Le jour est venu, un mercredi parce que c’est le marché, de m’attaquer au gros morceau qu’est Plouha, une commune très étendue dont le centre est loin de la mer.
Ce marché n’est pas encore totalement installé lorsque le car BreizhGo direction Paimpol me dépose à l’arrêt La Poste. Si celle-ci est discrète, l’église se fait bien voir, mais elle est quelconque.
Au Fournil de la Poste, j’achète un pain au chocolat (un euro vingt) et commande à La Taverne, juste à côté, un allongé verre d’eau à un euro trente.
L’Office de Tourisme est à deux pas. Une employée me confirme que pour aller au port de Gwin Segal ou à la plage du Palus, il faut marcher longtemps sur une route qui descend et qu’il faudra remonter. De même est inatteignable la chapelle Kermaria an Isquit connue pour sa danse macabre. Un fidèle lecteur me l’a recommandée, m’écrivant qu’autrefois on allait chercher la clé chez la voisine, ce que dit aussi mon Guide du Routard Bretagne Nord de deux mille huit. Aujourd’hui, plus de clé chez la voisine, il faut prendre rendez-vous par téléphone. Ce qui rend la chose moins excitante. Quoi qu’il en soit, trois kilomètres pour aller et trois kilomètres pour revenir, cela aurait été trop pour moi. Je reste donc dans le bourg qui n’a pas grand-chose à offrir, hormis la vue de son marché fréquenté par des Breton(ne)s pur cidre.
Pour bien les observer, je m’installe à la terrasse de La Taverne où je bois un deuxième café. Vers onze heures, c’est la foule. J’ai près de moi une marchande de pinces à linge « Allez ! Des pinces à linge de qualité ! Profitez ! » Cela se vend, mais peu. Des files d’attente se forment à d’autres endroits. Y compris devant certaines boutiques du pays, comme je le constate en refaisant un tour.
Il y en a une qui est fermée, la poissonnerie derrière l’église, et si file d’attente il y a devant, c’est pour lire l’avis de décès affiché sur le rideau baissé. Le poissonnier vient de mourir. D’une crise cardiaque sur son voilier, dit l’un. Un grand marcheur pourtant, dit une autre. Il laisse une veuve de trente-quatre ans et deux jeunes enfants. « Ça fait drôle » « On n’est pas grand-chose » « J’allais le dire ».
A midi, je vais au Rest’o qui affiche un menu ouvrier. La salle est triste, la musique disco, les ouvriers seuls ou à deux, le menu à quatorze euros, une tarte provençale maison (bonne), un fish and chips (où je laisse la moitié des frites industrielles), une mousse au chocolat (acceptable), le quart de vin blanc est à trois euros.
Je rejoins La Taverne à l’heure où au marché on déshabille les mannequins. La vendeuse de pinces à linge est déjà partie. J’ai le temps de finir mon café en terrasse avant que ne tombent quelques gouttes. Il est bientôt l’heure du car de retour. Celui-ci me laisse à Kertugal, le quartier de Saint-Quay où se situe mon logis provisoire.
*
Il y a aussi, à Plouha, Babelle « librairie salon de thé » et La Barbe « café culture » mais ces lieux ne m’attirent pas. Je préfère La Taverne, où quand une femme pose sa cigarette dans le cendrier que j’ai repoussé au coin de ma table, sa fille la reprend en disant : « Attends, le monsieur, y fume peut-être pas, tu vas lui mettre la fumée dans la goule ».
*
Quelle tristesse cette ville de Dieppe qui fait refaire l’affiche de son festival de bande dessinée parce qu’on y voyait une jeune femme en léger décolleté appuyée sur deux piles de livres. L’auteur du dessin a accepté d’ajouter une troisième pile de livres ne reposant sur rien pour cacher ce début de seins qu’on ne saurait voir.
J’en connais qui auraient protesté il y a quelques années et qui ne disent plus rien aujourd’hui, ayant eu, elles aussi, eux aussi, le cerveau grignoté par les injonctions du nouvel ordre moral ou bien qui ont désormais peur de donner leur avis.
