A la vente de livres d’occasion d’Amnesty International à Val-de-Reuil (deuxième)

24 mars 2015


Dimanche matin, je suis de nouveau à attendre devant le lycée Marc-Bloch de Védéherre, seul cette fois. Ce que voyant, les membres d’Amnesty International déjà présents me font entrer avant l’heure avec la cordialité un peu trop expressive qui caractérise ce genre de militants.
-Ça a marché hier ? demande l’un aux deux autres.
-Oui, on a vendu quatre mille livres. A un moment, on a dû ouvrir quatre caisses en parallèle.
-Oui, mais des livres à un ou deux euros, tempère le troisième.
-Quand même, entre quatre mille et huit mille euros en une journée, c’est pas mal.
Effectivement, me dis-je.
J’ai toutes les salles pour moi, jusqu’à ce qu’arrive à l’heure officielle l’une de mes connaissances rouennaises, ancien relieur qui fit aussi bouquiniste à une époque dans une partie de son atelier.
-Vous êtes déjà là ? Comment avez-vous fait pour entrer avant l’heure ? me demande-t-il.
Aujourd’hui, c’est moi qui fais figure de privilégié. Il est spécialement intéressé par les philosophes et encore plus par les Pères de l’Eglise mais ayant manqué la journée d’hier faute d’information, il ne trouve rien pour lui dans les bacs. Reste la salle baptisée « livres anciens » où il va aller faire un tour. On y trouve tout et n’importe quoi à condition que ce soit vieux et dépenaillé et donc considéré par celui qui s’en occupe jalousement comme rare et de grande valeur. C’est lui, improvisé libraire d’ancien chaque année, qui fixe les prix selon ses critères dont sans doute celui de deviner combien l’éventuel acheteur est prêt à mettre dans la vieillerie.
L’ancien relieur en revient dépité :
-Je ne peux pas le supporter, me dit-il et m’expliquant que ce cas relève de la psychiatrie.
De mon côté, je trouve de quoi emplir un sac, dont Messages, Signes & Dyables, trois cent quatre-vingts dessins d’André Malraux (Jacques Damase-Denoël  éditeurs), Le Temps du cœur, la correspondance amoureuse d’Ingeborg Bachmann et Paul Celan (Le Seuil) et J’avais peur de Virginia Woolf, les souvenirs de Richard Kennedy, qui fut à seize ans le grouillot de l’écrivaine, illustrés par lui-même, avec « un poster pliant de la vie avec les Woolf, par la grande porte et la petite » (Anatolia).
Je paie mon modeste dû, semblant ne pas entendre les voix féminines qui tentent de m’attirer vers les tables à pétitions, et arrive à la maison à midi pile, l’heure de l’apéritif que je prends désormais et malheureusement seul.
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Petits malentendus sans importance, recueil de nouvelles d’Antonio Tabucchi, dont le titre est à la fois une explication et une excuse à sa présence au rayon des policiers en poche à la vente de Védéherre.
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Ce dimanche est celui du premier tour des élections départementales mais dégoûté à des titres divers par tou(te)s les candidat(e)s, je m’abstiens. Plus précisément, je fais la grève du vote.
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Il n’empêche que j’ai quand même failli voter, pour un autre ne pouvant y aller, mais il s’est avéré que nous n’étions pas du même bureau.