A l’Ouest (treize) : Lomener

4 juin 2024


Ce lundi matin tôt, je prends le bus Té Quatre jusqu’à son terminus Pen Palud à Lomener (commune de Ploemeur). Je n’ai que deux cents mètres à parcourir pour rejoindre le petit port à flot, sa plage et sa tour du douanier dans l’anse du Stole parfaitement dessinée. En chemin j’achète à la boulangerie un pain au chocolat à un euro dix et arrivé sur place m’installe pour le manger avec un allongé à un euro quatre-vingts au Moulin Vert, bar brasserie resté dans son jus (comme disent certains) dont la vaste terrasse est on ne peut plus près de la plage et du port. La table où je suis, un pas de côté et c’est une chute deux mètres plus bas dans le sable.
« Petit port breton pittoresque », « Véritable carte postale », Lomener m’est cher car c’est le lieu de mes premières vacances (je ne partais qu’une journée par an avec mes parents). Des vacances payées avec mon petit salaire d’élève-maître de l’Ecole Normale d’Évreux. C’était en mil neuf cent soixante-douze, à Pâques. Je campais et ai eu bien froid la nuit.
Je suis revenu à Lomener quand j’étais bien accompagné, d’abord avec celle qui va bientôt fêter son anniversaire et voit arriver la fin de l’année scolaire avec joie, puis avec celle pour qui ce lundi est un jour fort triste, celui de la dispersion des cendres.
Le sentier côtier bétonné se heurte vite à des maisons qu’il faudrait contourner pour continuer. Cela me donne envie de m’asseoir sur un banc au-dessus de l’anse voisine de Port Fontaine, face à l’île de Groix dont on distingue les maisons blanches dans le soleil.
Puis je retourne à ma table d’extrême bord au Moulin Vert, café verre d’eau Strindberg. Si le Port de Lomener est enchanteur, les bâtiments du bourg ne le sont pas, hormis ce Moulin Vert où seul le personnel a été renouvelé depuis mil neuf cent soixante-douze. Le mobilier, la devanture, sont de cette époque et peut-être me suis-je assis sur cette même chaise il y a un demi-siècle. Que des locaux en terrasse. On se parle d’une table à l’autre d’un qui vient de mourir d’une crise cardiaque, qu’on côtoyait au Cercle. Comme toujours dans ces circonstances, on l’a encore vu il y a quatre ou cinq jours. Sur la place un petit marché s’est installé.
Vers dix heures trente, je remonte la rue qui mène à l’arrêt de bus, passant près de la massive chapelle Notre-Dame de La Garde.
De retour à Lorient, je passe à la Gare pour acheter un billet Rouen Paris et retour pour un jeudi de juillet en remplacement de celui du mercredi de mon rendez-vous ophtalmologique. Je ne peux plus faire cela via Internet à cause de ces incapables du Crédit à Bricoles de Normandie qui m’ont sucré l’accès au code de paiement. Le point positif, c’est que j’ai affaire à une employée aimable et souriante.
Comme le WestPort Inn fait relâche le lundi, je déjeune chez son voisin Tavarn ar Roue Morvan, même terrasse sous les arbres, à la carte pour vingt euros cinquante, de six escargots de Groix et d’une andouillette fisel pommes de terre sauce moutarde. C’est long, c’est impersonnel, même si c’est bon. On ne m’y reverra pas.
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Ça ne s’arrange pas avec Effe Bé qui ne m’envoie décidément plus de code de connexion par texto. Plus moyen de me connecter non plus à Air Bibi puisque Effe Bé me sert d’intermédiaire. Cette modernité moderne me saoule.
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« Social traître » inscrit sur le rideau métallique du Péhesse du Morbihan et toutes les vitres cassées, c’est ce que je constate en passant devant pour aller à la Gare. Ça s’est produit dimanche vers cinq heures du matin. Un premier écrit sur le rideau s’en prenait à Glucksmann quand je suis arrivé à Lorient, effacé par les services municipaux.
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Sont pas bien gros
A Groix les escargots