A l’Ouest (vingt-deux) : Port-Louis Cimetière Marin

13 juin 2024


Triste nouvelle pour qui aimait ses chansons et sa personnalité, la mort de Françoise Hardy. Pour elle, qui désirait mourir afin d’échapper aux souffrances du cancer, c’est la fin du calvaire. Le ciel est bleu lorsque j’arrive à l’embarcadère du Port de Pêche. Une traversée en bateau-bus et me voici à Port-Louis où je trouve la boulangerie Denigot fermée et le bar Le Penalty fermé. C’est mercredi et ces gens ont des enfants.
Sans petit-déjeuner, je contourne le Port de Plaisance afin de voir d’en face le bourg éclairé par le soleil. J’en fais quelques photos puis m’engage sur la longue digue en bois qui me rapproche du débarcadère où le bateau-bus vient d’arriver à nouveau. J’assiste à son départ puis continue sur le sentier de randonnée. Il passe entre deux cimetières, un d’humains et un de bateaux. Ces derniers se décomposent en plein air. Il n’en reste pas grand-chose, comme les os d’une cage thoracique.
Je continue jusqu’à la pointe de Kerzo qui fait face à Lorient puis rebrousse et entre dans le cimetière des humains. Un cimetière marin où je n’ai personne à visiter mais une belle vue sur Port-Louis, son rempart et sa Citadelle.
De retour au centre du bourg, je demande à la patronne du bar tabac La Civette, maintenant ouvert, si croissants il y a. Que non, mais le petit Vival est ouvert à côté, me dit-elle. J’y achète un paquet de barquettes à la fraise à un euro quatre-vingt-trois. Je les mange avec un allongé (un euro cinquante) à la table du coin, celle qui bientôt prend le soleil et d’où l’on peut voir le clocher des deux églises en même temps, de quoi rester un peu à lire Proust et son père.
Je rejoins ensuite Le Terminus qui ferme ce soir pour huit jours de vacances et y bois un nouveau café avant d’ouvrir mon livre. Ici on entend Comment te dire adieu. Françoise Hardy a marqué le début de mon adolescence. C’est à elle que je dois mon goût définitif pour les brunes longilignes à petits seins, un goût aggravé par Jane Birkin quelques années plus tard.
Quand arrivent les premiers nuages, je retrouve l’embarcadère, traverse la rade avec le bateau-bus, monte dans le bus Onze et en descends au deuxième arrêt situé au milieu de l’avenue de La Perrière où sont plusieurs restaurants. Je choisis Le Relais de la Perrière et m’installe à sa terrasse de trottoir. Le menu du jour est à dix-sept euros : terrine au saumon fumé, rognons de veau sauce balsamique et moelleux au chocolat. C’est un endroit où mangent des ouvriers qui travaillent dans le coin. On ne peut pas dire que ce soit de la cuisine artisanale.
Quand j’en ai terminé, je retourne à l’embarcadère du Port de Pêche, retraverse la rade avec Le Kerpont et rejoins la terrasse du Terminus pour le café. Près de moi, un homme est au téléphone :
« Je suis au paradis
Je suis à Port-Louis. »
                                                                         *
Port-Louis est l’une de ces rares communes à ne pas avoir mis Bardella en tête aux Européennes. Il est arrivé derrière Glucksmann.
                                                                          *
Françoise Hardy s’était engagée pour le projet de loi dit de fin de vie. On n’est pas prêt de le revoir à l'ordre du jour. La dissolution l’a enterré.