Ce mercredi matin, juste avant d’éteindre mon ordinateur, j’apprends par le groupe Usagers Le Havre Rouen Paris qu’une grosse panne est en cours à la gare Saint-Lazare et qu’aucun train ne sort ni entre. Mon rendez-vous de treize heures sous Beaumarchais avec celle qui me prête son appartement pour le ouiquennede et doit me passer la clé est soudain compromis. Allons voir quand même, me dis-je.
Une gilet rouge m’apprend que mon train, celui de sept heures vingt-quatre, devrait partir mais il s’arrêtera à Mantes-la-Jolie, ensuite il faudra prendre le Transilien. Une fois dans le train, le chef de bord nous informe que ce sera Houilles-Carrières le point final, ensuite ce sera Erre Heu Erre, le A. Peu avant l’arrivée à Houilles, il nous indique que des employés de la Senecefe nous donneront des billets gratuits et demande à ceux qui se trouvent en queue de train de remonter la rame car le quai est trop court.
La descente se fait sur un quai bondé, plus question de billet, gratuit ou non. Je suis le mouvement, monte à droite après le passage souterrain. La masse d’usagers attendant le prochain Erre Heu Erre est énorme, toute la Normandie est déversée ici, à quoi s’ajoutent les banlieusards habituels. Sur le quai voisin, le Paris Cherbourg, devenu Houilles Cherbourg, va bientôt partir, presque vide.
Des hommes à gilet mauve et petite sono portative canalisent le flot avec efficacité. On nous conseille de descendre à Auber. Ce n’est qu’au troisième Erre Heu Erre A que je peux monter. Il est plein comme un œuf et ne part pas. « J’ai une nouvelle catastrophe à vous annoncer, dit le conducteur, un rail vient de casser entre La Défense et Auber, ce train sera donc terminus La Défense et sa circulation va être perturbée. » Il finit par partir, s’arrête de temps à autre. Une fois, ses lumières baissent soudainement. « Joyeux anniversaire », se met à chanter un voyageur. « Ah non, ce n’est pas ça. »
A La Défense, nous sommes je ne sais combien de dizaines de milliers. Monter les escaliers jusqu’au métro Un se fait par petites étapes successives. Tout le monde reste calme. Heureusement, car le moindre mouvement de foule se traduirait par une catastrophe. Les tourniquets sont neutralisés, le métro rendu gratuit. L’entrée du quai est contrôlée par deux femmes munies d’un simple ruban de plastique vert et blanc qu’elles lèvent au-dessus de leur tête pour faire passer un groupe puis rabaissent pour stopper le mouvement. Au bout de trois au quatre vagues j’atteins le quai et trouve place debout dans une rame ultra bondée. Cette ligne a l’avantage d’aller à Bastille.
J’entre au Café du Faubourg à dix heures et demie. La chaîne d’info continue montre des images sur lesquelles peut-être je suis, mais c’est chercher Charlie.
Après cette épreuve, être chez Book-Off m’est aussi bénéfique qu’une retraite dans un monastère. J’y trouve pour un euro pas que la fam (la faim, seule), un livre de poésie bilingue d’Ives Roqueta (Yves Rouquette) dédicacé par l’auteur à une certaine Pauline rencontrée à Lourdes à qui il conseille d’aller vite retrouver la Pauline du Hussard sur le toit de Giono.
Après un déjeuner à menu immuable au Péhemmu chinois, je vais attendre sous Beaumarchais celle qui lorsqu’elle arrive est contente de me voir là. « Comment as-tu fait ? », me demande-t-elle. Nous allons prendre un café en terrasse. Elle est aussi éprouvée que moi, s’étant levée à cinq heures pour faire sa part de travail dans son supermarché participatif en déchargeant un camion de produits frais. Néanmoins, nous passons un bon moment à discuter et elle me propose de m’héberger si ça ne s’arrange pas à Saint-Lazare.
Ce ne sera pas nécessaire, mon retour à Rouen est sans histoire.
