Il me faut quasiment enjamber une élève du Collège Privé Saint-Joseph quand je sors de mon Air Bibi ce jeudi matin. Assise en tailleur sur le trottoir, elle fait ses devoirs. Il est temps. Demain commencent ici les vacances. Mon pain au chocolat acheté au coin de la rue, je rejoins le Columbus Café où je commande un allongé qui m’est apporté avec La Voix du Nord par ma préférée. J’y lis qu’hier soir Chez Jules a été évacué pendant le service en raison d’une suspicion de fuite de gaz. Tous les clients ont dû partir. Le personnel est resté sur la place Dalton, dans la tempête Noa, jusqu’à ce que les pompiers annoncent qu’il ne s’agissait pas d’une odeur de gaz mais d’une odeur d’égout due au temps perturbé. Le ciel est bien bleu quand je reviens au studio. Dans l’entrée, je croise le voisin du dessus qui me demande si ça me plaît Boulogne. « Oui et non ».
Il souffle un vent froid qui me dissuade de prendre un bus de bord de mer. Je monte à la Ville Haute et bois un café verre d’eau (un euro cinquante) au Café de la Mairie. L’endroit n’est fréquenté que par des personnes de passage. J’essaie de lire Stendhal malgré la radio locale déplorable qu’on y entend, une nommée Delta.
Quand approchent dix heures, je descends jusqu’à la place Dalton où sont massés les manifestants contre la retraite à soixante-quatre ans, un petit millier peut-être. Ils démarrent au moment où j’entre Chez Jules pour un café congolais verre d’eau et une lecture sans télé ni radio. A la table voisine se trouve un couple de sexagénaires qui est là tous les jours. Elle et lui n’ont pour conversation que la lecture commune de La Voix du Nord. Un maire du coin va commencer sa transition et devenir une maire. « A son âge ? En quoi ça nous concerne ? Il fait ce qu’il veut. Pas de quoi en faire une page dans le journal », commente l’homme. La femme ne dit rien mais n’en pense pas moins. « Ça gaze ? » demande un serveur qui arrive. Sa collègue se plaint d’avoir pris froid lors de l’attente dehors dans la tempête. Une famille anglaise entre pour régler le repas à moitié pris la veille. « C’est offert », lui répond-on. L’assurance doit jouer. Quand même, il n’y a que les étrangers qui viennent voir ce qu’ils doivent, aucun Français.
Peu avant midi, la manif revient à son point de départ, une manif à l’ancienne, sans pétards, sans fumigènes, sans sirènes, surveillée par quelques flics débonnaires. Un discours et c’est la dispersion, pour certains l’apéro aux terrasses sur la place dans le vent froid. Je rejoins Le Bistrot des Vingt où j’ai réservé et j’ai bien fait car c’est complet. Dans la formule à seize euros cinquante, je choisis la pièce du boucher frites salade, la mousse au chocolat et le verre de vin rouge du patron. Tout cela est fort bon.
Dès la fin de ce repas, je rejoins le Café Français, la seule terrasse à l’abri du vent et au soleil, l’endroit idéal pour lire, d’autant que j’y suis le plus souvent seul. « Bonne lecture », me dit une femme qui passe. Malheureusement, elle me demande ensuite si je n’ai pas cinquante centimes ou un euro.
*
Mort de Monseigneur Gaillot, à l’âge de quatre-vingt-sept ans, d’un foudroyant cancer du pancréas. J’étais à Evreux le dimanche vingt-deux janvier mil neuf cent quatre-vingt-quinze pour sa dernière messe quand il fut viré par le Pape après ses déclarations sur les homosexuels, les immigrés, le nucléaire, etc. J’ai écrit un texte sur l’évènement. Il fut publié en revue. Je n’arrive pas à le retrouver.
Il souffle un vent froid qui me dissuade de prendre un bus de bord de mer. Je monte à la Ville Haute et bois un café verre d’eau (un euro cinquante) au Café de la Mairie. L’endroit n’est fréquenté que par des personnes de passage. J’essaie de lire Stendhal malgré la radio locale déplorable qu’on y entend, une nommée Delta.
Quand approchent dix heures, je descends jusqu’à la place Dalton où sont massés les manifestants contre la retraite à soixante-quatre ans, un petit millier peut-être. Ils démarrent au moment où j’entre Chez Jules pour un café congolais verre d’eau et une lecture sans télé ni radio. A la table voisine se trouve un couple de sexagénaires qui est là tous les jours. Elle et lui n’ont pour conversation que la lecture commune de La Voix du Nord. Un maire du coin va commencer sa transition et devenir une maire. « A son âge ? En quoi ça nous concerne ? Il fait ce qu’il veut. Pas de quoi en faire une page dans le journal », commente l’homme. La femme ne dit rien mais n’en pense pas moins. « Ça gaze ? » demande un serveur qui arrive. Sa collègue se plaint d’avoir pris froid lors de l’attente dehors dans la tempête. Une famille anglaise entre pour régler le repas à moitié pris la veille. « C’est offert », lui répond-on. L’assurance doit jouer. Quand même, il n’y a que les étrangers qui viennent voir ce qu’ils doivent, aucun Français.
Peu avant midi, la manif revient à son point de départ, une manif à l’ancienne, sans pétards, sans fumigènes, sans sirènes, surveillée par quelques flics débonnaires. Un discours et c’est la dispersion, pour certains l’apéro aux terrasses sur la place dans le vent froid. Je rejoins Le Bistrot des Vingt où j’ai réservé et j’ai bien fait car c’est complet. Dans la formule à seize euros cinquante, je choisis la pièce du boucher frites salade, la mousse au chocolat et le verre de vin rouge du patron. Tout cela est fort bon.
Dès la fin de ce repas, je rejoins le Café Français, la seule terrasse à l’abri du vent et au soleil, l’endroit idéal pour lire, d’autant que j’y suis le plus souvent seul. « Bonne lecture », me dit une femme qui passe. Malheureusement, elle me demande ensuite si je n’ai pas cinquante centimes ou un euro.
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Mort de Monseigneur Gaillot, à l’âge de quatre-vingt-sept ans, d’un foudroyant cancer du pancréas. J’étais à Evreux le dimanche vingt-deux janvier mil neuf cent quatre-vingt-quinze pour sa dernière messe quand il fut viré par le Pape après ses déclarations sur les homosexuels, les immigrés, le nucléaire, etc. J’ai écrit un texte sur l’évènement. Il fut publié en revue. Je n’arrive pas à le retrouver.