« Le placement numéroté est suspendu jusqu’en février pour cause de repositionnement des voitures de première classe dans les trains », annonce une voix masculine peu de temps avant l’arrivée du sept heures cinquante-neuf pour Paris. Voilà une sage décision. Je m’étais déjà inquiété de savoir les plus aisés installés à l’avant des trains alors qu’en cas d’accident le danger de mort y est pire que dans les voitures centrales. La Senecefe va y mettre bon ordre et des pauvres ou des modestes.
Je m’installe au milieu du train, voiture Quatorze, et y lis Autoportrait d’Edouard Levé que publia Paul Otchakovsky-Laurens, lequel est mort en début du mois à Marie-Galante dans un accident de voiture. Je n’aime pas le son d’une famille dans le train, écrivait Levé. Pas de souci de cet ordre ce mercredi matin. Ma voisine la plus proche a aussi un livre en main, couvert de papier vert, ou bien qu’elle soit particulièrement soigneuse, ou bien qu’elle ne veuille pas montrer quoi.
La pluie vient de cesser lorsque je sors de la station de métro Ledru-Rollin. Le Café du Faubourg vient de rebaptiser sa partie restaurant du bobo nom de cantine (brasserie cela sent trop la sueur). J’y lis dans Le Parisien la relation de l’incendie volontaire à Créteil d’une épicerie casher déjà marquée de croix gammées dont le gérant est musulman, un triste évènement peu évoqué par les radios et les télés. Le café bu, je suis devant le rideau de Book-Off quand celui-ci se lève.
Ressorti avec quelques livres, je passe au marché d’Aligre. Les deux principaux vendeurs de livres n’y sont pas, découragés par la pluie annoncée, mais chez un autre j’achète pour deux euros les Œuvres complètes de Louis Pergaud dans l’édition qu’en fit le Club Diderot en mil neuf cent soixante-dix.
Je rejoins la Bastille et entre un peu avant midi au Rempart, rue Saint-Antoine. Velouté poireaux courgettes, bourguignon pommes vapeur et verre de vin italien un peu jeune, cela fait seize euros cinquante. L’addition réglée, je n’ai pas loin à marcher pour rejoindre La maison rouge, boulevard de la Bastille.
*
Normandie nue sur le flanc des bus parisiens. L’annonce de ce film de Philippe Le Guay est aussi sur les écrans de la gare de Rouen. On y voit neuf quinquagénaires habillés campagnard (huit hommes et une femme) « prêts à tout pour sauver leur village ». Ils se tiennent debout dans un champ où doivent pousser les navets.
*
Dans le métro, une jeune femme lit le posthume de Jean d’Ormesson Et moi, je vis toujours (Gallimard).
A la radio, j’ai capté une émission où une femme pleine d’esprit racontait des anecdotes désuètes, ce n’est que lorsque l’interviewer a nommé son interlocuteur que j’ai compris qu’il s’agissait de Jean d’Ormesson. a écrit Edouard Levé dans son Autoportrait.
*
Parmi les livres achetés un euro chez Book-Off : Mon année Salinger de Joanna Smith Rakoff (Albin Michel), L’indiscrétion des frères Goncourt de Roger Kempf (Grasset) et la première édition française d’Animal Farm de George Orwell par Gallimard sous le titre La République des Animaux, « fable traduite de l’anglais » (par qui ? ce n’est pas écrit ; on ne faisait aucun cas du traducteur en mil neuf cent soixante-quatre).
Je m’installe au milieu du train, voiture Quatorze, et y lis Autoportrait d’Edouard Levé que publia Paul Otchakovsky-Laurens, lequel est mort en début du mois à Marie-Galante dans un accident de voiture. Je n’aime pas le son d’une famille dans le train, écrivait Levé. Pas de souci de cet ordre ce mercredi matin. Ma voisine la plus proche a aussi un livre en main, couvert de papier vert, ou bien qu’elle soit particulièrement soigneuse, ou bien qu’elle ne veuille pas montrer quoi.
La pluie vient de cesser lorsque je sors de la station de métro Ledru-Rollin. Le Café du Faubourg vient de rebaptiser sa partie restaurant du bobo nom de cantine (brasserie cela sent trop la sueur). J’y lis dans Le Parisien la relation de l’incendie volontaire à Créteil d’une épicerie casher déjà marquée de croix gammées dont le gérant est musulman, un triste évènement peu évoqué par les radios et les télés. Le café bu, je suis devant le rideau de Book-Off quand celui-ci se lève.
Ressorti avec quelques livres, je passe au marché d’Aligre. Les deux principaux vendeurs de livres n’y sont pas, découragés par la pluie annoncée, mais chez un autre j’achète pour deux euros les Œuvres complètes de Louis Pergaud dans l’édition qu’en fit le Club Diderot en mil neuf cent soixante-dix.
Je rejoins la Bastille et entre un peu avant midi au Rempart, rue Saint-Antoine. Velouté poireaux courgettes, bourguignon pommes vapeur et verre de vin italien un peu jeune, cela fait seize euros cinquante. L’addition réglée, je n’ai pas loin à marcher pour rejoindre La maison rouge, boulevard de la Bastille.
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Normandie nue sur le flanc des bus parisiens. L’annonce de ce film de Philippe Le Guay est aussi sur les écrans de la gare de Rouen. On y voit neuf quinquagénaires habillés campagnard (huit hommes et une femme) « prêts à tout pour sauver leur village ». Ils se tiennent debout dans un champ où doivent pousser les navets.
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Dans le métro, une jeune femme lit le posthume de Jean d’Ormesson Et moi, je vis toujours (Gallimard).
A la radio, j’ai capté une émission où une femme pleine d’esprit racontait des anecdotes désuètes, ce n’est que lorsque l’interviewer a nommé son interlocuteur que j’ai compris qu’il s’agissait de Jean d’Ormesson. a écrit Edouard Levé dans son Autoportrait.
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Parmi les livres achetés un euro chez Book-Off : Mon année Salinger de Joanna Smith Rakoff (Albin Michel), L’indiscrétion des frères Goncourt de Roger Kempf (Grasset) et la première édition française d’Animal Farm de George Orwell par Gallimard sous le titre La République des Animaux, « fable traduite de l’anglais » (par qui ? ce n’est pas écrit ; on ne faisait aucun cas du traducteur en mil neuf cent soixante-quatre).