Embêtant pour le matinal que je suis, le jour se lève de plus en plus tard. De surcroit, je dois attendre que le soleil soit vraiment là pour le sentir en terrasse. Sans lui, ça caille. Plus possible de prendre le petit-déjeuner dehors avant huit heures et demie. Jusqu’à présent, je n’ai trouvé qu’un seul estaminet ensoleillé à cette heure, le Café des Ducs, dont me voici client régulier.
Mon projet du jour est de suivre le Thiou depuis cette terrasse jusqu’où je pourrai aller. Comme c’est un jour de marché, des étals sont installés sur les ponts. Je ne peux faire les photos que je voudrais. En chemin je m’arrête à la pharmacie Sainte-Claire pour un renouvellement de médicaments. La pharmacienne ne veut pas admettre que ma mutuelle soit sur ma Carte Vitale. Elle finit par le constater. Jamais encore, où que ce soit, je n’avais eu droit à ça.
Après, le chemin qui longe le Thiou passe prés d’un local de la Croix-Rouge. Je me fraie un passage parmi des dizaines de nécessiteux à chariot qui attendent l’ouverture. Quand il n’est plus entouré de belles bâtisses, ce Thiou est une rivière sans attrait. Arrivé à un jardin de quelques bancs, je fais demi-tour.
Dans l’île du Palais, je remarque le Café des Arts dont la tersasse est à l’ombre mais à cette heure, c’est ce que je cherche. La clientèle est jeune et essentiellement locale. Le personnel jeune et survolté, souriant aussi, une rareté dans le coin. J’y bois un café à un euro soixante-dix puis lis Saint-Simon. En face, sur une porte condamnée, est une peinture rappelant qu’il n’y a pas de plan Bé pour la planète. C’est signé du logotype des Soulèvements de la Terre.
A midi, je déjeune encore une fois à La Cuisine des Amis. Le plat du jour est un filet de merlu dont l’accompagnement est quasiment le même qu’hier. Un chanteur de rue ne sachant pas chanter casse les oreilles de tout le monde. Lorsqu’il passe avec son chapeau, il ne récolte pas un centime. « Eh bien, bienvenue en France ! », commente-t-il. Quand il revient devant L’Abbaye, le restaurant un peu plus chic de la rue, il se fait éjecter avant la fin de son premier couplet. La serveuse du Napoli a sorti de son armoire une minijupe évasée. J’ai pour voisinage un homme et une femme sexagénaires. C’est un rendez-vous de site de rencontre. Lui est bien, physiquement et intellectuellement. Elle, se fait remarquer par la bêtise de ses propos et sa voix assortie. Mon dessert, vendu sous le nom de tiramisu à la framboise, est composé d’un morceau de biscuit sec, de purée de framboise et d’une crème indéfinissable.
« A demain », me dit la patronne quand je quitte les lieux. Elle s’avance un peu.
*
Le Thiou, trois kilomètres et demi, est l’exutoire du lac d’Annecy dans le Fier. C'est une rivière sans source, qui part du lac. Ça lui donne l’air de couler à l’envers.
Mon projet du jour est de suivre le Thiou depuis cette terrasse jusqu’où je pourrai aller. Comme c’est un jour de marché, des étals sont installés sur les ponts. Je ne peux faire les photos que je voudrais. En chemin je m’arrête à la pharmacie Sainte-Claire pour un renouvellement de médicaments. La pharmacienne ne veut pas admettre que ma mutuelle soit sur ma Carte Vitale. Elle finit par le constater. Jamais encore, où que ce soit, je n’avais eu droit à ça.
Après, le chemin qui longe le Thiou passe prés d’un local de la Croix-Rouge. Je me fraie un passage parmi des dizaines de nécessiteux à chariot qui attendent l’ouverture. Quand il n’est plus entouré de belles bâtisses, ce Thiou est une rivière sans attrait. Arrivé à un jardin de quelques bancs, je fais demi-tour.
Dans l’île du Palais, je remarque le Café des Arts dont la tersasse est à l’ombre mais à cette heure, c’est ce que je cherche. La clientèle est jeune et essentiellement locale. Le personnel jeune et survolté, souriant aussi, une rareté dans le coin. J’y bois un café à un euro soixante-dix puis lis Saint-Simon. En face, sur une porte condamnée, est une peinture rappelant qu’il n’y a pas de plan Bé pour la planète. C’est signé du logotype des Soulèvements de la Terre.
A midi, je déjeune encore une fois à La Cuisine des Amis. Le plat du jour est un filet de merlu dont l’accompagnement est quasiment le même qu’hier. Un chanteur de rue ne sachant pas chanter casse les oreilles de tout le monde. Lorsqu’il passe avec son chapeau, il ne récolte pas un centime. « Eh bien, bienvenue en France ! », commente-t-il. Quand il revient devant L’Abbaye, le restaurant un peu plus chic de la rue, il se fait éjecter avant la fin de son premier couplet. La serveuse du Napoli a sorti de son armoire une minijupe évasée. J’ai pour voisinage un homme et une femme sexagénaires. C’est un rendez-vous de site de rencontre. Lui est bien, physiquement et intellectuellement. Elle, se fait remarquer par la bêtise de ses propos et sa voix assortie. Mon dessert, vendu sous le nom de tiramisu à la framboise, est composé d’un morceau de biscuit sec, de purée de framboise et d’une crème indéfinissable.
« A demain », me dit la patronne quand je quitte les lieux. Elle s’avance un peu.
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Le Thiou, trois kilomètres et demi, est l’exutoire du lac d’Annecy dans le Fier. C'est une rivière sans source, qui part du lac. Ça lui donne l’air de couler à l’envers.