Avant de quitter la maison, ce mercredi, j’apprends que le train de sept heures vingt-huit est retenu en gare par des manifestants descendus sur les voies. Qu’en sera-t-il du huit heures douze ?
C’est jour de grève pour les cheminots. La Senecefe m’a informé par mail que mon train de retour sera supprimé, me conseillant de reporter mon voyage mais si je m’entête elle m’autorise à rentrer par n’importe lequel avec mon billet à dix euros. Cela m’arrange.
A la gare, une employée à gilet rouge me dit qu’il n’y a plus personne sur les voies. Le huit heures douze ne part qu’avec cinq minutes de retard. Juste après Oissel, les billets sont contrôlés, ce qui met à bas ma croyance que les jours de grève les contrôleurs ne passent pas.
Je rejoins Ledru-Rollin par les métros Trois et Huit. Le conducteur de ce dernier annonce que l’arrêt République ne sera pas effectué « sur ordre de la Préfecture de Police ». C’est qu’aujourd’hui, sur la place du même nom, ce sont les Policiers de Droite qui vont manifester « contre la haine anti flics ». « Mais si, les Français vous aiment ! » titre Le Parisien, sondage à l’appui, que je parcours au comptoir du Café du Faubourg.
Je bookoffie à mon habitude, passe au marché d’Aligre où le ciel menaçant a dissuadé certains de s’installer puis rejoins la rue de Charonne afin de déjeuneur Chez Céleste, petite créole (accras et boudins) suivi d’un bitoque (stèque surmonté d’un œuf au plat). Avec le quart de vin rouge du pays, cela fait toujours dix-huit euros cinquante.
Un bus Quatre-Vingt-Six m’emmène ensuite au Quartier Latin où je furète dans les bouquineries. A la Librairie de Cluny me fait signe l’ouvrage illustré que consacra Marie Dormoy à Paul Léautaud dans la Bibliothèque Idéale de Gallimard en mil neuf cent cinquante-huit. J’achète pour cinq euros ce livre tout jauni.
C’est la foule des grands soirs de bazar à la gare Saint-Lazare. Dès qu’un des rares trains en circulation est affiché, il est pris d’assaut. Certains anticipent pour être sûrs de voyager assis en montant dans le train qu’ils estiment aller là où ils veulent avant que celui-ci ne soit affiché. Je suis de ces intrépides et me fais avoir car ce n’est pas dans le dix-sept heures cinquante pour Rouen que je me suis installé.
En conséquence, ayant rejoint le bon train, je dois m’y asseoir en haut des marches avec pour dossier du métal dur. J’ai une petite vitre à ma gauche et vois ainsi défiler le paysage, constatant qu’à l’arrivée j’aurai besoin du parapluie. Beaucoup sont encore moins bien lotis. Épuisés par une journée de travail, ils doivent voyager debout pendant une heure et quart. Personne ne se plaint. Léautaud est là pour me tenir compagnie.
*
A la Clef des Champs, où je bois un café, un sexagénaire demande à un autre s’il repart bientôt en voyage. « Hélas non, là on va entrer dans une mauvaise période d’engagements sociaux et familiaux, inviter des gens, recevoir les enfants. »
C’est jour de grève pour les cheminots. La Senecefe m’a informé par mail que mon train de retour sera supprimé, me conseillant de reporter mon voyage mais si je m’entête elle m’autorise à rentrer par n’importe lequel avec mon billet à dix euros. Cela m’arrange.
A la gare, une employée à gilet rouge me dit qu’il n’y a plus personne sur les voies. Le huit heures douze ne part qu’avec cinq minutes de retard. Juste après Oissel, les billets sont contrôlés, ce qui met à bas ma croyance que les jours de grève les contrôleurs ne passent pas.
Je rejoins Ledru-Rollin par les métros Trois et Huit. Le conducteur de ce dernier annonce que l’arrêt République ne sera pas effectué « sur ordre de la Préfecture de Police ». C’est qu’aujourd’hui, sur la place du même nom, ce sont les Policiers de Droite qui vont manifester « contre la haine anti flics ». « Mais si, les Français vous aiment ! » titre Le Parisien, sondage à l’appui, que je parcours au comptoir du Café du Faubourg.
Je bookoffie à mon habitude, passe au marché d’Aligre où le ciel menaçant a dissuadé certains de s’installer puis rejoins la rue de Charonne afin de déjeuneur Chez Céleste, petite créole (accras et boudins) suivi d’un bitoque (stèque surmonté d’un œuf au plat). Avec le quart de vin rouge du pays, cela fait toujours dix-huit euros cinquante.
Un bus Quatre-Vingt-Six m’emmène ensuite au Quartier Latin où je furète dans les bouquineries. A la Librairie de Cluny me fait signe l’ouvrage illustré que consacra Marie Dormoy à Paul Léautaud dans la Bibliothèque Idéale de Gallimard en mil neuf cent cinquante-huit. J’achète pour cinq euros ce livre tout jauni.
C’est la foule des grands soirs de bazar à la gare Saint-Lazare. Dès qu’un des rares trains en circulation est affiché, il est pris d’assaut. Certains anticipent pour être sûrs de voyager assis en montant dans le train qu’ils estiment aller là où ils veulent avant que celui-ci ne soit affiché. Je suis de ces intrépides et me fais avoir car ce n’est pas dans le dix-sept heures cinquante pour Rouen que je me suis installé.
En conséquence, ayant rejoint le bon train, je dois m’y asseoir en haut des marches avec pour dossier du métal dur. J’ai une petite vitre à ma gauche et vois ainsi défiler le paysage, constatant qu’à l’arrivée j’aurai besoin du parapluie. Beaucoup sont encore moins bien lotis. Épuisés par une journée de travail, ils doivent voyager debout pendant une heure et quart. Personne ne se plaint. Léautaud est là pour me tenir compagnie.
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A la Clef des Champs, où je bois un café, un sexagénaire demande à un autre s’il repart bientôt en voyage. « Hélas non, là on va entrer dans une mauvaise période d’engagements sociaux et familiaux, inviter des gens, recevoir les enfants. »