me faire la leçon.
-Si vous voulez, je vous donne mon nom et vous me dénoncerez comme mauvais citoyen, lui dis-je.
Quand, assourdi, je sors avec elle et mes vignettes, je constate que tous les autres usagers ont obtempéré. Elle fait descendre le rideau derrière nous. Je m’éclipse tandis que les citoyens obéissants attendent sur le trottoir en compagnie des employés qu’on les autorise à entrer de nouveau.
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Ce mardi, au Son du Cor, ma jeune voisine lit La méthode simple pour les femmes qui veulent arrêter de fumer. Elle en surligne des passages en rose fluo et puis demande un cendrier.