« J’ai un p’tit coup dans le nez. J’ai plus rien à manger à la maison. Tu peux me livrer quelque chose », entends-je dire le voisin du dessus à son téléphone quand il passe devant ma porte vers une heure du matin. Un peu plus tard, il redescend prendre sa commande auprès d’un scouteuriste.
Il est rare que je sois réveillé par du bruit au cours de la nuit, bien que mon studio Air Bibi soit au rez-de-chaussée. Ce logement pour étudiant, où je paie le tiers de ce que me coûterait une chambre d’hôtel, est confortable, bien chauffé, doté d’une bonne ouifi, d’une télé comme jamais je n’en ai regardé de si grande, d’une vaste salle d’eau dans laquelle est installé un grand frigo (ce qui fait que je ne l’entends pas se mettre en marche). Bref, je dors aussi bien que le peut un vieux qui à chacun de ses réveils songe à son état physique, à son âge et à la mort qui peut venir bientôt. Encore une nuit dont je sors vivant, telle est ma pensée à l’orée de chaque jour.
Ce samedi matin, c’est encore la pluie. Après le petit-déjeuner au Columbus Café où officie un néo barbu, je pousse la porte de Chez Jules vers dix heures. C’est jour de marché place Dalton. Des autochtones ayant terminé leurs courses viennent ici se réchauffer. Nul n’évoque la promulgation de la loi Macron repoussant le départ à la retraite de deux ans. Mes plus proches voisines regrettent les ennuis de la maison Tupperware. « Y avait de bonnes recettes et puis du bon matériel, c’était du costaud ». L’une d’elles raconte qu’elle a eu une femme de ménage qui se mettait en soutien-gorge et en culotte pour travailler « Heureusement que mon mari n’était plus là ». Je lis tranquillement le Journal de Stendhal à une table située contre la vitre d’où je peux voir l’animation du marché. Je constate qu’ici aussi, celui qui vend le moins est le marchand de miel.
A midi, je me rends au Palais de Matsuyama pour un déjeuner japonais à volonté. Pas loin de ma table sont assis un homme et une femme venus d’Ambleteuse. Cette dernière rend hommage sans le savoir à Mary Quant, qui vient de mourir, en portant une jupe à ras le bonbon (comme chantait Léo).
Il ne pleut plus quand je mets le pied dehors, mais il fait trop froid pour que je puisse prendre un café en terrasse. Ce sera donc encore une fois à la maison. Un homme que je croise rue Faidherbe me prévient : « Jésus revient, c’est l’heure de la repentance ».
*
Parler local (on évoque Vanessa Paradis) :
Emploi de core au lieu d’encore : « Elle est core pas mal ».
Emploi de fort pour très : « Elle était fort jolie ».
Il est rare que je sois réveillé par du bruit au cours de la nuit, bien que mon studio Air Bibi soit au rez-de-chaussée. Ce logement pour étudiant, où je paie le tiers de ce que me coûterait une chambre d’hôtel, est confortable, bien chauffé, doté d’une bonne ouifi, d’une télé comme jamais je n’en ai regardé de si grande, d’une vaste salle d’eau dans laquelle est installé un grand frigo (ce qui fait que je ne l’entends pas se mettre en marche). Bref, je dors aussi bien que le peut un vieux qui à chacun de ses réveils songe à son état physique, à son âge et à la mort qui peut venir bientôt. Encore une nuit dont je sors vivant, telle est ma pensée à l’orée de chaque jour.
Ce samedi matin, c’est encore la pluie. Après le petit-déjeuner au Columbus Café où officie un néo barbu, je pousse la porte de Chez Jules vers dix heures. C’est jour de marché place Dalton. Des autochtones ayant terminé leurs courses viennent ici se réchauffer. Nul n’évoque la promulgation de la loi Macron repoussant le départ à la retraite de deux ans. Mes plus proches voisines regrettent les ennuis de la maison Tupperware. « Y avait de bonnes recettes et puis du bon matériel, c’était du costaud ». L’une d’elles raconte qu’elle a eu une femme de ménage qui se mettait en soutien-gorge et en culotte pour travailler « Heureusement que mon mari n’était plus là ». Je lis tranquillement le Journal de Stendhal à une table située contre la vitre d’où je peux voir l’animation du marché. Je constate qu’ici aussi, celui qui vend le moins est le marchand de miel.
A midi, je me rends au Palais de Matsuyama pour un déjeuner japonais à volonté. Pas loin de ma table sont assis un homme et une femme venus d’Ambleteuse. Cette dernière rend hommage sans le savoir à Mary Quant, qui vient de mourir, en portant une jupe à ras le bonbon (comme chantait Léo).
Il ne pleut plus quand je mets le pied dehors, mais il fait trop froid pour que je puisse prendre un café en terrasse. Ce sera donc encore une fois à la maison. Un homme que je croise rue Faidherbe me prévient : « Jésus revient, c’est l’heure de la repentance ».
*
Parler local (on évoque Vanessa Paradis) :
Emploi de core au lieu d’encore : « Elle est core pas mal ».
Emploi de fort pour très : « Elle était fort jolie ».