A Paris un mercredi entre deux eaux

18 juillet 2024


Ambiance de départ en vacances dans le sept heures vingt-trois pour Paris ce mercredi. Quatre lycéennes occupent le carré famille le plus proche et bavardent « Mais je la connais Cassandre, c’est la fille du chef de mon père. » tandis que je lis Une Anglaise à Paris de Nancy Mitford, des chroniques écrites pour des journaux britanniques au temps de ma naissance. Oh ! comme j’aime Paris au mois de juillet ! Pendant trois jours, les 13, 14 et 15, la population danse dans les rues avant un exode massif en bord de mer et à la montagne.
A l’arrivée, sous un ciel bleu dans lequel ne se dissolvent pas mes idées noires, évitant le métro Trois saturé, je descends par le colimaçon prendre le Quatorze jusqu’à Madeleine et ça passe facilement. Peu de monde dans la Huit qui me conduit ensuite à Ledru-Rollin.
Un café comptoir au Camélia puis je rejoins le Marché d’Aligre. Que des dévédés à un euro chez Emile, et chez Amin, des livres sans intérêt pour moi. Pédestrement, je rejoins. Re-Read où j’arrive à l’ouverture, ayant déjà trop chaud. Il y a là quelques livres que j’aurais acheté un euro mais pas quatre, et plus de personnes vendant des livres qu’en achetant.
A onze heures j’entre chez Book-Off rue du Faubourg-Saint-Antoine où la ridicule petite banderole souhaitant la bienvenue aux chalands a disparu et en ressors à midi moins le quart avec quatre livres à un euro Le Monde horizontal de Bruno Remaury (Editions Corti), Le bonnet rouge de Daniel de Roulet (Héros-Limite), L’appartement d’André Markowicz (Editions Inculte) et Un diamant brut (Vézelay-Paris 1938-1950) d’Yvette Szczupak-Thomas (Métailié).
Faute de déjeuner au Paris avec celle qui travaille à Bastille et qui a annulé, je renoue avec le Rallye, plus Péhemmu chinois que jamais. La fille aînée que j’ai connue bébé tient la caisse. Une nouvelle serveuse m’apporte l’andouillette sauce moutarde à l’ancienne frites salade à douze euros puis le café à un euro.
Il fait chaud au sous-sol du deuxième Book-Off, celui de Châtelet, qui l’apprends-je fermera aussi du cinq au dix-huit août. Les employé(e)s ont installé de façon sommaire un ventilateur près de la table où se trient les livres. Le rayon Littérature a déménagé dans la troisième salle à une hauteur qui est bonne pour moi. Parmi les livres à un euro je prélève Alain-Fournier les chemins d’une vie (Guide biographique illustré) d’Alain Rivière (Le Cherche Midi), Avec mon meilleur souvenir de Françoise Sagan (Gallimard), La critique créatrice d’Oscar Wilde (Editions Complexe) et La dernière année de Dostoïevski d’Igor Volguine (Editions de Fallois / L’Age d’Homme).
Avant d’entrer au troisième Book-Off, je prends le frais sur un banc à l’ombre de la placette derrière la sortie du métro Quatre Septembre. La boutique Nicolas a déposé le bilan, elle s’était mise à vendre de la bière, c’était mauvais signe. Quant au vendeur de fruits à la sauvette, il n’est plus là.
Un café au comptoir du Bistrot d’Edmond et je fais une dernière pêche à un euro au troisième Book-Off, qui à ce jour ne prévoit pas de fermer en août, Lisbonne Livre de bord Voix, regards, ressouvenances de José Cardoso Pires (Arcades Gallimard) et Confidences d’une jeune fille de Pauline de Pange (Les Cahiers Rouges Grasset).
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Rentré, j’apprends que feu l’Abbé Pierre fait la une. Cela me remet en mémoire le texte de mon Journal du vingt-six juin deux mille douze consacré à La passe imaginaire de Grisélidis Réal, écrivaine, peintre, mère de quatre enfants, pute révolutionnaire, sa correspondance avec Jean-Luc Hennig, publiée de son vivant en mil neuf cent quatre-vingt-douze chez Manya.
J’y citais un extrait d’une des lettres à Jean-Luc Hennig, celle écrite par Grisélidis Réal le jeudi vingt-quatre mai mil neuf cent quatre-vingt-dix après s’être fait incendier pour avoir à la télé dans une émission de Christophe Dechavanne révélé que l’Abbé était client des maisons closes suisses :
Quant à mes « excuses » à l’Abbé Pierre, les gens qui me connaissent bien savent que c’était du cinéma (nécessaire, et même indispensable, pour sauver et redorer la cause des Putes). D’ailleurs, attention ! J’ai dit « que je n’avais pas voulu lui faire du mal et que je lui demandais pardon de l’avoir cité », c’est tout. Je ne me suis en aucun cas rétractée. C’est lui qui, en mentant, a ajouté le mensonge au « péché de la chair »… Mais ça, ça le regarde, ça ne me concerne plus.
J’ai fait, ce matin, des téléphones qui m’ont confirmée dans mes convictions que cet Abbé n’avait pas été vu, en endroit « clos », que par moi !! Et en plus, il était soigné, à l’époque, près de Genève, aux « Rives de Prangins », qui est un asile psychiatrique pour riches…