Il est rare que le mercredi soit choisi par les syndicats pour défiler à Paris. C’est le cas en ce dernier de janvier. Je me renseigne. La grève n’aura aucune incidence sur les trains et pas davantage sur les métros. La manifestation ne passera pas par mes quartiers.
Je peux donc me charger de livres. Un sac à vendre chez Book-Off au bout d’un bras, un autre de déjà vendus dans le dos, j’échappe à l’averse entre chez moi et la gare.
Dans le sept heures cinquante-sept je dépose mon fardeau sur le siège à côté du mien, lis Ornement et crime d’Adolf Loos pendant une heure vingt, puis le reprends pour aller à pied jusqu’au Bistrot d’Edmond.
A dix heures, j’obtiens de Book Off sept euros trente pour la moitié de mon chargement puis cherche dans quoi les investir. Un livre qui m’intéresserait est bouclé derrière une vitrine. C’est Journal de Valery Larbaud publié chez Gallimard. Il affiche trente euros. M’en détournant, je dépense quatre euros pour quatre livres.
Vers onze heures quinze j’ai à peine le temps de me poster près d’un des bancs de la placette de Quatre Septembre que je vois arriver celui qui vient au nom de mon acheteur me débarrasser de la seconde partie de mon fardeau. L’affaire est vite faite et grâce au métro Huit je suis à midi moins le quart au Péhemmu chinois de la rue du Faubourg Saint-Antoine.
-Bonne année du Rat, dis-je à la gentille serveuse.
-On espère qu’elle va être bonne, me répond-elle.
-Oui, cela commence mal, lui dis-je.
-Mais cela va s’arranger, conclut-elle.
Le coronavirus n’a pas l’air de porter préjudice à l’endroit, Des pauvres y placent toujours l’argent de leur maigre retraite ou de leurs minima sociaux dans des jeux à perdre. La plupart sont des habitués appelés par leur prénom, tutoyés et tutoyant.
-Je veux te souhaiter une bonne année, dit l’un à la patronne, comment on dit en chinois ?
-C’est trop compliqué pour toi.
Mon habituel repas terminé, j’entre au second Book-Off et y trouve Lettres d’Oscar Wilde, que publie Gallimard, à sept euros, un prix suffisamment raisonnable pour que le fasse mien.
Dans le métro Huit qui me ramène vers Saint-Lazare monte à République un garçon asiatiqueté dont le masque protecteur est aussi élégant que le manteau. Nul(le) ne lui fait l’offense de s’écarter. Lorsque je descends à Opéra, c’est avec l’intention de prendre la correspondance du Trois mais mu par l’habitude, je prends la sortie.
Tu n’as plus qu’à aller à pied jusqu’à La Ville d’Argentan, âne bâté.
*
Au Book-Off de Quatre Septembre, une grosse femme laide au téléphone: « Je préfère l’autre Book-Off, y sont pas sympas ici. Et puis, je peux pas saquer Paris. Que des violeurs partout. »
*
Autre achat du jour, le petit livre de Pierre Louÿs, publié à la Bourdonnaye, Sonnets libertins suivi de Enculées – Journal érotique,. Parmi ces dernières quelques Rouennaises.
Je peux donc me charger de livres. Un sac à vendre chez Book-Off au bout d’un bras, un autre de déjà vendus dans le dos, j’échappe à l’averse entre chez moi et la gare.
Dans le sept heures cinquante-sept je dépose mon fardeau sur le siège à côté du mien, lis Ornement et crime d’Adolf Loos pendant une heure vingt, puis le reprends pour aller à pied jusqu’au Bistrot d’Edmond.
A dix heures, j’obtiens de Book Off sept euros trente pour la moitié de mon chargement puis cherche dans quoi les investir. Un livre qui m’intéresserait est bouclé derrière une vitrine. C’est Journal de Valery Larbaud publié chez Gallimard. Il affiche trente euros. M’en détournant, je dépense quatre euros pour quatre livres.
Vers onze heures quinze j’ai à peine le temps de me poster près d’un des bancs de la placette de Quatre Septembre que je vois arriver celui qui vient au nom de mon acheteur me débarrasser de la seconde partie de mon fardeau. L’affaire est vite faite et grâce au métro Huit je suis à midi moins le quart au Péhemmu chinois de la rue du Faubourg Saint-Antoine.
-Bonne année du Rat, dis-je à la gentille serveuse.
-On espère qu’elle va être bonne, me répond-elle.
-Oui, cela commence mal, lui dis-je.
-Mais cela va s’arranger, conclut-elle.
Le coronavirus n’a pas l’air de porter préjudice à l’endroit, Des pauvres y placent toujours l’argent de leur maigre retraite ou de leurs minima sociaux dans des jeux à perdre. La plupart sont des habitués appelés par leur prénom, tutoyés et tutoyant.
-Je veux te souhaiter une bonne année, dit l’un à la patronne, comment on dit en chinois ?
-C’est trop compliqué pour toi.
Mon habituel repas terminé, j’entre au second Book-Off et y trouve Lettres d’Oscar Wilde, que publie Gallimard, à sept euros, un prix suffisamment raisonnable pour que le fasse mien.
Dans le métro Huit qui me ramène vers Saint-Lazare monte à République un garçon asiatiqueté dont le masque protecteur est aussi élégant que le manteau. Nul(le) ne lui fait l’offense de s’écarter. Lorsque je descends à Opéra, c’est avec l’intention de prendre la correspondance du Trois mais mu par l’habitude, je prends la sortie.
Tu n’as plus qu’à aller à pied jusqu’à La Ville d’Argentan, âne bâté.
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Au Book-Off de Quatre Septembre, une grosse femme laide au téléphone: « Je préfère l’autre Book-Off, y sont pas sympas ici. Et puis, je peux pas saquer Paris. Que des violeurs partout. »
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Autre achat du jour, le petit livre de Pierre Louÿs, publié à la Bourdonnaye, Sonnets libertins suivi de Enculées – Journal érotique,. Parmi ces dernières quelques Rouennaises.