Le ciel bleu est de retour avec douze degrés au matin de ce samedi à Aurillac. Je passe acheter un croissant à la Mie Câline. La boulangère s’y lave les mains au gel hydro alcoolique après avoir touché l’argent de chaque client. Puis je m’installe au soleil à la terrasse du Kiosque pour le premier café verre d’eau du jour. J’ai le temps de lire un peu des Essais (Apologie de Raimond Sebond) avant d’aller attendre la navette électrique qu’un billet de train pour Vic-sur-Cère me permet de prendre gratuitement.
Le train est celui qui va à Clermont-Ferrand. Il est surtout occupé pas des vacanciers qui rejoignent Paris. Chacun peut ne pas y avoir de voisin. Je le quitte treize minutes plus tard.
Une rue de la Gare descend vers le pont qui permet de traverser la Cère puis je pars à l’assaut des rues pentues de ce bourg de petite montagne dont le passé de ville thermale est effacé. Ses habitants font la file sur le trottoir devant l’unique boucherie et l’unique boulangerie. Je photographie quelques maisons imposantes dont le Manoir qui autrefois était un couvent de bénédictines où l’on s’occupait de l’éducation des jeunes filles (ça me rappelle quelque chose) puis je grimpe jusqu’à la chapelle du Calvaire d’où l’on a vue panoramique.
Derrière l’église est le départ d’un chemin qui doit mener à la cascade de la Conche. Je demande à une autochtone si c’est loin. Un quart d’heure, me dit-elle, ajoutant : « Faut y aller avant qu’il n’y ait plus d’eau, y en a déjà pas beaucoup. » Il ne m’en faut pas plus pour que je renonce. A quoi bon aller voir une cascade rendue à l’état de pissette.
Je retourne du côté de la Gare où j’ai repéré un restaurant possible, le Bel Horizon. J’y réserve une table et en attendant midi y prends un café. A l’heure officielle du repas, je choisis la meilleure table de la terrasse, celle ombragée par un arbre, la température a doublé depuis ce matin.
Cet hôtel semble vivre au ralenti. Il faut plus d’un quart d’heure pour que la serveuse qui a l’air de sortir du formol vienne s’occuper de moi. Le menu du jour à dix-sept euros étant proposé le samedi, je le prends : assiette de charcuterie, cuisse de poulet pommes au four et crème brulée. En l’absence de pichet, je prends une demi-bouteille de saint-pourçain deux mille dix-sept à onze euros de chez Jean-Pierre Laurent. « Ce vin a été créé dans la philosophe du domaine afin d’élaborer des vins à notre image malgré les aléas climatiques », est-il écrit de façon absconse sur l’étiquette. Je le trouve un peu jeune.
C’est bien, mais mon Guide du Routard de deux mille deux m’apprend qu’à cette époque on y mangeait mieux et pour moins cher, avec l’apéritif offert. Côté hôtel, le prix des chambres a doublé comme partout.
A part moi (« le monsieur tout seul », comme dit la serveuse) ne mangent là que trois habitués à tournées d’apéro. Je crains pour l’avenir de cet établissement. Comme pour celui de la Gare près de laquelle est déployée une banderole « Comité pluraliste de défense, de modernisation et de promotion des lignes ferroviaires du Cantal. Non à la fermeture ».
Redescendu au bord la Cère, je prends place à la terrasse ombragée de l’Hôtel Restaurant Beauséjour, plus chic, mieux situé, avec un peu plus de clientèle, mais les affaires doivent être difficiles car un panneau annonce que tout le monde est bienvenu et que le café n’est qu’à un euro trente.
Après avoir bu le mien, je lis là tranquillement Montaigne. Jusqu’à ce qu’arrive l’inévitable pousseuse de poussette garnie. Ce n’est pas tant que son un an et demi soit particulièrement pénible, c’est elle qui l’est à bêtifier sans cesse.