*
Le responsable de la grosse panne de Saint-Lazare : un petit boîtier électrique qui a fait court-circuit. Il datait de mil neuf cent soixante-six. Et pendant ce temps-là, Hervé Morin, Duc de Normandie, Centriste de Droite, faisait voter lundi par la Région huit cent quarante mille euros d’autorisation de dépenses pour construire d’inefficaces portiques antifraude face aux voies vingt-cinq et vingt-six.
Une gilet rouge m’apprend que mon train, celui de sept heures vingt-quatre, devrait partir mais il s’arrêtera à Mantes-la-Jolie, ensuite il faudra prendre le Transilien. Une fois dans le train, le chef de bord nous informe que ce sera Houilles-Carrières le point final, ensuite ce sera Erre Heu Erre, le A. Peu avant l’arrivée à Houilles, il nous indique que des employés de la Senecefe nous donneront des billets gratuits et demande à ceux qui se trouvent en queue de train de remonter la rame car le quai est trop court.
La descente se fait sur un quai bondé, plus question de billet, gratuit ou non. Je suis le mouvement, monte à droite après le passage souterrain. La masse d’usagers attendant le prochain Erre Heu Erre est énorme, toute la Normandie est déversée ici, à quoi s’ajoutent les banlieusards habituels. Sur le quai voisin, le Paris Cherbourg, devenu Houilles Cherbourg, va bientôt partir, presque vide.
Des hommes à gilet mauve et petite sono portative canalisent le flot avec efficacité. On nous conseille de descendre à Auber. Ce n’est qu’au troisième Erre Heu Erre A que je peux monter. Il est plein comme un œuf et ne part pas. « J’ai une nouvelle catastrophe à vous annoncer, dit le conducteur, un rail vient de casser entre La Défense et Auber, ce train sera donc terminus La Défense et sa circulation va être perturbée. » Il finit par partir, s’arrête de temps à autre. Une fois, ses lumières baissent soudainement. « Joyeux anniversaire », se met à chanter un voyageur. « Ah non, ce n’est pas ça. »
A La Défense, nous sommes je ne sais combien de dizaines de milliers. Monter les escaliers jusqu’au métro Un se fait par petites étapes successives. Tout le monde reste calme. Heureusement, car le moindre mouvement de foule se traduirait par une catastrophe. Les tourniquets sont neutralisés, le métro rendu gratuit. L’entrée du quai est contrôlée par deux femmes munies d’un simple ruban de plastique vert et blanc qu’elles lèvent au-dessus de leur tête pour faire passer un groupe puis rabaissent pour stopper le mouvement. Au bout de trois au quatre vagues j’atteins le quai et trouve place debout dans une rame ultra bondée. Cette ligne a l’avantage d’aller à Bastille.
J’entre au Café du Faubourg à dix heures et demie. La chaîne d’info continue montre des images sur lesquelles peut-être je suis, mais c’est chercher Charlie.
Après cette épreuve, être chez Book-Off m’est aussi bénéfique qu’une retraite dans un monastère. J’y trouve pour un euro pas que la fam (la faim, seule), un livre de poésie bilingue d’Ives Roqueta (Yves Rouquette) dédicacé par l’auteur à une certaine Pauline rencontrée à Lourdes à qui il conseille d’aller vite retrouver la Pauline du Hussard sur le toit de Giono.
Après un déjeuner à menu immuable au Péhemmu chinois, je vais attendre sous Beaumarchais celle qui lorsqu’elle arrive est contente de me voir là. « Comment as-tu fait ? », me demande-t-elle. Nous allons prendre un café en terrasse. Elle est aussi éprouvée que moi, s’étant levée à cinq heures pour faire sa part de travail dans son supermarché participatif en déchargeant un camion de produits frais. Néanmoins, nous passons un bon moment à discuter et elle me propose de m’héberger si ça ne s’arrange pas à Saint-Lazare.
Ce ne sera pas nécessaire, mon retour à Rouen est sans histoire.
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Le responsable de la grosse panne de Saint-Lazare : un petit boîtier électrique qui a fait court-circuit. Il datait de mil neuf cent soixante-six. Et pendant ce temps-là, Hervé Morin, Duc de Normandie, Centriste de Droite, faisait voter lundi par la Région huit cent quarante mille euros d’autorisation de dépenses pour construire d’inefficaces portiques antifraude face aux voies vingt-cinq et vingt-six.