Ce mardi matin alors qu’une sorte de brouillasse m’oblige à utiliser mon vêtement de pluie pour la première fois, les arcades rochelaises prouvent leur utilité et c’est peu mouillé que j’arrive à hauteur de la place de Verdun au Café de la Paix.
Cet établissement classé Monument Historique est quasiment désert à mon entrée. Aussi puis-je, avec l’accord des garçons, en photographier l’intérieur, murs à miroirs, grands lustres rococos, plafonds décorés de stucs et peintures florales, avant de commander un café verre d’eau à deux euros. Peu après arrivent des habitué(e)s à café et des couples de passage à petit-déjeuner. Tandis que l’un des garçons sert, l’autre fait briller.
Le Café de la Paix a été construit en mil huit cent cinquante-deux à l'emplacement d'un établissement hospitalier édifié en mil sept cent douze sur les plans de l'ingénieur militaire Claude Masse et de diverses maisons dont une partie servait déjà de café militaire depuis le début du dix-neuvième siècle. Il a été réaménagé vers mil neuf cent par le dénommé Carache. La salle du café, avec son décor Belle Epoque, a été restaurée en mil neuf cent trente et un.
L’un de ses clients célèbres fut Georges Simenon, quand, à l’âge de vingt-neuf ans, il loua près de là, à Marsilly, une gentilhommière nommée La Richardière où il resta deux ans. A cette époque, il possédait deux loups qu’il promenait en laisse comme des chiens dans le village, jusqu’à ce qu’il soit obligé de s’en débarrasser.
C’est en sulky, tiré par un cheval, et traversant les champs de blé et de colza, ce qui lui causait des soucis avec les paysans, que Simenon se rendait à La Rochelle. On a rescellé un anneau sur le mur du Café de la Paix à l’endroit où il avait l'habitude d'attacher son cheval, mais le vrai est entre les mains de la fille du propriétaire.
L’écrivain laissait traîner ses oreilles sous les lustres. Je fais de même mais sans succès car mes voisins sont trop loin. De plus, une radio couvre les paroles des uns et des autres. Elle permet à l’un des garçons de chanter L’amour à la machine avec Alain Souchon.
Dans ce cadre enchanteur, je lis longuement Choses vues de Victor Hugo, espérant une éclaircie qui ne vient pas. Il semble que l’on soit parti pour passer la journée dans un brumisateur.
*
Et ce crachin est toujours de mise quand je rejoins L’Ardoise pour y déjeuner de son menu du jour : petite salade grecque, boudin noir aux deux pommes et tarte abricot amandes. Ma surprise est de découvrir que la petite serveuse à queue de cheval est la fille des jeunes tenanciers. Elle est aujourd’hui vêtue de son ticheurte noir Opération Requiem de défenseuse des animaux marins.
*
Je suis un homme qui pense à autre chose. (Victor Hugo, Choses vues)
Cet établissement classé Monument Historique est quasiment désert à mon entrée. Aussi puis-je, avec l’accord des garçons, en photographier l’intérieur, murs à miroirs, grands lustres rococos, plafonds décorés de stucs et peintures florales, avant de commander un café verre d’eau à deux euros. Peu après arrivent des habitué(e)s à café et des couples de passage à petit-déjeuner. Tandis que l’un des garçons sert, l’autre fait briller.
Le Café de la Paix a été construit en mil huit cent cinquante-deux à l'emplacement d'un établissement hospitalier édifié en mil sept cent douze sur les plans de l'ingénieur militaire Claude Masse et de diverses maisons dont une partie servait déjà de café militaire depuis le début du dix-neuvième siècle. Il a été réaménagé vers mil neuf cent par le dénommé Carache. La salle du café, avec son décor Belle Epoque, a été restaurée en mil neuf cent trente et un.
L’un de ses clients célèbres fut Georges Simenon, quand, à l’âge de vingt-neuf ans, il loua près de là, à Marsilly, une gentilhommière nommée La Richardière où il resta deux ans. A cette époque, il possédait deux loups qu’il promenait en laisse comme des chiens dans le village, jusqu’à ce qu’il soit obligé de s’en débarrasser.
C’est en sulky, tiré par un cheval, et traversant les champs de blé et de colza, ce qui lui causait des soucis avec les paysans, que Simenon se rendait à La Rochelle. On a rescellé un anneau sur le mur du Café de la Paix à l’endroit où il avait l'habitude d'attacher son cheval, mais le vrai est entre les mains de la fille du propriétaire.
L’écrivain laissait traîner ses oreilles sous les lustres. Je fais de même mais sans succès car mes voisins sont trop loin. De plus, une radio couvre les paroles des uns et des autres. Elle permet à l’un des garçons de chanter L’amour à la machine avec Alain Souchon.
Dans ce cadre enchanteur, je lis longuement Choses vues de Victor Hugo, espérant une éclaircie qui ne vient pas. Il semble que l’on soit parti pour passer la journée dans un brumisateur.
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Et ce crachin est toujours de mise quand je rejoins L’Ardoise pour y déjeuner de son menu du jour : petite salade grecque, boudin noir aux deux pommes et tarte abricot amandes. Ma surprise est de découvrir que la petite serveuse à queue de cheval est la fille des jeunes tenanciers. Elle est aujourd’hui vêtue de son ticheurte noir Opération Requiem de défenseuse des animaux marins.
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Je suis un homme qui pense à autre chose. (Victor Hugo, Choses vues)