Au rassemblement rouennais en faveur des réfugié(e)s

8 septembre 2015


La photo de la journaliste Nilufer Denir montrant, mort noyé et échoué sur une plage turque, Aylan Kurdi, enfant de trois ans dont la famille fuyait les combats de la guerre civile syrienne, et plus généralement le mauvais sort fait actuellement aux réfugié(e)s dans certains pays d’Europe, ayant suscité de l’émotion, un rassemblement en faveur des réfugiés est organisé à Rouen via le réseau social Effe Bé par le Collectif Pas En Notre Nom ce dimanche à quatorze heures place de l’Hôtel de Ville au cul du cheval de Napoléon.
A mon arrivée, je constate que, selon une technique bien rodée, le Nouveau Parti Capitaliste s’emploie à prendre le contrôle du rassemblement. Ses drapeaux sont concurrencés par ceux de ses frères ennemis de Lutte Ouvrière, en retrait. Entre les deux sont les chasubles jaunes d’Amnesty International et celles et ceux qui ne portent aucune marque distinctive. Se font remarquer en tenue du dimanche (djine pour elle, pas de cravate pour lui) les Socialistes Valérie Fourneyron, ancienne Ministre de Hollande, ancienne Maire de Rouen et toujours Députée, et Nicolas Mayer-Rossignol, Chef de la Région Haute-Normandie jusqu’en décembre. Ils sont venus témoigner de la capacité de leur Parti à tenir double langage, commençant une phrase par ouvrir la porte aux réfugié(e)s et la terminant par la fermer. Cela fait seulement quelques centaines de présent(e)s. Des jeunes gens installent une banderole sur le socle de la statue : « Réfugiés Welcome ». Des télés filment ça, dont la plus connue des chaînes d’info continue.
Il y a heureusement là quelques réfugié(e)s syrien(ne)s. L’une affiche qu’elle demande le RSA « Retour en Syrie sans Assad ». Une autre que les Syriens ne cherchent pas les aides sociales mais un pays où on ne se fait pas massacrer dans la rue.
Un jeune homme annonce qu’on partira en manifestation et qu’à l’arrivée aura lieu une assemblée générale pour décider de la suite. Le Hennepéha décide du moment du départ, se place en tête du cortège que certain(e)s choisissent de ne pas suivre. J’hésite, finis par y aller. L’habituelle crieuse de slogans usés est au mégaphone, recyclant son maigre bagage avec l’actualité. Derrière, celle de Hello fait de même.
Encadrés par ces fâcheux et par un minimum de policiers, nous enfilons la rue du Canuet, descendons celle de la Jeanne et tournons à droite rue du Gros. La place du Vieux est l’endroit de l’assemblée générale dont je me dispense.
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Avant le départ, un branlotin de ma connaissance se fait rabrouer par un homme à cheveux blancs pour avoir jeté son mégot sur la pelouse. Dans le monde radieux dont rêvent certains ici, il n’y a pas place pour un tel désordre.
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Promesse de Hollande : vingt-quatre mille réfugiés seront accueillis en deux ans. Pour trente-six mille communes. Y en aura pas pour tout le monde.
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Chiffre que l’on peut comparer à celui des cinq cent mille républicains espagnols ayant passé la frontière avec la France à la fin des années trente et au million de rapatriés d’Algérie dans les années soixante.
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Consternant commentaire que celui d’Arno Klarsfeld publié sous forme de gazouillis à l’orthographe approximative : « personne ne dit que ce n'est pas raisonnable de partir de Turquie avec deux enfants en bas âge sur une mer agitée dans un frêle esquife ».