A l’Ouest (deux) : Lorient, jour d’organisation

24 mai 2024


Après une nuit un peu moyenne dans le canapé-lit (le seul point faible de cet Air Bibi), je sors à huit heures ce jeudi. Une boulangerie artisanale est presque en face. J’y achète un croissant et un pain au chocolat pour deux euros trente-cinq. L’aimable et souriante boulangère m’indique Le Parisien comme café possiblement ouvert à cette heure, place de la Fnac.
Il l’est. Je m’installe à sa terrasse au-dessus de laquelle le soleil joue avec des nuages blancs. J’ai vue sur la voie réservée aux bus (content d’en voir passer un qui va à Lomener) et aux bicyclettes (certaines chargées d’enfants allant à l’école). Je bois là un allongé à un euro soixante-dix près d’un groupe d’entrepreneurs. « Il y a trente ans, j’étais venu voir Jean-Yves Le Drian », raconte l’un puis leur conversation dérive sur une fille qui s’est cassé trois côtes sur un bateau mais ne pouvait être secourue par hélicoptère car « la mer était formée ».
Je m’occupe ensuite à m’organiser, passant d’abord à la Maison des Mobilités, cours de Chazelles. Une aimable et souriante jeune femme m’établit une carte de bus et bateau-bus en illimité pour le mois de juin au tarif plus de soixante-cinq ans, trente euros soixante. Je lui achète en plus une carte dix voyages à treize euros. Elle me donne les horaires en papier des principales lignes mais je ne peux avoir un plan du réseau. Il n’y en a plus, la faute à l’imprimeur. C’est embêtant.
À proximité se trouve l’Office de Tourisme où une aimable et souriante jeune femme me donne cinq cartes touristiques : La Rade, Rive Gauche, Littoral, Vallée du Scorff et Le Blavet, puis les horaires des quelques cars BreizhGo partant de la ville et enfin une documentation sur Lorient et ses alentours ainsi que sur l’île de Groix où je ne retournerai sans doute pas.
Après cela, je reviens place de la Fnac (officiellement place Aristide-Briand) pour mon premier café lecture de cette nouvelle escapade. Je m’installe à la terrasse du Lodge où le café est à un euro soixante-dix et ouvre August Strindberg, le troisième volume de sa Correspondance.
Pour déjeuner, je trouve le Café du Port, pas du tout sur le port mais rue du Port, une table au soleil entre deux nuages pour un rôti de porc avec écrasé de pommes de terre à douze euros et une crème brûlée à quatre euros cinquante. Quelques gouttes me tombent sur la tête. C’est passager.
Le café, je le prends à l’abri de l’auvent du Relax, le bar tabac qui fait face aux trois fenêtres de mon Air Bibi et qui ferme tôt le soir, un euro soixante. Quatre commerçantes sont mes voisines dont la marchande de bonbons d’à côté qui doit se lever sans cesse pour rouvrir sa boutique afin de nourrir les lycéen(ne)s qui s’y présentent. Une des autres est allée hier soir au spectacle de Blanche Gardin au Palais des Congrès « Elle est pas bien haute, elle doit pas dépasser un mètre soixante mais elle est pétillante. Vous regarderez le sketch sur la sodomie. »  Pendant ce temps, le ciel se couvre et il fait de plus en plus frais à cause du vent du nord. « On va encore avoir de la flotte, mais ras-le-bol, ras-le-bol ! », se désespèrent-elles en chœur.
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Aimable et souriante, je peux le dire de toutes les personnes femmes et hommes à qui j’ai affaire à Lorient depuis mon arrivée, ça change de Rouen. La ville, ni belle ni laide, est agréable, son centre presque débarrassé des automobiles.