A Paris, le premier mercredi de juillet

7 juillet 2017


Je suis encore une fois à la gare de Rouen ce mercredi matin. Parmi ceux qui ont réussi et ceux qui ne sont rien, comme dit Macron. Le train de sept heures cinquante-neuf pour Paris est à l’heure et confortable (de l’autre côté du couloir de la voiture quinze un trentenaire barbu lit un ouvrage de la Bibliothèque Verte que je n’arrive pas à identifier). Celui du retour, le dix-sept heures cinquante est une bétaillère surchauffée dans laquelle il n’est pas possible de lire. Elle ne démarre qu’à dix-huit heures et, après des ralentissements et des arrêts inopinés, arrive à Rouen avec plus de vingt minutes de retard. Entre les deux, je vaque à mes habituelles occupations.
                                                         *
Emmanuel Macron et Edouard Philippe, le visionnaire et le marchand de lunettes (sans reste à charge), celui qui voit au-delà de l’horizon et celui qui ne voit pas plus loin que le bout de son nez.
                                                         *
Il y a ceux qui ont rien, ceux qui ont peu, ceux qui ont assez, ceux qui ont beaucoup, ceux qui ont trop.
                                                         *
Faut-il croire que tous ceux qui voyagent en première classe ont réussi. Ce qui est sûr c’est qu’en seconde classe il n’y a pas que ceux qui ne sont rien (comme dit l’autre). Le jeune étranger devant moi quand se présentent les contrôleurs fait semblant de ne pas comprendre le français ni l’anglais tout en disant être monté à Rouen et non pas au Havre (je sais qu’il n’en est rien). Cet homme qui a peu, n’a pas le droit de voyager gratuitement contrairement à la Sénatrice ou au Député qui ont réussi et ont plus qu’assez.
                                                         *
Une main tenant un téléphone à l’intérieur de la rame du métro, le reste à l’extérieur. Il faut faire quelque chose. Lui et moi tirons sur la porte. La fille va s’asseoir en se frottant le poignet.
                                                         *
L’aveugle au comptoir de Café du Faubourg : « Payez-vous s’il vous plaît ! »
                                                         *
Que de monde au Palais de Pékin, des familles, des collègues, des couples, des trios et des duos. Une jeune fille a invité sa grand-mère.
-Tu veux une bière ? lui demande-t-elle.
Mère-grand préfère l’eau de la carafe.
-Tu fais quoi le ouiquennede, tu restes à l’appart ?
Ben oui. Elle va se resservir une fois de trop.
-Tu ne vas plus savoir bouger, c’t’aprem, lui dit sa petite-fille, en qui je reconnais une Belge.
                                                         *
J’ai choisi une table proche du ventilateur. « Trente à Paris, c’est trop », me dit la restauratrice. Je l’approuve.
                                                          *
Tous les couples d’homosexuels ont une vieille copine avec qui ils vont au restaurant (à moins que ce soit la mère de l’un d’eux).
                                                          *
Des branlotines chez Book-Off.
L’une : « Pour un million d’euros, tu pourrais tuer quelqu’un ? »
Une autre : « Tu veux dire l’une d’entre nous ? »
                                                          *
Parmi les livres à un euro rapportés de la capitale : Lettres d’amour de Robert et Clara Schumann (Buchet/Chastel) et Aimer David d’Alain Jouffroy (Terrain Vague/Losfeld), ce dernier avec un envoi de l’auteur à Denise Cabelli « merci et de grand cœur ». Et puis, à cinq euros : D’un moi à l’autre (Une traversée du siècle) de Massin (Albin Michel).