Au Sud (six) : Bandol

7 septembre 2022


Allez zou, c’est le moment de commencer à rentabiliser ma carte mensuelle des cars Zou !
Ce mardi, je bipe dans celui qui va à Bandol et part à sept heures quarante-cinq de la Gare Routière de Toulon. Nous ne sommes qu’une poignée à l’emprunter. Le chauffeur explique qu’il a failli être supprimé, que c’est sûrement sa dernière année. J’en descends au terminus près du Casino, une moche construction qui dispose d’un parquigne privé tout au bord de l’eau.
Ce qui est beau ici, c’est le côté mer, la plage et une île au loin. Côté bâtiments, les immeubles du front de mer sont hideux et ont des noms prétentieux : Le Grand Horizon, Le Baccara, Le Palm Beach. Les quelques villas qui sortent du lot sont tristement kitchs. Un marché peu reluisant empêche de voir le port. Après le Casino, la route du bord de mer est dotée d’une suite rectiligne de petites boutiques minables. Cette ligne droite a pour parallèle une rue intérieure qui par contraste semble presque jolie.
Quand j’ai suffisamment marché, je trouve une place ombragée à la terrasse d’un « restaurant brasserie » de peu d’allure, le Flament B (dont l’enseigne est un flamant rose). Le café y est quand même à deux euros. Quand il est bu, je sors mon Léautaud.
Il fait si chaud que je n’ai pas envie de poursuivre la visite. Je ne saurai donc pas si Rudy Ricciotti est au travail dans son agence du boulevard Victor-Hugo, numéro dix-sept. N’empêche que cela m’aurait plu de revoir le flamboyant architecte. Une autre fois peut-être, il n’est pas impossible que je revienne à Bandol, dont je n’ai vu que la moitié, quand il fera meilleur.
A midi, quitte à mal manger, je retourne au Flament B car on y propose moules frites à dix euros. Cela me suffira avec une carafe d’eau. Ma voisine craque pour le burgueur à dix-huit euros cinquante. Elle fait la tête quand elle le voit arriver. Encore plus quand elle découvre que la tranche de jambon italien promise n’y est pas. Elle proteste. Le cuisinier vient voir « Ah zut, je l’ai oubliée, je vous l’apporte ». « Il ne va quand même pas me l’amener dans une assiette », dit-elle à son copain prudent qui a choisi les moules frites. La suite lui prouve que si.
Après avoir lu un moment sur un banc ombragé face à la mer près d’une jeune mère allaitante, je quitte Bandol avec le car Zou ! de treize heures trente-cinq. Arrivé à Toulon, je vais boire le café chez Béchir (un euro cinquante).
A l’autre bout de la terrasse, un alcoolisé est en boucle contre tous ceux-là. Pas un jour sans que j’entende ce genre de propos. Dans le car Zou ! de l’aller, l’accord était total entre le chauffeur et les quelques habitué(e)s assis derrière lui : « On n’est pas raciste, on les aime pas, c’est pas pareil. »
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A Bandol, une luxueuse villa presque sur la plage où reçoivent des spécialistes de la chirurgie plastique et esthétique.