Ce marché n’est pas encore totalement installé lorsque le car BreizhGo direction Paimpol me dépose à l’arrêt La Poste. Si celle-ci est discrète, l’église se fait bien voir, mais elle est quelconque.
Au Fournil de la Poste, j’achète un pain au chocolat (un euro vingt) et commande à La Taverne, juste à côté, un allongé verre d’eau à un euro trente.
L’Office de Tourisme est à deux pas. Une employée me confirme que pour aller au port de Gwin Segal ou à la plage du Palus, il faut marcher longtemps sur une route qui descend et qu’il faudra remonter. De même est inatteignable la chapelle Kermaria an Isquit connue pour sa danse macabre. Un fidèle lecteur me l’a recommandée, m’écrivant qu’autrefois on allait chercher la clé chez la voisine, ce que dit aussi mon Guide du Routard Bretagne Nord de deux mille huit. Aujourd’hui, plus de clé chez la voisine, il faut prendre rendez-vous par téléphone. Ce qui rend la chose moins excitante. Quoi qu’il en soit, trois kilomètres pour aller et trois kilomètres pour revenir, cela aurait été trop pour moi. Je reste donc dans le bourg qui n’a pas grand-chose à offrir, hormis la vue de son marché fréquenté par des Breton(ne)s pur cidre.
Pour bien les observer, je m’installe à la terrasse de La Taverne où je bois un deuxième café. Vers onze heures, c’est la foule. J’ai près de moi une marchande de pinces à linge « Allez ! Des pinces à linge de qualité ! Profitez ! » Cela se vend, mais peu. Des files d’attente se forment à d’autres endroits. Y compris devant certaines boutiques du pays, comme je le constate en refaisant un tour.
Il y en a une qui est fermée, la poissonnerie derrière l’église, et si file d’attente il y a devant, c’est pour lire l’avis de décès affiché sur le rideau baissé. Le poissonnier vient de mourir. D’une crise cardiaque sur son voilier, dit l’un. Un grand marcheur pourtant, dit une autre. Il laisse une veuve de trente-quatre ans et deux jeunes enfants. « Ça fait drôle » « On n’est pas grand-chose » « J’allais le dire ».
A midi, je vais au Rest’o qui affiche un menu ouvrier. La salle est triste, la musique disco, les ouvriers seuls ou à deux, le menu à quatorze euros, une tarte provençale maison (bonne), un fish and chips (où je laisse la moitié des frites industrielles), une mousse au chocolat (acceptable), le quart de vin blanc est à trois euros.
Je rejoins La Taverne à l’heure où au marché on déshabille les mannequins. La vendeuse de pinces à linge est déjà partie. J’ai le temps de finir mon café en terrasse avant que ne tombent quelques gouttes. Il est bientôt l’heure du car de retour. Celui-ci me laisse à Kertugal, le quartier de Saint-Quay où se situe mon logis provisoire.
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Il y a aussi, à Plouha, Babelle « librairie salon de thé » et La Barbe « café culture » mais ces lieux ne m’attirent pas. Je préfère La Taverne, où quand une femme pose sa cigarette dans le cendrier que j’ai repoussé au coin de ma table, sa fille la reprend en disant : « Attends, le monsieur, y fume peut-être pas, tu vas lui mettre la fumée dans la goule ».
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Quelle tristesse cette ville de Dieppe qui fait refaire l’affiche de son festival de bande dessinée parce qu’on y voyait une jeune femme en léger décolleté appuyée sur deux piles de livres. L’auteur du dessin a accepté d’ajouter une troisième pile de livres ne reposant sur rien pour cacher ce début de seins qu’on ne saurait voir.
J’en connais qui auraient protesté il y a quelques années et qui ne disent plus rien aujourd’hui, ayant eu, elles aussi, eux aussi, le cerveau grignoté par les injonctions du nouvel ordre moral ou bien qui ont désormais peur de donner leur avis.