A Paris, passant par La Grille et La REcyclerie

17 avril 2015


Le train de huit heures sept m’emmène à Paris ce mercredi. Dans le carré le plus proche de mon siège quatre étudiantes parlent de leur saison préférée. « Les vacances de la Toussaint, c’est celles où il y a Halloween ? », demande l’une. Une quinquagénaire vêtue d’un gilet poilu installée dans le carré voisin du leur est plongée dans Nos ancêtres les Germains (les archéologues au service du nazisme) de Laurent Olivier. Elle en souligne des paragraphes entiers au stylo bleu et écrit ses commentaires à l’intérieur de la couverture. Tout à coup, se croyant peut-être en salle de cours, elle se tourne vers les quatre filles et leur intime de parler moins fort. Du coup, jusqu’à Saint-Lazare, elles ne pipent.
« Ne vous faites plus rouler pour un joint » conseille la publicité d’un site de plomberie dans les couloirs des métros Douze et Huit qui m’emmènent au Book-Off de la rue du Faubourg-Saint-Antoine. J’y fais quelques achats. Le beau temps m’incite ensuite à faire un tour au marché d’Aligre où j’aperçois parmi les acheteurs de brocante, sans en être étonné, un prof artiste des Beaux-Arts de Rouen.
A midi, je m’installe en terrasse à La Grille où je passe commande à la serveuse débutante tandis que le patron fait le mariole avec sa collection de chapeaux. La pauvre ne cesse de faire l’aller et  retour entre lui et moi mais impossible de connaître précisément le prix des vins. Par pitié pour elle et aussi parce que je me suis déjà fait avoir au moment de l’addition, je finis par commander une carafe d’eau. Après un hareng pommes à l’huile à peine tiède et l’habituel tagine au poulet, j’attends la mousse au chocolat promise quand la courageuse serveuse vient me dire que finalement il n’y en a pas. Dans ce cas, je me passerai de dessert, lui dis-je.
-Ça a été ?, me demande le coiffé d’un casque de pompier.
-Non, lui dis-je, mais je vais vous payer quand même et vous ne me reverrez pas.
Je rejoins la rue du Faubourg-Saint-Antoine et la remonte jusqu’à la place de la Nation, ce qui me rappelle le temps où j’allais attendre certaine à la sortie de l’Ecole Boulle. J’y prends le métro Deux jusqu’à Barbès où je change pour aller Porte de Clignancourt.
A l’arrivée, je pousse celle de La REcyclerie, sise dans l’ancienne gare Ornano. J’espère y trouver chaussures déjà faites à mon pied et pourquoi pas une veste. Je déchante, la vente n’a lieu qu’en certaines occasions. Ce jour, c’est cantine à bobos. Le mobilier, la décoration et la nourriture sont conformes. Je descends quand même voir à quoi ressemble l’extérieur. Le long de la voie ferrée désaffectée, d’autres mangeurs tiennent compagnie aux chèvres et aux poules.
Ressorti, je croise une autre population, plus représentative de cette partie de l’arrondissement, dans ces rues bien souvent parcourues du temps où je rendais visite à la même aux Amiraux. J’entre chez Emmaüs, rue de Clignancourt, mais point de chaussures à ma pointure, ni de livres à mon goût.
J’en trouve quelques-uns en fin d’après-midi à l’autre Book-Off puis à pied comme d’habitude, avec ma chaussure percée, je me rapproche de Saint-Lazare en faisant une pause Chez Léon. Outre les habituels piliers de comptoir, j’y côtoie deux sexagénaires. L’un a acheté à la fois Les Echos et Charlie Hebdo.
Cette semaine Luz réussit à être drôle en couverture. Sous le titre « Comment j’ai mangé mon père », on y voit la cromagnesque fille Le Pen déclarer en pleine action « Le plus dur, c’est de chier son œil de verre ! »
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Nul bar ailleurs, nom d’un troquet de la rue de Cotte, près de la place d’Aligre.
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Dans un autre café parisien :
« Dans mon immeuble à Max-Dormoy, y a que des blancs, des blancs et des jaunes, y a pas de … tu vois ce que je veux dire. »