*
« Si Balzac avait été auvergnat, il aurait, c’est sûr, choisi Vic-sur-Cère pour en faire le théâtre de la comédie auvergnate », prétendait Le Routard en deux mille deux. Marguerite de Valois s’y fit soigner. Anne d’Autriche aussi. Louis le Quatorzième s’en faisait envoyer de l’eau pour soigner sa goutte. Le plus étrange est qu’à un moment, Vic fut sous la domination de la Principauté de Monaco.
Le train est celui qui va à Clermont-Ferrand. Il est surtout occupé pas des vacanciers qui rejoignent Paris. Chacun peut ne pas y avoir de voisin. Je le quitte treize minutes plus tard.
Une rue de la Gare descend vers le pont qui permet de traverser la Cère puis je pars à l’assaut des rues pentues de ce bourg de petite montagne dont le passé de ville thermale est effacé. Ses habitants font la file sur le trottoir devant l’unique boucherie et l’unique boulangerie. Je photographie quelques maisons imposantes dont le Manoir qui autrefois était un couvent de bénédictines où l’on s’occupait de l’éducation des jeunes filles (ça me rappelle quelque chose) puis je grimpe jusqu’à la chapelle du Calvaire d’où l’on a vue panoramique.
Derrière l’église est le départ d’un chemin qui doit mener à la cascade de la Conche. Je demande à une autochtone si c’est loin. Un quart d’heure, me dit-elle, ajoutant : « Faut y aller avant qu’il n’y ait plus d’eau, y en a déjà pas beaucoup. » Il ne m’en faut pas plus pour que je renonce. A quoi bon aller voir une cascade rendue à l’état de pissette.
Je retourne du côté de la Gare où j’ai repéré un restaurant possible, le Bel Horizon. J’y réserve une table et en attendant midi y prends un café. A l’heure officielle du repas, je choisis la meilleure table de la terrasse, celle ombragée par un arbre, la température a doublé depuis ce matin.
Cet hôtel semble vivre au ralenti. Il faut plus d’un quart d’heure pour que la serveuse qui a l’air de sortir du formol vienne s’occuper de moi. Le menu du jour à dix-sept euros étant proposé le samedi, je le prends : assiette de charcuterie, cuisse de poulet pommes au four et crème brulée. En l’absence de pichet, je prends une demi-bouteille de saint-pourçain deux mille dix-sept à onze euros de chez Jean-Pierre Laurent. « Ce vin a été créé dans la philosophe du domaine afin d’élaborer des vins à notre image malgré les aléas climatiques », est-il écrit de façon absconse sur l’étiquette. Je le trouve un peu jeune.
C’est bien, mais mon Guide du Routard de deux mille deux m’apprend qu’à cette époque on y mangeait mieux et pour moins cher, avec l’apéritif offert. Côté hôtel, le prix des chambres a doublé comme partout.
A part moi (« le monsieur tout seul », comme dit la serveuse) ne mangent là que trois habitués à tournées d’apéro. Je crains pour l’avenir de cet établissement. Comme pour celui de la Gare près de laquelle est déployée une banderole « Comité pluraliste de défense, de modernisation et de promotion des lignes ferroviaires du Cantal. Non à la fermeture ».
Redescendu au bord la Cère, je prends place à la terrasse ombragée de l’Hôtel Restaurant Beauséjour, plus chic, mieux situé, avec un peu plus de clientèle, mais les affaires doivent être difficiles car un panneau annonce que tout le monde est bienvenu et que le café n’est qu’à un euro trente.
Après avoir bu le mien, je lis là tranquillement Montaigne. Jusqu’à ce qu’arrive l’inévitable pousseuse de poussette garnie. Ce n’est pas tant que son un an et demi soit particulièrement pénible, c’est elle qui l’est à bêtifier sans cesse.
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« Si Balzac avait été auvergnat, il aurait, c’est sûr, choisi Vic-sur-Cère pour en faire le théâtre de la comédie auvergnate », prétendait Le Routard en deux mille deux. Marguerite de Valois s’y fit soigner. Anne d’Autriche aussi. Louis le Quatorzième s’en faisait envoyer de l’eau pour soigner sa goutte. Le plus étrange est qu’à un moment, Vic fut sous la domination de la Principauté de Monaco.