Proust pèse lourd dans mon sac quand d’un coup de métro je rejoins Ledru-Rollin. Je vais d’abord au marché d’Aligre où l’antiquaire aux livres déstockés est de nouveau présent avec ses deux rabatteurs. Cette fois, tout est à un euro. Une aubaine dont je profite, trouvant là notamment une vieille édition de mil neuf cent cinquante-trois des Lettres de la maison des morts de Julius et Ethel Rosenberg (Gallimard) dont les pages n’ont pas été coupées.
Je passe ensuite chez Emmaüs faire don des quatre livres refusés par Book-Off puis entre dans mon Péhemmu chinois préféré.
-Alors, on change ou on change pas ? me demande la gentille serveuse.
-On change pas.
Elle me récite mon menu : « harengs pommes à l’huile, confit de canard pommes sautées salade, avec un quart de côtes-du-rhône et un café ».
C’est une belle journée d’été bien chaude. Tout en mangeant, j’observe par la vitre les jolies Parisiennes dans leurs tenues sexy. Elles ne les portent pas avec autant d’assurance que les filles de Montpellier. C’est le premier jour des soldes. Une femme blonde arpente la rue en répétant d’une voix de stentor « Ils vont dépenser leur pognon comme des moutons ».
A l’issue de mon repas, j’entre dans le second Book-Off où parmi les romans à un euro, magie des livres mal classés, je trouve Journal d’une crise suivi de Correspondance de concert de Glenn Gould (Fayard).
La chaleur me déconseillant de faire davantage d’efforts, je vais lire à l’ombre, dans le port de l’Arsenal, le Points/Seuil Notre Guerre (Journal de Résistance 1940-1945) d’Agnès Humbert, historienne d’art prisonnière des nazis pour son implication dans le réseau du Musée de l’Homme, l’un des livres achetés au vide grenier de la Butte aux Cailles.
Après qu’il m’eût été dit que l’administration n’allait pas me nourrir d’aspirine. Frau Vicom me donna un bon coup de poing dans l’estomac et me voilà partie en vol plané dans l’escalier… ayant pu m’accrocher à la rampe à moitié de l’étage, je n’ai pas eu de mal et il m’a été possible de méditer, pendant le restant de la journée, sur le traitement de la grippe en Allemagne.
Près de moi, un quadragénaire félicite un sexagénaire pour ses écritures :
-L’histoire que tu m’as racontée deux cents fois de Roland Garros avec la caméra qui revient sur la tante Hélène, je trouve que tu l’as écrite vraiment bien, avec légèreté.
*
De plus en plus de trottinettes électriques en libre-service sur les trottoirs et personne pour les utiliser ? Si, deux pré-branlotins dans le port de l’Arsenal. Ils font avec elles des dérapages contrôlés qui laissent des traces de pneu sur le sol.
*
En ce jour de grève, les barrières à Morin sont en fonction pour le seize heures vingt-huit qui va à Rouen. La voix enchaîne les messages anxiogènes : pas question de revenir en arrière une fois entré dans la zone, pas moyen de se faire accompagner dans la zone.
Ainsi, par la faute du Duc de Normandie, les vieux parents et les femmes enceintes ne peuvent plus avoir l’aide de leur famille pour s’installer dans le train.
*
Le dix-sept heures quarante-huit est en libre accès. C’est un Corail et il est climatisé. De plus, il part à l’heure. Les mêmes qui le matin, voulant encore dormir ou déjà travailler, demandent aux bavards de faire moins de bruit, au retour jouent bruyamment aux cartes, après la journée de labeur faut bien se détendre. Rien ne peut m’empêcher de lire.
Je passe ensuite chez Emmaüs faire don des quatre livres refusés par Book-Off puis entre dans mon Péhemmu chinois préféré.
-Alors, on change ou on change pas ? me demande la gentille serveuse.
-On change pas.
Elle me récite mon menu : « harengs pommes à l’huile, confit de canard pommes sautées salade, avec un quart de côtes-du-rhône et un café ».
C’est une belle journée d’été bien chaude. Tout en mangeant, j’observe par la vitre les jolies Parisiennes dans leurs tenues sexy. Elles ne les portent pas avec autant d’assurance que les filles de Montpellier. C’est le premier jour des soldes. Une femme blonde arpente la rue en répétant d’une voix de stentor « Ils vont dépenser leur pognon comme des moutons ».
A l’issue de mon repas, j’entre dans le second Book-Off où parmi les romans à un euro, magie des livres mal classés, je trouve Journal d’une crise suivi de Correspondance de concert de Glenn Gould (Fayard).
La chaleur me déconseillant de faire davantage d’efforts, je vais lire à l’ombre, dans le port de l’Arsenal, le Points/Seuil Notre Guerre (Journal de Résistance 1940-1945) d’Agnès Humbert, historienne d’art prisonnière des nazis pour son implication dans le réseau du Musée de l’Homme, l’un des livres achetés au vide grenier de la Butte aux Cailles.
Après qu’il m’eût été dit que l’administration n’allait pas me nourrir d’aspirine. Frau Vicom me donna un bon coup de poing dans l’estomac et me voilà partie en vol plané dans l’escalier… ayant pu m’accrocher à la rampe à moitié de l’étage, je n’ai pas eu de mal et il m’a été possible de méditer, pendant le restant de la journée, sur le traitement de la grippe en Allemagne.
Près de moi, un quadragénaire félicite un sexagénaire pour ses écritures :
-L’histoire que tu m’as racontée deux cents fois de Roland Garros avec la caméra qui revient sur la tante Hélène, je trouve que tu l’as écrite vraiment bien, avec légèreté.
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De plus en plus de trottinettes électriques en libre-service sur les trottoirs et personne pour les utiliser ? Si, deux pré-branlotins dans le port de l’Arsenal. Ils font avec elles des dérapages contrôlés qui laissent des traces de pneu sur le sol.
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En ce jour de grève, les barrières à Morin sont en fonction pour le seize heures vingt-huit qui va à Rouen. La voix enchaîne les messages anxiogènes : pas question de revenir en arrière une fois entré dans la zone, pas moyen de se faire accompagner dans la zone.
Ainsi, par la faute du Duc de Normandie, les vieux parents et les femmes enceintes ne peuvent plus avoir l’aide de leur famille pour s’installer dans le train.
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Le dix-sept heures quarante-huit est en libre accès. C’est un Corail et il est climatisé. De plus, il part à l’heure. Les mêmes qui le matin, voulant encore dormir ou déjà travailler, demandent aux bavards de faire moins de bruit, au retour jouent bruyamment aux cartes, après la journée de labeur faut bien se détendre. Rien ne peut m’empêcher de lire.