A l’Est (cinq) : Aix-les-Bains Petit Port

10 septembre 2023


Pour l’allongé de ce samedi matin, je ne prends pas de risque, je vais au Murano, où il est quand même à un euro soixante-dix. La patronne est de mon avis, les pains au chocolat de la Boulangerie Parisienne sont excellents. Son mari ne les trouve pas assez cuits. « Elle s’est fait piquer par le bourdon », dit-il en parlant d’elle. Elle est effectivement enceinte. Pour aller aux toilettes dans ce troquet, il faut en sortir et monter au premier étage de l’immeuble où on les trouve près d’un appartement.
Après ce petit-déjeuner, je prends la direction de Grand Port avec le bus Un mais j’en descends avant, à l’arrêt Camping. Celui-ci est complet, un écriteau l’annonce en cinq langues. Ce n’est pas la rentrée pour tout le monde. Pour ma part, après le temps mitigé de juin en Bretagne puis le temps moyen de juillet août en Normandie, j’ai l’impression que c’est le début de l’été. Un été trop chaud hélas.
Le ciel est donc bleu tous les jours depuis que je suis arrivé à Aix-les-Bains. Je traverse la route pour rejoindre ce qu’on appelle l’Esplanade, une longue allée rectiligne bordée de platanes qui longe le lac. J’y marche à l’ombre, avec Grand Port dans le dos et Petit Port en ligne de mire. Ce dernier est au bout de l’allée.
Il est charmant, composé de plusieurs bassins, dont l’un réservé aux barques de pêche. Malheureusement, il est jouxté par des gargotes et des attractions foraines. Heureusement, elles sont encore fermées. Au-delà, c’est la plage, où sont déjà présentes quelques baigneuses.
Revenu sur mes pas, je m’assois sur le premier banc de l’Esplanade et ouvre les Mémoires de Saint-Simon. Avec quelle méchanceté cet aristocrate décrit-il les aspects physiques et moraux de ses contemporains, c’est réjouissant, et ça m’incite à chercher des noises à autrui. Ainsi quand je reprends l’allée m’en prends-je à deux bicyclistes qui y pédalent alors qu’elle est réservée aux piétons. C’est écrit dessus tous les cent mètres.
Je marche jusqu’à rejoindre Grand Port. Un café à deux euros quarante au Skiff me donne un alibi pour lire en terrasse jusqu’à ce qu’il soit presque midi. Je vais alors voir ce que propose la crêperie d’à côté. Les galettes y sont à quatorze ou quinze euros. Déjà que la crêpe c’est le degré zéro de la cuisine, s’il faut en plus se faire estamper de la sorte.
Je rejoins l’abribus où je discute avec une autochtone en attendant le prochain. Elle m’apprend que le terminus de la ligne Un, au Bourget-du-Lac, est aussi le point de départ d’un bus de Chambéry, le A, qui permet de rejoindre le centre de cette ville.
Revenu au centre d‘Aix, je cherche un restaurant possible près du marché. Je n’y vois que des troquets, dont l’un nommé Le Troquet. Aussi je repasse à la Boulangerie Parisienne, où ce matin la boulangère a bien voulu m’échanger mon billet de cinquante contre deux de vingt et un de dix, et achète un sandouiche à quatre euros que je vais manger à mon cinquième étage, complétant avec du fromage et des fruits achetés l’autre jour au Franprix d’en face la Gare.
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Peu de claque-sons dans la nuit pour la victoire des joueurs de l’équipe de France de rugby. Pas entendu de cris de voisinage à l’heure du match. Ça n’a pas l’air de passionner les gens d’ici, même si Aix-les-Bains semble concernée par la compétition. Des banderoles « Bienvenue à la Namibie » sont présentes en ville.